DONDICOL Eugène, Pierre (DANDICOL dit)

Par Michel Dreyfus, Jacques Girault, Justinien Raymond

Né le 1er février 1874 à Bordeaux (Gironde), mort en novembre 1933 ; employé de commerce ; imprimeur ; comptable ; syndicaliste CGT puis CGTU ; militant socialiste de la Gironde et de la Seine ; membre du comité directeur du Parti communiste naissant puis militant socialiste-communiste.

Eugène Dondicol
Eugène Dondicol

Eugène Dondicol fut un des premiers militants du socialisme à Bordeaux et dans la Gironde et un de ceux qui portèrent la propagande dans les milieux ruraux. Employé de commerce, il adhéra au syndicat de sa profession en 1893 en même temps qu’au POF qui alors constituait tout le socialisme girondin. Il fut délégué aux congrès d’Épernay (1899) et d’Ivry (1900). À partir du congrès de la salle Japy à Paris (1899), les divisions gagnèrent la Fédération girondine. Dondicol la représenta au IIe congrès général des organisations socialistes et aussi au congrès international à Paris, salle Wagram (1900). Le 7 octobre 1900, il rendit compte de sa double mission devant l’Agglomération bordelaise du POF. Il s’agissait d’approuver ou de condamner le retrait du POF du congrès de Wagram et du comité général des organisations socialistes. Dondicol fut de la majorité girondine (48 voix contre 39) qui condamnèrent le retrait : alors, il travailla à constituer une Fédération socialiste autonome qui rompit avec le POF et maintint son affiliation au comité général. Il devint le secrétaire de l’Agglomération socialiste bordelaise, indépendante du POF et mena une active propagande. En 1902, avec sa Fédération, il adhéra au PSF. Le 1er août 1903, à la veille du congrès de la Fédération girondine du POF, Dondicol soutint à l’Alhambra de Bordeaux une controverse avec J. Guesde, Dejeante et P. Constans.

Militant connu, orateur populaire, Eugène Dondicol fut souvent désigné pour les compétitions électorales. En 1900, il fut élu conseiller municipal socialiste de Bordeaux sur une liste de coalition avec les radicaux en compagnie de six autres socialistes dont C. Carmelle et Marcel Cachin*. En 1904, la scission ayant fait son œuvre, Dondicol fut battu sur une liste de coalition du PSF et des radicaux. Son élection de 1900 avait été suivie de brimades patronales et il fut contraint de quitter Bordeaux : il gagna Lille où, pendant trois ans, il fut rédacteur au Réveil du Nord.

Après son retour à Bordeaux, Eugène Dondicol participa à l’œuvre d’unité. Il fut délégué au congrès de fusion de la salle du Globe à Paris (avril 1905). Le 4 juin 1905, au congrès constitutif de la Fédération socialiste SFIO de la Gironde, Dondicol fut nommé à sa commission exécutive et en exerça le secrétariat après Dréan-Chapel et avant Marquet. Il participa intensément à la vie fédérale et nationale du Parti socialiste. Il fut délégué au congrès de Nancy (août 1907) où il préconisa l’adhésion au principe de la grève générale révolutionnaire pour réaliser une condition d’entente avec la CGT ; au congrès de Toulouse (octobre 1908) où il se préoccupa de la conquête des masses paysannes ; au congrès de Saint-Étienne (avril 1909) où il souhaita, pour le second tour des élections, le désistement pour les radicaux ; aux congrès de Nîmes (février 1910), de Saint-Quentin (avril 1911), et de Lyon (février 1912) où il regretta l’attitude de Compère-Morel* et de Ghesquière, à la Chambre, vis-à-vis de la CGT. Dans les années 1907-1911, il participa aux campagnes contre la vie chère, contre la loi sur les retraites ouvrières et contre la guerre. Candidat aux élections législatives dans la 2e circonscription de Bordeaux, Dondicol obtint 1 429 voix en 1906 et 3 501 en 1910 et, cette dernière année, 1 198 voix pour le conseil d’arr. dans le 4e canton de Bordeaux. En 1919, il fut élu au conseil municipal de Bordeaux sur une liste de RP avec douze autres socialistes.

Mobilisé en 1914, Dondicol perdit la situation indépendante qu’il s’était créée comme imprimeur. En 1916, il fut blessé dans la Somme et réformé en 1917. Il devint alors comptable à la Fédération nationale des Cheminots et se fixa à Paris.

Militant de la XIe section, il fut désigné comme candidat aux élections législatives du 16 novembre 1919 dans la 2e circonscription de la Seine (Ier, IIe, IIIe, IVe, XIe, XIIe et XXe arr.). Quatrième sur la liste de douze candidats socialistes, derrière les trois élus, P. Boncour*, L. Blum*, et P. Dormoy*, Dondicol recueillit 48 317 voix sur 221 132 inscrits et une moyenne socialiste de 48 707 suffrages. Il ne fut pas élu. Le congrès de Strasbourg (février 1920) l’élut membre suppléant de la CA de l’Humanité.
L’Humanité
du 26 octobre 1920 le qualifiait de « secrétaire du Comité minoritaire des syndicats de la Seine ». Dondicol, de la 11e section, avait été réélu à la commission exécutive de la Fédération socialiste de la Seine, en avril 1920, sur la liste des partisans de la reconstruction de l’Internationale, mais il quitta ce courant fin octobre 1920 pour se rallier au Comité de la IIIe Internationale et, à ce titre, signer la motion Cachin*-Frossard*. La Fédération de la Seine le délégua au congrès de Tours (décembre 1920), à l’issue duquel, le 30 décembre 1920, il entra au Comité directeur. Le 4 janvier 1921, la fonction de trésorier lui fut confiée. Il rencontra, avec Frossard secrétaire général, les dirigeants socialistes le 10 janvier pour discuter du devenir de l’Humanité et des autres biens du Parti socialiste.
Désigné à nouveau comme membre du Comité directeur au congrès de Marseille (décembre 1921), il se situait dans la fraction du centre droit. Le CD réuni le 4 juillet 1922 le désigna à la commission chargée d’élaborer les textes pour le congrès national de Paris, à l’exception de la résolution syndicale. En août 1922, Dondicol vota la motion Daniel Renoult* sur le front unique. Le mois suivant il présenta avec le même Renoult une motion sur les syndicats, opposée à celle de Rosmer. Pour le congrès de Paris (octobre 1922) il signa le rapport financier.

Selon Humbert-Droz représentant de l’Internationale communiste en France, Dondicol avait quitté en décembre 1922 le groupe Renoult pour rejoindre les « Résistants ». Le 16 janvier 1923, H. Droz indiquait qu’il était parvenu à entrer au Comité d’action contre l’occupation de la Ruhr par le biais de la CGTU. En effet l’Humanité du 13 janvier 1923 annonçait qu’il était parmi les quatre militants désignés pour remplacer les dirigeants de la CGTU incarcérés. Cinq jours plus tard l’Humanité annonçait son exclusion comme signataire de la déclaration du Comité de défense communiste. Une correspondance entre Marcel Cachin* emprisonné à la Santé et l’Internationale indique l’enjeu de l’élection de Dondicol à la place de Gaston Monmousseau incarcéré. Cachin écrivait le 26 février 1923 : « l’élection de Dondicol a indiqué l’état d’esprit inquiétant d’une fraction importante des syndicats ». L’Internationale expliquait : « À notre avis, l’élection même temporaire, de Dondicol à la place de Gaston Monmousseau, au poste de secrétaire de la CGTU constitue le plus grave danger », Frossard essaye « de prendre sa revanche sur le terrain syndical après sa défaite dans le mouvement politique », les militants devraient faire « tout leur possible pour empêcher la bande à Frossard d’approcher la CGTU » (Arch. I.M.Th., bobine n° 39).

Eugène Dondicol milita effectivement au Parti communiste unitaire qui regroupa autour de L.-O. Frossard les « Résistants » ; bientôt cette organisation fusionna avec une première dissidence du Parti communiste, constituée elle dès le 24 décembre 1922 : l’Union fédérative des travailleurs socialistes révolutionnaires de France. Le congrès d’unification des deux organisations se tint à Boulogne le 29 avril 1923 et il en résulta une nouvelle organisation, l’Union socialiste-communiste dont l’organe était le journal L’Égalité. Eugène Dondicol s’exprima plusieurs fois dans les colonnes de ce journal, spécialement sur les questions syndicales.
Cependant l’Union socialiste-communiste connut une grave crise lors des élections législatives de 1924 qui se solda notamment par le retour de L.-O Frossard à la SFIO. Eugène Dondicol de son côté resta à l’Union socialiste-communiste. Pour les élections législatives du 11 mai 1924 il se présenta au troisième rang de la liste d’Union socialiste et ouvrière du troisième secteur de la Seine. Cette liste réunissait des socialistes SFIO dont Bracke tête de liste et des socialistes-communistes : « Il n’a pas tenu à nous que ceux qui se réclament du Parti communiste ne fussent avec nous dans cette union nécessaire. Ils ont repoussé l’invitation que nous leur avions adressée sans conditions » (profession de foi). Dondicol était présenté comme « un partisan farouche de l’unité organique de la classe ouvrière ». Sur 229 785 inscrits, 201 612 votants et 198 996 suffrages exprimés, les membres de la liste d’Unité socialiste et ouvrière recueillirent : Bracke 13 119 voix, Mouret 12 454, Meric 10 951, Graziani 10 550, Lazurick 10 457, Zyromski 10 420, Dondicol 10 406, Farinet 10 374, Boisserie 10 344, Osmin 10 307, Trimouille 10 198, Gendron 10 172 et Heckenmeyer 10 088 voix.

Selon un article qui fut publié à sa mort dans le journal de Compère-Morel*, L’Appel, une fois exclu du Parti communiste, Eugène Dondicol se serait consacré à la défense des mutilés et des victimes de la guerre à Paris et aurait été secrétaire « d’une grande association d’anciens combattants » — sans doute l’Association républicaine des anciens combattants. Ce qui est certain c’est que pendant un certain temps il appartint à l’Union socialiste-communiste et s’exprima régulièrement dans son nouvel organe, le Bulletin de l’Union socialiste-communiste, notamment en ce qui concerne les questions syndicales ; dans les colonnes de cet organe il prit nettement position en faveur de l’unité syndicale jusqu’en octobre 1925. Il fut également élu au Comité central de cette organisation lors de son congrès national le 15 novembre 1925.

Il semble que son activité se soit considérablement réduite à partir de cette date et à partir de 1926 son nom n’apparut plus dans les colonnes du Bulletin de l’Union socialiste-communiste. En novembre 1931, le commissaire spécial de Bordeaux signalait que Dondicol venait d’être rayé du Carnet B. Affaibli, solitaire et « complètement paralysé » il se retira, à Langon, chez le député socialiste Gabriel Lafaye, député où il trouva aide et assistance. Selon l’Appel « il approuvait l’attitude de ceux qui fidèles à la tradition de Jaurès dont il fut l’un des disciples ne veulent pas séparer la République du socialisme » ; en d’autres termes il aurait approuvé dans ses derniers mois l’action du Parti socialiste de France, — Union Jean Jaurès et des « néo-socialistes ». Il mourut à la mi-novembre 1933 et ses obsèques eurent lieu le 18 novembre 1933.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3305, notice DONDICOL Eugène, Pierre (DANDICOL dit) par Michel Dreyfus, Jacques Girault, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 25 septembre 2022.

Par Michel Dreyfus, Jacques Girault, Justinien Raymond

Eugène Dondicol (1921)
Eugène Dondicol (1921)
cc Agence Meurisse
Eugène Dondicol
Eugène Dondicol

ŒUVRE : Dondicol collabora au Semeur, hebdomadaire de la Fédération girondine du PSF publié de 1902 à 1905, au Cri du Peuple, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO (1907-1913) au Réveil du Nord à Lille, à l’Égalité, journal de l’Union socialiste-communiste (1923-1924) et au Bulletin de l’Union socialiste-communiste (1924-1925).

SOURCES : Arch. Nat. F7/12992, F7/13261. — Arch. Dép. Gironde série M (diverses manifestations). — Arch. Ass. Nat., résultats électoraux. — Arch. I.M.Th., bobines n° 28, 29, 39. — Arch. J. Zyromski (CRHMSS), élections de 1924. — J. Humbert-Droz, Origines et débuts des Partis communistes des pays latins, 1919-1923, op. cit., p. 434. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 127 à 150, passim et Les Fédérations socialistes III, p. 155. — Comptes rendus des congrès nationaux. — Le Congrès de Tours, édition critique, op. cit. — L’Égalité, organe du Parti communiste unitaire (puis) de l’Union socialiste-communiste, janvier 1923-avril 1924. — Bulletin de l’Union socialiste-communiste, 1924-novembre 1925, passim. — « La mort d’Eugène Dondicol » l’Appel, samedi 18 novembre 1933, n° 33. — L’Humanité, 1er janvier 1922.

ICONOGRAPHIE : Les Fédérations socialistes, II, op. cit., p. 122.

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