DORDÉ Edmond, Édouard

Par René Lemarquis

Né le 24 juin 1878 à Paris ; cheminot révoqué en 1920, puis employé municipal à Troyes ; militant syndicaliste, communiste puis « Ami du Rappel » de l’Aube.

Dordé milita avant 1914 à la Fédération socialiste de l’Aube à laquelle il adhéra en 1908. Il fonda la section socialiste de Nogent-sur-Seine dont il fut secrétaire ainsi que le syndicat des cheminots dont il devint secrétaire général. Il présidait également la société coopérative « La Nogentaise » après avoir participé à sa fondation. Son activité syndicale s’étendait à d’autres corporations puisqu’il créa les syndicats du Bâtiment, des brossiers, des ouvriers agricoles (il parvint à grouper 95 % de cette corporation dans la région de Nogent).
Edmond Dordé participa activement à la grève des cheminots en mai 1920 et fit arrêter le train rapide Paris-Troyes à Nogent. Il signait alors fréquemment des articles dans la Défense des travailleurs sous le pseudo Edrod. Révoqué à la suite de ce mouvement, traqué par la réaction nogentaise, il entra dans l’administration municipale de Troyes comme chef cantonnier et devint délégué régional du syndicat unitaire des communaux.
Dordé fut régulièrement délégué aux conférences ou congrès de la Fédération de l’Aube du PS puis du PC auquel il se rallia en 1920. Il fut aussi délégué par la conférence fédérale du 8 mai 1921 au congrès national du PC. Devenu secrétaire fédéral adjoint du PC de l’Aube, il s’occupa particulièrement de son quotidien et devint en septembre 1921 secrétaire du comité des « Amis de la Dépêche ».
Élu le 30 avril 1922 à la commission exécutive du PC, il se présenta aux élections cantonales dans le 2e canton de Troyes où il obtint 1 513 voix. Il présida le congrès fédéral du 8 octobre 1922 et fut délégué au congrès national tenu en octobre à Paris. Il fut également élu le 16 octobre 1922 à la commission exécutive de l’UD-CGTU. En 1923 il présidait encore le congrès fédéral où il était élu secrétaire adjoint de la Fédération de l’Aube du PC et délégué au congrès national de Lyon, janvier 1924. La même année il participait aux actions menées contre l’occupation de la Ruhr.
Réélu secrétaire adjoint en mars 1924, il était appelé au secrétariat de la commission syndicale du Parti.
Coopérateur révolutionnaire. Dordé fut candidat au conseil d’administration de la coopérative « La Laborieuse » en avril 1927. Mais à la suite des polémiques avec les socialistes, il fut licencié le 1er janvier 1928 de son poste à la mairie de Troyes et le Parti communiste accusa Clévy d’avoir agi par vengeance politique. Dordé se présenta en avril 1928 aux élections législatives dans la 3e circonscription de l’Aube (Mussy), et obtint 1 778 voix, soit 9,8 % des suffrages et fut devancé par le socialiste Michaut (3 427 voix). Au second tour il se retira, mais à la conférence régionale du PC du 4 juin, Pierre Semard condamna ce retrait « faute contre la politique et la discipline du Parti ». Selon l’Humanité du 15 mai : « La région a retiré la candidature Dordé dans l’espoir, d’ailleurs déçu, que les radicaux assureraient l’élection de Plard à Troyes. »
Après avoir figuré sur la liste des candidats communistes au conseil municipal de Troyes en mai 1929, Dordé se présentait en octobre aux élections sénatoriales. Une vive polémique eut lieu à cette occasion, car si Dordé obtint 8 voix au premier tour, il n’en eut qu’une au second alors que trois membres du Parti étaient électeurs. Cette indiscipline fut condamnée publiquement par le Parti en mars 1930.
En juin 1930, Dordé candidat au conseil général dans le 3e canton de Troyes, obtint 1 090 voix contre 881 au socialiste Lemasson et 150 à Marcel Huot* du POP. Lemasson, soutenu par le Petit Troyen et bénéficiant du désistement de Marcel Huot*, maintint sa candidature au second tour et devança Dordé (avec 1 413 voix contre 1 135) mais la droite emportait le siège. Cette élection fut l’occasion d’attaques violentes de la part des socialistes contre Dordé auquel on reprocha son attitude dans la grève de 1920 et il dut réaffirmer les raisons de sa révocation.
En 1932 Dordé se rangea, comme en 1930, aux côtés de Plard. Il fut membre du bureau départemental des « Amis du Rappel » en février 1933 et du Comité central de ce groupe en décembre. C’est comme « Ami du Rappel » qu’il fut candidat aux élections cantonales d’octobre 1934 dans le 3e canton de Troyes. Ayant obtenu 858 voix au 1er tour il devançait le communiste Navoizat (830 voix) et le socialiste Jaffiol (510) qui se désistaient pour lui, assurant son succès au second tour avec 2 912 voix.
Le 21 octobre 1934 il se rendit avec Plard à Saint-Denis à la réunion convoquée par Doriot en vue de constituer un Comité de coordination des diverses oppositions.
Après les élections municipales de 1935 qui virent la victoire de Plard, devenu maire de Troyes, Dordé fut réintégré comme chef cantonnier par décision du conseil municipal du 17 octobre 1935. À la CGT réunifiée, en décembre, il devint administrateur de son organe l’Aube Ouvrière. L’assemblée des « Amis du Rappel » ayant à choisir en 1936 entre lui et Boudin préféra ce dernier comme candidat à la députation...
En 1944 le comité départemental de Libération reprocha à Dordé d’avoir accepté d’être, pendant l’Occupation, conseiller départemental et d’avoir, à ce titre, voté le 23 juin 1943 une adresse de confiance au gouvernement de Vichy et proposa au gouvernement de décider sa déchéance de conseiller général. Il discuta encore avec les « Amis du Rappel » de Troyes à l’occasion des élections municipales de 1945 mais ne fut pas candidat.
Il avait épousé la sœur du militant communiste Voillequin

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3312, notice DORDÉ Edmond, Édouard par René Lemarquis, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 20 juin 2012.

Par René Lemarquis

SOURCES : Archives départemental de l’Aube, SC4251 (Sylvain Boulouque). — La Défense des travailleurs, 1919. — Le Travailleur, 1919-1920. — La Dépêche de l’Aube, 1920-1938. — Le Rappel, 1932-1939. — L’Aube libre, 1944.

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