LAGRANGE Charles

Né le 28 février 1804 à Paris, mort à Leyde (Pays-Bas) le 22 décembre 1857 ; courtier en vins, puis commis aux Ponts et Chaussées à Lyon ; membre de la Société des Droits de l’Homme ; représentant et député en 1848.

Charles Lagrange
Charles Lagrange

Bien qu’il s’agisse d’un personnage fréquemment évoqué, les informations varient quelque peu selon les sources. Connu pour sa bravoure, dans les milieux républicains et libéraux de la capitale, dès 1825, Charles Lagrange était représentant en vins ou même courtier en vins lorsqu’éclata la révolution de 1830. Il y prit part. Son dossier de la Cour de pairs cite ses états de service dans la Marine. Membre de la Société des Droits de l’Homme, il était à Lyon en avril 1834, commis chef de bureau aux Ponts et Chaussées, dit ailleurs dessinateur, demeurant 4, rue Pisay à Lyon. Selon des témoins, Lagrange aurait conseillé d’ajourner les combats et attendre « une plus grande diffusion des lumières ». Il prétendit aussi n’avoir participé qu’à la « Société des Progrès », qui était déjà dissoute 8 mois avant l’insurrection. Au cours des journées insurrectionnelles d’avril 1834, il aurait dirigé l’action d’une colonne de canuts contre la troupe. Arrêté le 9 juillet 1834, après s’être vu refuser la défense du républicain Kauffmann et obtenu celle de l’avocat Dupont, il fut condamné à 20 ans de détention et à la surveillance à vie. Sans que l’on connaisse ni la date ni les circonstances, il s’évada mais fut repris. Sans doute pour cette tentative, il n’aurait été amnistié qu’en 1839 et continua de faire de la propagande républicaine, ouvertement ou clandestinement, dans la région lyonnaise. Selon d’autres sources, il résidait durant la monarchie de Juillet à Vienne (Isère), à mi-chemin entre Lyon et Saint-Étienne et Cabet lui aurait fait parvenir en 1838 un jeu d’épreuves des premiers chapitres de son Voyage en Icarie.

Rédacteur à La Réforme, créée le 29 juillet 1843, et, à l’occasion, chargé de recruter des abonnés en province, Charles Lagrange se trouvait le 23 février 1848 dans la foule qui ramena les morts du boulevard des Capucines vers la Bastille. Le 24 février, il était aux Tuileries. C’est lui qui lut l’acte d’abdication de Louis-Philippe. En 1848, il figurait en compagnie de Marc Caussidière*, Étienne Cabet*, René de Kersausie*, Pierre Leroux* et Pierre-Joseph Proudhon* sur une liste commune de socialistes et communistes. Élu député de la Seine aux élections complémentaires du 4 juin 1848, il fut dépassé par l’action ouvrière lors des Journées des 23-26 juin, mais se dépensa ensuite pour obtenir l’amnistie. Son discours sur l’amnistie qu’il prononça le 24 décembre 1848, à l’Assemblée nationale, fut édité en brochure et vendu par la Solidarité républicaine au profit des familles des transportés.

Élu à la Législative en 1849, Montagnard, Lagrange signa l’appel des parlementaires du Comité central des Associations démocratiques et corporatives ouvrières pour « renforcer la phalange décimée des Représentants de la République démocratique » (voir Gambon Charles*) et fut l’un des 65 députés républicains expulsés le 2 janvier 1852 pour leur résistance au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33137, notice LAGRANGE Charles , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 5 août 2019.
Charles Lagrange
Charles Lagrange
Lagrange brandissant et montrant l’acte d’abdication de Louis-Philippe.
Coll. Musée d’histoire vivante.

SOURCES : Cour des pairs, Affaire du mois d’avril 1834. Rapport fait à la Cour des pairs par M. Girod (de l’Ain), Imprimerie royale, Paris, 1834-1836, vol. 6,11. — Tableau synoptique des accusés d’avril jugés par la cour des pairs établi par Marc Caussidière, Lyon, imprimerie de Boursy fils, 1837, Arch. Nat. BB 30/294, Bibl. Nat. in-4° Lb 51/24984. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 559 d 2 n° 553. — Profils critiques et biographiques des 900 représentants du Peuple, par un vétéran de la presse, Paris, Garnier frères, 3e éd. 1848. — J. Dautry, 1848 et la IIe République, Paris, Éditions Sociales, 2e édition, 1957. — Jacques Grandjonc, Communisme/ Kommunismus/ Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 410, 418. — Notes de J. Grandjonc, J. Risacher, R. Shapira et R. Skoutelsky.

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