LEBOIS René-François

Né vers 1769 à Paris, imprimeur-libraire.

René-François Lebois se fit d’abord connaître comme pamphlétaire à partir d’août 1789. Militant des premiers jours de la Révolution, il est l’un des "vainqueurs de la Bastille" et membre de la Garde nationale.
Il ne figure pas parmi les 401 vainqueurs de la Bastille énumérés dans la presse le 4 novembre 1832 et qui perçoivent 500 francs au titre de cette année. Faisons gagner à la loterie de la gloire : Aagut, Jean-Jacques Godefroy ; Bougarelle, Yves Louis ; Bouzindorffer, Nicolas ; Umbdenstock, Mathias.

Suspendu en août-sept. 1790, René-François Lebois devint directeur de l’imprimerie du Journal universel de P.-J. Audouin. Il se mit à son compte comme imprimeur vers 1792. Il intitula sa boutique, en 1793, Imprimerie de l’Ami des Sans-Culottes, surnom qu’il se donnait. Elle se trouvait, 72 et 73, rue Zacharie, près la rue Saint-Séverin. Plus tard, en 1795, elle fut installée rue de la Sorbonne.
Lebois était membre du comité civil de la section Chalier à partir de juin 1793 et de la Société des Sans-culottes révolutionnaires du 31 mai.
Le 29 fructidor an II (15 septembre 1794), Lebois lançait un nouvel Ami du Peuple rédigé par le conventionnel montagnard Chasles. L’Ami du Peuple de Chasles et Lebois défendit jusqu’à la fin de l’année 1794 les positions les plus rigoureusement démocratiques sur le plan politique et les revendications égalitaires sur le plan social, alors que Babeuf n’avait pas encore ressaisi, comme il l’imprimera lui-même, « le foudre de vérité ». Puis les deux hommes se brouillèrent et Lebois, qui n’avait rien d’un journaliste, se fit flouer par un libelliste royaliste, connu depuis les romans historiques d’Alexandre Dumas, Ange Pithou.
Lebois n’en continua pas moins de professer des idées égalitaires et de le prouver, quand il y avait danger à le faire, par des publications de brochures et de journaux, subissant rudement de surcroît la répression. Il avait le goût des titres très longs. Ainsi pour une brochure de la fin de 1795 de huit pages in-8° : Le Directoire exécutif traité comme il le mérite par le peuple malheureux ; ou Pétition des ouvriers, rentiers, pensionnaires, marchands en gros et en détail, manufacturiers, commis et employés de la République et fonctionnaires publics au Gouvernement, où il protestait contre « la fureur de s’enrichir » survenue après le 9 thermidor et la corruption qui s’ensuivit, contre les incarcérations arbitraires, etc... et où il disait : « Ce n’est plus le pain qui manque, mais ce sont les travaux », adjurant les gouvernants de « rendre au commerce son antique splendeur, aux ateliers et aux manufactures leur activité ».
Lebois fut encore et surtout l’imprimeur courageux qui, pendant le procès de Vendôme, fit connaître les derniers écrits, les ultimes lettres de Babeuf. Quelques jours après l’échafaud de Vendôme, il nomma dans un nouvel avatar de L’Ami du Peuple Babeuf et Darthé « deux nouveaux martyrs de la liberté ».
Proscrit au lendemain du coup d’État du 18 brumaire (nov. 1799), Lebois fut condamné à la déportation le 4 janvier 1801. Détenu à l’île d’Oléron jusqu’en mars 1804 puis transféré à Cayenne, il disparaît.
Lebois fut certainement un « communiste » peu conséquent. Il semblait à ses adversaires l’être suffisamment pour que l’un d’eux lui adressât comme gentillesse un « Mort aux égalistes », en l’an III.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33533, notice LEBOIS René-François , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 11 août 2022.

SOURCES : Le Courrier français  ; La France Nouvelle. Journal de Paris et des départemens ; Messager des chambres. Journal des villes et des campagnes, 4 novembre 1832.Henri Welschinger, Le Journaliste Lebois et « l’Ami du Peuple » (an III-an VIII), tiré à part de la revue Le Livre (n° du 10 décembre 1885). — Claude Pichois et Jean Dautry, Le Conventionnel Chasles et ses idées démocratiques, Aix, 1958. - Data BnF [en ligne].

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