LECOMTE Minor, Christophe

Né le 3 juillet 1813 à Quimper (Finistère) ; ouvrier peintre à Paris, puis fabricant de couleurs ; membre de sociétés républicaines, puis secrètes ; quarante-huitard ; néo-babouviste.

Fils de Armand Lecomte et Thérèse Legros, frère de Henry Lecomte*. Il était membre de la section « Marcus Brutus » de la Société des Droits de l’Homme (IIIe arr.). En 1837, il épousa la veuve de Pépin*, complice du régicide Fieschi*, condamné à mort et exécuté en février 1836. Elle était épicière, 1, rue du Faubourg-Saint-Antoine VIIIe arr., maintenant XIIe), et il s’y établit marchand et fabricant de couleurs. Elle avait déjà plusieurs enfants. Demeurant 6, petite rue du Bac (Xe arr., maintenant rue Dupin, VIe), il fut poursuivi en mars-avril 1836 pour « exposition en public d’un symbole destiné à propager l’esprit de rébellion et à troubler la paix publique ». Il devait s’agir du dépôt de couronnes, le 28 février 1836, sur les tombes de Pépin et Morey, dépôt pour lequel il fut acquitté. Il demeurait alors 15 rue Traînée (IIIe arr., maintenant rue Rambuteau, IIe). Il serait passé en jugement en novembre pour association illicite. Libéré le 13 janvier 1837, il fut de nouveau écroué le 23 février suivant pour avoir porté des couronnes sur les tombes de Pépin et Morey*, les deux coïnculpés de Fieschi et fut jugé en juin. Aurait-il réitéré la cérémonie du 28 février 1836 ? Il était encore porté célibataire sur le registre d’écrou.
Lié à la Société des Saisons et aux milieux néo-babouvistes, il participait à l’impression clandestine du Moniteur républicain et de l’Homme Libre avec entre autres Boudin* et Fombertaux* Arrêté en septembre 1838 pour la publication de l’Homme Libre, il comparut au procès du Moniteur républicain et fut condamné le 12 juin 1839 à cinq ans de prison et cinq ans de surveillance pour délit de presse. Il fut incarcéré au Mont-Saint-Michel du 28 octobre 1839 au 11 juin 1844, peine accomplie.
Il se révéla orateur fougueux des clubs de 1848, ce qui lui valut deux mois de détention préventive à la suite des Journées de Juin. Il appartenait alors à la franc-maçonnerie.
Combattant de Février, il avait fondé le Club des Quinze-Vingts avec Defer* et Schumacher* (qui avait conduit la manifestation des gardes nationaux de la VIIIe légion sur le boulevard des Capucines), mais il quitta le club quand les partisans d’Étienne Cabet* y dominèrent.
Le 15 mai, il avait amené à la manifestation des hommes des ateliers nationaux qu’il était allé débaucher sur le chantier des Partants, à Belleville. Délégué des détenus politiques, il avait rendu visite à Guinard* le 23 juin au matin pour s’informer de l’état de la distribution des secours. Quand il rentra à son domicile, une barricade était formée en face. Désireux de rester neutre, il quitta Paris avec sa famille pour sa maison de campagne, rue du Retrait, à Belleville, jusqu’au 25 au matin. Puis il gagna Soignolles-en-Brie (Seine-et-Marne) où il fut arrêté le 30. Pendant le combat, sa maison avait été bombardée et grandement abîmée. Il était cependant revenu le 23, dans l’après-midi, de Belleville pour dire à son commis d’ouvrir aux insurgés pour qu’ils n’enfoncent pas la devanture et de leur donner ce qu’ils demanderaient. C’est ainsi que ceux-ci reçurent une grande quantité d’essence et d’huile, d’alcool, de soufre et de salpêtre, et il n’est pas impossible que Lecomte soit resté jusqu’au 25 à Paris. Un écrit trouvé chez Defer indiquait à Lecomte et à trois autres un rendez-vous chez Grandmesnil,* rue Hautefeuille ; « sans doute le rendez-vous du 22 ou 23 au matin », dira le magistrat instructeur, qui y voyait l’origine de l’insurrection. Mais cette version ne fut pas suivie et Lecomte fut libéré dès le début de septembre 1848.
Délégué du VIIIe arrondissement au Comité démocrate socialiste, il en démissionna, et son domicile devint un rendez-vous de la Chaîne des Martyrs. Il aurait présidé des conciliabules dans une maison de la Chaussée-Ménilmontant, puis rue de Calais, dans l’ancienne maison des saint-simoniens, en compagnie de divers représentants montagnards et de révolutionnaires de Belleville et de Paris. Arrêté le 2 décembre 1851 au matin, par mesure de précaution, il fut expulsé. Voir Carpentier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33611, notice LECOMTE Minor, Christophe , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 mai 2022.

SOURCES : Arch. Min,. Guerre, A 7148, B 359. — Arch. Dép. Paris (Seine), DQ 19/607, n° 3684 ; registres d’écrou, DY/4 31-1209 ; DY/8 9-2592 ; DY/4 35- 4810 ; DY/4 11-3708. — Arrêt rendu par la cour d’assises de la Seine qui condamne les accusés Boudin, Fombertaut, Guillemin, Lecomte et Joigneau... Prononcé de l’arrêt, Paris, [1839]. — E. L’Hommedé, Le Mont-Saint-Michel, prison politique sous la monarchie de Juillet, Paris, Boivin, 1932. — Ph. Matthey, Les membres des sociétés secrètes républicaines parisiennes sous la monarchie de Juillet, mémoire de maîtrise sous la direction de Philippe Vigier, Paris X, 1986. — Gazette des Tribunaux, 5 mai 1836. — Notes de P.-J. Derainne, J. Grandjonc et J. Risacher.

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