LE GOFF René, Marie (écrit aussi LEGOFF René, Marie)

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

Né vers 1800 à Vannes (Morbihan) ; ouvrier typographe à Paris ; membre de Société des Droits de l’Homme, des sociétés des Familles et des Saisons. Communiste matérialiste.

Si l’on en croit Victor Bouton, qui n’apporte pas beaucoup d’éléments et ne précise pas qu’il s’agit bien du typographe, la vie politique agitée de Legoff commença à l’époque des Quatre sergents de la Rochelle et il participa ensuite à tous les combats démocratiques de la monarchie de Juillet (Voir Jean-François Bories*). Il fut en tout cas membre de la section « Cordeliers » de la Société des Droits de l’Homme. Demeurant 4, rue de Fourcy puis 20, rue Saint-Paul (IXe arr., maintenant IVe), dans le cadre de l’enquête sur les journées insurrectionnelles d’avril, il fut écroué à La Force, le 10 mai 1834, transféré à Sainte-Pélagie le 15 juin, et libéré le 20 décembre, par un non-lieu. Il a été une nouvelle fois écroué à La Force, le 1er septembre 1835, pour provocation à la révolte et à la désobéissance aux lois, sans doute toujours dans le même cadre, puisqu’il fut libéré le 18 septembre sur ordonnance de la Chambre des pairs.
Il appartint à la Société des Familles et à la Société des Saisons, mais son parcours n’est pas très clair. Dans les dossiers constitués à propos de l’attentat du 27 décembre 1836 (affaire Meunier*), il existe des copies de dossiers concernant des individus renvoyés devant la juridiction ordinaire comme inculpés d’être affiliés à des sociétés secrètes. Il y figure avec, entre autres, Jean Wasmuth*. Il fut arrêté fin janvier 1837 et écroué le 27 à Sainte-Pélagie, condamné le 9 juin pour association illicite et possession de munitions de guerre, à 1 mois de prison. Il demeurait alors 7 bis, rue Saint-Benoît. Libéré le 8 juillet 1837, il fut condamné le même mois à dix-huit mois de prison, ainsi que plusieurs autres adhérents de la Société républicaine des Saisons. Ils avaient tous encouru en premier lieu des peines limitées, de six jours à un mois de prison, mais la contrainte par corps permit au ministère public d’obtenir, en utilisant leur ignorance de la procédure, une augmentation considérable des pénalités encourues pour adhésion à un groupement illégal. Voir Jeannin*, Raymond Nénevé*, Alfred Provins*, Saint-Aubert*, Wasmuth.
Il fut parallèlement l’un des éditeurs et rédacteurs du Moniteur Républicain et de L’Homme libre en 1837-1838. (Voir Claude Boudin*).
Toujours selon V. Bouton, proche de la mouvance communiste au début des années 1840, il mettait véritablement la fraternité en pratique, il était toujours prêt à partager son lit et sa table avec celui qui n’avait ni pain, ni feu, ni lieu. Il participa également à la campagne pour la réforme électorale de 1840 et était alors un des familiers de Guinard*.
Dans le cadre de l’enquête concernant les journées insurrectionnelles de mai 1839, demeurant 45, rue Galande (XIIe arr., maintenant Ve), il fut écroué pour coalition le 12 septembre 1840 et libéré par non-lieu le 14 octobre.
Communiste matérialiste en 1841, il faisait partie, avec le relieur Mathurin Collet* d’un petit groupe prévoyant la publication d’un nouvel organe néo-babouviste opposé à Gabriel Charavay* et L’Humanitaire, intitulé Le Communautaire, dont il ne semble n’avoir paru que sous la forme d’un prospectus, non conservé, en juillet 1841.
Le personnage décrit par V. Bouton, était proche de Armand Barbès* au moment des élections d’avril 1848, lieutenant de la XIIe Légion de la Garde nationale en 1848, il prit part à l’insurrection de juin et se battit sur la barricade construite à l’entrée de la rue des Noyers (XIIe arr., maintenant Ve). Arrêté à son domicile, près de la barricade de la rue du Petit-Pont (il habitait sans doute toujours rue Galande), Legoff fut emprisonné au bagne de Brest. Il figure dans une liste de transportés publiée dans la presse du 9 août 1848.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33726, notice LE GOFF René, Marie (écrit aussi LEGOFF René, Marie) par Notice revue et complétée par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 août 2022.

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

SOURCE : Arch. Nat., BB 18 1398. — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou, DY/4 22-5265 ; DY/88-1391 ; DY/4 28-10849 ; DY/8 10-3597 ; DY/8 21-2912. — Gazette des Tribunaux, mois de juillet 1837. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 606 d 1 n° 200. — Cour des pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 709 d 5 n° 39 ; CC 742 n° 249. — Victor Bouton, Profils révolutionnaires par un crayon rouge, Paris, 1848-49, chez tous les libraires. — R. Gossez, « Presse parisienne à destination des ouvriers, 1848-1851 », La Presse ouvrière, bibliothèque de la Révolution de 1848, tome 23, 1966. — Ph. Matthey, Les membres des sociétés secrètes républicaines parisiennes sous la monarchie de Juillet, mémoire de maîtrise sous la direction de Philippe Vigier, Paris X, 1986. — Jacques Grandjonc, Communisme/ Kommunismus/ Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 497-498. — Démocratie pacifique et Courrier français du 9 août 1848. — Note de Jacques Grandjonc et de Pierre Baudrier.

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