LE GUEVEL Edmond, Jean, Augustin

Par Gauthier Langlois

Né le 13 décembre 1822 à Ploërmel (Morbihan), mort le 22 avril 1881 à Arzon (Morbihan) ; franc-maçon ; journaliste ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il se réfugia successivement à Genève, à Jersey, en Espagne et à nouveau à Genève.

Il appartenait à une famille de robe et de marchands. Son père, Jean-Marie Julien Pascal Le Guével de la Ville-es-Joux (1779-1851) était fabricant de toiles à Landivisiau, élu, le 11 mai 1815, représentant de l’arrondissement de Ploërmel à la Chambre des Cent-jours, puis avocat et avoué auprès du tribunal de Ploërmel et conseiller municipal de cette ville. Sa mère, Hyacinthe Marie Julienne Trévélo de La Ville au cours (1802-1866) était la fille d’un notaire et procureur de Josselin. Edmond, comme son père et son grand-père maternel était franc-maçon.

Edmond était l’un des rédacteurs de La Révolution (septembre-décembre 1851), journal dirigé par Xavier Durrieu. Son frère Raymond Le Guevel était le correspondant de ce journal dans le Morbihan.

Après le coup d’État du 2 décembre 1851, il réussit à s’échapper et s’exila à Genève avec sa compagne Rose (de) Sernetz. C’est là que naquit leur fille Rose Marie Julienne, née le 17 mai 1852. De Suisse ils passèrent ensuite à Jersey Intéressés par le spiritisme, les Le Guével organisèrent, entre septembre et décembre 1853, chez eux ou avec les Hugo à Marine Terrace, des séances de table tournante qui accueillaient d’autres proscrits tels que Xavier Durrieu, et occasionnellement le général Le Flô, Teleki Sándor, Vickery, le colonel Taly, Théophile Guérin et Auguste Vacquerie. Ils poursuivirent cette activité en Espagne.

Le 21 octobre 1853 Edmond participait à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III. Le 30 novembre il participait au banquet organisé à l’occasion du 23e anniversaire de la Révolution polonaise au cours duquel fut lancé le journal L’Homme, journal de la Démocratie Universelle (voir Alphonse Bianchi).

Il quitta définitivement les îles britanniques pour l’Espagne, le 14 décembre 1853, en compagnie de Xavier Durrieu. Le 20 septembre 1854, à Madrid, il signait une tribune de défense des proscrits dans le journal La Nación, avec Xavier Durrieu, Paul Guichenné, Auguste Laborde, Sylvain Delsol, Jean Baptiste Laporte, Carrère, Louis Caussanel, Usse, Pierre Arrambide, Sylvain Dupuy, Desbarats, et Joseph Séguès.

François-Victor Hugo, dans une lettre datée du 2 décembre 1854 adressée à Xavier Durrieu, affirmait que son absence et celle de Durrieu avaient été senties à tous les points de vue lors du banquet du 24e anniversaire de la Révolution polonaise, le 30 novembre 1854.

Edmond et sa famille quittèrent ensuite l’Espagne pour retourner en Suisse, comme le prouve une lettre écrite depuis Genève et datée du 4 septembre 1857 à Xavier Durrieu. Edmond y remerciait son ami de lui avoir offert son appui et son influence et de lui avoir proposé une place dans sa société, le Crédito mobiliario español, ce qu’il n’avait pu accepter, et lui demandait de lui prêter de l’argent pour pouvoir revenir en France.

Revenu en France après l’amnistie, Edmond épousa, le 9 juin 1863 à Paris (Ve arr.), sa compagne Rose Catherine (de) Sernetz (1828-), originaire de Marville en Moselle. Il était alors négociant en vins et résidait 33 rue de l’Est. Il revint ensuite s’installer comme propriétaire à Josselin d’où étaient originaires ses parents. Aux élections législatives de février 1871, il fut candidat malheureux dans le Morbihan sur la liste dite des « Amis de l’ordre et de la liberté, de la France et de la république » avec Léon Gambetta et ses compagnons d’exil Gustave Ratier, avocat à Lorient et Louis Quenniec. En 1880 il se présentait aux élections du conseil général.

Sa veuve se fit octroyer une pension de 600 F au titre de la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33753, notice LE GUEVEL Edmond, Jean, Augustin par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 27 novembre 2020.

Par Gauthier Langlois

SOURCES : Archives du Morbihan, Acte de naissance. — A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — La Nación, 20 septembre 1854. — Henri Duclos, Histoire des Ariégeois, Toulouse, Soubiron, 1881-1887, t. VI, p. 595. — Le Phare de la Loire, 30 juillet 1880, p. 2. — Gustave Simon, Les tables tournantes de Jersey : chez Victor Hugo : procès-verbaux des séances, Paris : L. Conard, 1923. — Jean-Claude Fizaine, Victor Hugo et les mystères de Jersey. Un manuscrit inédit de Xavier Durrieu (Les séances chez Leguével), 2015.

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