LEJEUNE Alfred

Né en 1824, mort le 8 février 1860 à Reims (Marne) ; professeur d’histoire à Châtellerault (Vienne), puis à Reims ; socialiste rémois sous la Seconde République.

Alfred Lejeune était le fils du censeur du lycée de Reims. Il résuma, en une courte brochure qui fut distribuée avec profusion dans les ateliers, l’enseignement que Victor Considerant donna à Reims, du 26 septembre au 4 octobre 1845. En 1846, il publia, dans L’Industriel, journal libéral de Reims, des articles sur « l’Agitation catholique », consacrés surtout aux questions d’enseignement. Courmeaux dira de lui : « Polémiste remarquable, Lejeune était un des meilleurs élèves de Jouffroy, de Jules Simon, de Michelet et d’Edgar Quinet. Ses doctrines hardiment réformatrices ont été un obstacle à son avancement dans la carrière universitaire qu’il aurait parcourue avec éclat. »

En 1849, il était un des chefs socialistes de Reims. Il appartenait alors au Comité de l’« Association des corporations », organe de propagande socialiste dans le département de la Marne, fondé par Bressy. Il y côtoyait, Courmeaux, Bienfait, Henrot, Génin, Durand, Louis Lecamp, etc. Tous ces hommes, confiants dans l’issue de la journée du 13 juin à Paris, prévoyaient déjà une révolution dont ils se tenaient prêts à prendre la direction. Dès le 12 au matin, Lejeune et Courmeaux dressèrent un plan qui calma les impatiences des ouvriers. Sans lui, ils eurent sans doute pris les armes dès ce jour-là. Vers 4 heures de l’après-midi, Lejeune se mit donc à la tête de la manifestation ouvrière qui se dirigeait vers l’Hôtel de Ville de Reims. Il fit partie, avec Bressy et Courmeaux, de la délégation qui fut reçue par la municipalité, à qui elle remit un mémorandum. Ce dernier protestait contre l’expédition de Rome, réclamait le départ du sous-préfet hostile aux revendications ouvrières, demandait l’armement des ouvriers et leur incorporation dans la garde nationale, exigeait la reconnaissance d’une République démocratique et sociale, comme conforme aux principes posés par la Révolution.

Lejeune fut compris dans l’ordre d’arrestation lancé, de Paris, contre les organisateurs de la manifestation. Arrêté à Rethel, le 17 juin, il comparut devant les assises de Melun, du 26 au 28 décembre 1849. Il fut défendu par Jules Favre et acquitté comme tous les autres inculpés. Il dut résilier ses fonctions de professeur au moment du coup d’État. Il s’inscrivit alors au barreau. Aux élections municipales d’août 1852, on distribua clandestinement des bulletins à son nom. En juillet 1852, le préfet de la Marne le soupçonnait de recevoir la visite de Courmeaux alors réfugié en Belgique. Le 9 septembre 1852, le commissaire de police de Reims avisait le sous-préfet que Lejeune s’était rencontré, à Bouillon, avec Courmeaux, Henrot et Bienfait.

En 1854, Lejeune fut poursuivi pour conspiration, dans le complot de la « Commune révolutionnaire ». (Voir Barthélemy Lecamp*). Il comparut en justice en juillet 1854. Voir Béranger Charles*, Dr Bienfait*, Bressy Agathon*, Courmeaux Eugène*, Croutelle neveu*, Durand*, Génin*, Henrot*, Lecamp Louis*, Martin G.*, Perreau Jules*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article33767, notice LEJEUNE Alfred , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 13 mai 2021.

ŒUVRE : Sur l’agitation catholique à Reims, Reims, 1846, in-8°, 103 p. (avec Béranger, Martin, Perreau et Courmeaux). — Compte rendu des leçons professées à Reims, en septembre 1845, sur l’Association agricole et industrielle, par Victor Considerant, Reims E. Luton, 1845, in-8°, (Bibl. Mun. Reims, CRT II n. 136). — Victor Considerant à Reims. Ses polémiques, Reims, s. d., (Bibl. Mun. Reims, CRT II n. 137). Mais on peut également lire ces brochures à Paris, à la Bibliothèque nationale.

SOURCE : Arch. Dép. Marne, 30 M 18. — Boussinesq et Laurent, Histoire de Reims..., t. II, 2e partie.

ICONOGRAPHIE : Boussinesq et Laurent, ouvr. cité, p. 631.

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