DUBOIS Edmond [DUBOIS Lucien, Edmond]

Par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré

Né le 8 février 1878 à Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; chaudronnier en cuivre aux ateliers de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure) ; secrétaire du syndicat CGT des Cheminots de Sotteville de 1911 à 1918, secrétaire de l’Union départementale de Seine-Inférieure de 1916 à 1920 ; socialiste.

Edmond DUBOIS Coll JJacques Doré
Edmond DUBOIS Coll JJacques Doré

Fils d’un ferblantier Stanislas Dubois et d’une modiste Ernestine Dubois, Edmond Dubois, était chaudronnier à Elbeuf lorsqu’il fut appelé pour un service militaire écourté (14 novembre 1899- 23 septembre 1900) dans l’artillerie comme fils ainé d’une veuve. Entré à la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest le 7 septembre 1907, il militait au sein du syndicat des Cheminots de Sotteville, il était déjà reconnu pour ses dons d’orateur et sa grande culture. Il fallut pourtant la révocation ou le déplacement des principaux responsables après la grande grève de 1910, pour qu’il soit élu en 1911, secrétaire général en remplacement de Jules Buissonnière et Pierre Berthelot.

Réélu jusqu’en 1914, il fut l’un des principaux artisans de la renaissance de la vie syndicale en Seine-Inférieure. Dès 1915, il redonna vie au syndicat des Cheminots de Sotteville, divisé en trois sections (Sotteville, Saint-Étienne-du-Rouvray, Oissel).

Avec un noyau de cheminots de Sotteville, militants syndicalistes et socialistes, il consacra son énergie à la remise sur pied de l’Union départementale ; ce fut chose faite lorsque fut réuni le 3e congrès de l’UD à Sotteville le 3 avril 1916. Le bureau était composé d’ Edmond Dubois secrétaire, Gaston Absire secrétaire adjoint, Alfred Bernard trésorier et Paul Burgat trésorier adjoint. Réélu secrétaire permanent au 4e congrès (toujours à Sotteville) le 16 décembre 1917, il la représenta à la Conférence que tint la CGT à Clermont-Ferrand les 23-25 décembre 1917.

Bénéficiant d’une grande autorité morale sur les ouvriers du département, Edmond Dubois « savait grâce à sa profonde connaissance du cœur des foules et à la simplicité de son langage, mis ainsi à la portée du plus humble, toucher la corde sensible » (La Dépêche).

Majoritaire déclaré et partisan de l’Union sacrée, Dubois se heurta très tôt à l’opposition des cheminots minoritaires, regroupés autour de Maurice Gautier et Gustave Courage qui tenaient la section d’Oissel. Dès février 1918, il subit un premier échec lorsque Gautier et les minoritaires prirent le contrôle du syndicat général.

Il continua pourtant à bénéficier d’une grande autorité morale sur la majorité des militants du département et au 5e congrès de l’UD tenu au Havre le 9 décembre 1918 qui rassemblait une centaine de délégués, il fut confirmé secrétaire général, assisté d’Alfred Martin secrétaire adjoint, Émile Morel trésorier et Alfred Bélanger trésorier adjoint.

Proche d’Eugène Tilloy, le maire socialiste de Sotteville, Edmond Dubois fut élu conseiller municipal en 1919.

À partir de janvier 1920, il dut endiguer les attaques de plus en plus nombreuses des minoritaires dont il était la cible principale. Il leur fournit d’ailleurs des arguments lors des grèves de mai, par une attitude très ambiguë, n’hésitant pas à critiquer "l’attitude irresponsable" des cheminots dès les premiers jours du mouvement.

Au 6e congrès de l’UD réuni à Elbeuf en août 1920, il fut pourtant réélu secrétaire à l’unanimité des délégués, mais, en décembre, lassé des critiques, incapable de mettre un terme aux divisions et surtout, désespéré par la désaffection brutale des militants qu’il appréhendait comme "la ruine de toute action" (les effectifs de l’UD étaient passés de 3 500 en 1916 à 50 000 en 1920 et à 22 185 en 1921), il démissionna et abandonna l’action syndicale.

Dès 1921, il retrouva son poste de chaudronnier. Pourtant, les cheminots CGT firent de nouveau appel à lui lorsque que fut constitué le comité mixte des syndicats unitaire et confédéré des cheminots de Sotteville le 4 novembre 1924. IL était composé de 12 membres, 6 unitaires et 6 confédérés (dont trois du bureau de chaque syndicat). Siégeaient pour les unitaires Albert Pérignon, Henri Delille, Auguste Favaud, Delapille, Thébault et Hervé et pour les confédérés Louis Reine, Émile Morel, Alphonse Aubry, Edmond Dubois, Charles Corlouer et Pannier. Ce comité s’était fixé la tâche de "prendre toutes les initiatives susceptibles de hâter la réalisation de l’unité de la classe ouvrière". Le comité n’a eu pourtant qu’une existence éphémère.

Élu à la commission administrative de la Fédération départementale SFIO fin 1920, il siégea comme conseiller municipal de Sotteville jusqu’en 1939.

Edmond Dubois habitait 26 rue de l’Aurore à Sotteville-lès-Rouen en 1906.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3387, notice DUBOIS Edmond [DUBOIS Lucien, Edmond] par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 1er mars 2022, dernière modification le 1er mars 2022.

Par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré

Edmond DUBOIS Coll JJacques Doré
Edmond DUBOIS Coll JJacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13583 et F7/13619, année 1919. — Arch. de l’UD-CGT liasse 1895-1925. — La Dépêche de Rouen, 2 mai 1919. — Le Réveil ouvrier, divers. — Jean-Marie Cahagne, La SFIO en Haute-Normandie de 1914 à 1969, Université de Rennes, 1980. — Arch. Dép. Seine-Maritime 3 MP 677 Élections municipales Sotteville. — État civil.

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