MADET Charles

Par Jean Maitron

Né à Couleuvre (Allier) le 6 janvier 1803, mort à Ygrande (Allier) le 11 septembre 1874. Démocrate et représentant montagnard de l’Allier en 1848 et 1849. Ami de Félix Mathé*.

Madet était le fils d’un hôtelier. Il fréquenta le collège royal de Moulins, puis l’École de droit de Paris. Il fut décoré de Juillet. A Paris il se lia avec Mathé, entra comme lui au Comité de la Société des Écoles en 1831, y retrouvant Auguste Blanqui*, à la Société des Amis du Peuple, où il signa le 3 juin 1832, une lettre de protestation contre l’arrestation collective d’une vingtaine de membres de la Société, dans son local, le 1er juin. Il semble avoir participé aux émeutes qui suivirent les obsèques de Lamarque des 5 et 6 juin. Toujours avec Mathé, il entra à la Société des Droits de l’Homme. Arrêté, il fit trois mois de prison à Paris. Une jeune femme le réconforta. Il eut d’elle un enfant et l’épousa quand il eut été rendu à la liberté et qu’il s’installa sur ses terres, à Ygrande. Au printemps 1833 alors qu’Achille Roche se rendit à Moulins, sa ville natale, pour y diriger l’opposition locale il s’associa Madet, Mathé et Barhélemy Terrier* pour ressusciter Le Patriote de l’Allier. Madet devint membre de la commission de propagande de la Société locale des Droits de l’Homme. Il voyageait sans cesse entre Moulins et Paris.
Le 23 avril 1848, il fut élu à la Constituante, septième sur huit représentants de l’Allier, par 47 895 voix sur 72 833 votants et 89 404 inscrits. Il siégea à l’extrême gauche, votant pour le bannissement de la famille d’Orléans, contre les poursuites à l’encontre de Louis Blanc* et de Marc Caussidière*, pour l’amendement Grévy supprimant la présidence de la République, pour la demande de mise en accusation de Louis-Napoléon et de ses ministres. Réélu le 13 mai 1849, troisième sur sept, par 40 475 voix, sur 65 506 votants et 90 096 inscrits, il fut un des premiers signataires de l’Adresse au Peuple, manifeste montagnard qui disait entre autres choses : « Nous voulons ce que veut le peuple :... la liberté de réunion et d’association ; l’éducation gratuite ; la révision des lois sur le service militaire ; l’abolition immédiate des impôts qui frappent les objets de première nécessité, comme le sel, les boissons, etc. ; le rachat par l’État des chemins de fer, des canaux, des mines, etc. ; la réforme administrative, judiciaire et pénale ; la justice gratuite, c’est-à-dire la simplification des formes et la réduction des frais ; le droit au travail ; le crédit ; l’association ; [...] toutes les conséquences des trois grands principes de la Révolution française, LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ, c’est-à-dire le gouvernement de tous par tous et pour tous ; La RÉPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE, DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE ».
Suivaient 55 autres signatures de parlementaires réélus ou battus, classés par département. Pour l’Allier : Fargin-Fayolle Sébastien*, Mathé Félix*, Terrier Barthélémy*
Madet eut quelques ennuis après le coup d’État du 2 décembre 1851, puis il rentra sans difficultés dans la vie privée et se distingua uniquement comme cultivateur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34245, notice MADET Charles par Jean Maitron, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 8 janvier 2017.

Par Jean Maitron

SOURCES : Adresse au Peuple (collection André Dubuc). — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — J.-Cl. Caron, La société des Amis du Peuple (1830-1833), mémoire de maîtrise, sous la direction de Louis Girard, Paris IV, 1978. — J.-C. Caron, La Jeunesse des Écoles, Paris 1815-1848, thèse de doctorat, sous la direction de Maurice Agulhon, Paris I, 1989. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — — Jeanne Gilmore, La République clandestine 1818-1848, Paris, Aubier, 1997. — Note de Jean Risacher et de Pierre Baudrier.

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