MARADEIX Antoine

Né à Beaumont près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1810, mort en 1888. agriculteur propriétaire . Militant démocrate socialiste.

Beaumont est un village du vignoble clermontois, où les petits propriétaires formaient au début de la monarchie de Juillet le plus grand nombre, face à quelques gros propriétaires.
Antoine Maradeix, lui-même propriétaire important, d’opinions libérales et de sentiments démocratiques, prit le parti des petits vignerons, et agit rapidement comme porte-parole de ce groupe social. Il possédait une éloquence réelle, servie, selon un rapport de police, par une « force vocale qu’on souhaiterait voir utilisée pour de meilleures causes ». Il organisa des banquets réformistes en 1840, où sa qualité toute neuve de maire de Beaumont, que l’administration préfectorale lui avait concédée pour qu’il se tînt tranquille, fut utilisée par lui à de tout autres fins. Au « banquet réformiste de Montaudoux », comme s’il unissait un couple dans sa mairie, il prononça la réconciliation à jamais des vignerons de Beaumont et d’Aubière, que des querelles de mitoyenneté séparaient depuis l’Ancien Régime.
À Montaudoux, Maradeix porta aussi un toast à l’union des travailleurs des villes et des campagnes : « Les uns sont perpétuellement et fatalement décimés par la banqueroute et par les crises de l’industrie, les autres par la grêle, la gelée et toutes les intempéries des saisons. Associons-nous donc... »
La réconciliation spectaculaire de Beaumont et d’Aubière fut le point de départ d’une agitation antigouvernementale, et plus encore antifiscale, renouvelée de l’agitation antifiscale de l’été 1831 où Beaumont et Aubière, quoique rivales, s’étaient également distinguées. Au moment du recensement, le 9 septembre 1841, la ville de Clermont fut le théâtre d’une émeute très violente : la maison du maire fut incendiée, il y eut des blessés et des morts. Les vignerons de Beaumont, conduits par leur maire, en arrivant au secours des émeutiers clermontois brûlèrent ou détruisirent les bâtiments d’octroi.
Révoqué de ses fonctions de maire, et tenu pour responsable principal des actes de ses administrés, Maradeix comparut devant la cour d’assises de Riom, qui l’acquitta néanmoins en février 1842.
La révolution de 1848 lui redonna sa mairie, et un rôle dans la politique démocratique clermontoise. Il collabora à L’Éclaireur républicain. S’il fut candidat malheureux aux élections à l’Assemblée constituante, puis à l’Assemblée législative, comme maire de Beaumont, Maradeix continua d’administrer en démocrate, et même en démocrate-socialiste, s’intéressant à la Boucherie sociétaire de Clermont. De nouveau révoqué en 1850, il s’exila en Angleterre après le coup d’État du 2 décembre. Il ne rentra en France qu’après la chute de l’Empire. C’est certainement son influence persistante sur les petits vignerons qui fit qu’en son absence, pour le plébiscite de mai 1870, il y eut à Beaumont 166 « non » contre 275 « oui », ce qui mit la commune en bonne position, derrière Thiers où les « non » l’emportèrent, Issoire et le canton de Saint-Germain Lembron où ils approchaient les « oui » de très près.
Comme républicain démocrate hostile à la paix, dans le cadre du département du Puy-de-Dôme, Maradeix fut battu aux élections du 8 février 1871. Voir Bernard* (tailleur), Colin* (fils aîné), Espirat-Fauze Annet*, Mandosse Paul*, Vimal-Lajarrige Jean* et aussi Perrin-Paviot* (pour les troubles de 1841 à Toulouse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34429, notice MARADEIX Antoine, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 28 mai 2018.

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 116, 774, 980 et 1495. — A. Bonjean, « Un audacieux agitateur paysan, Antoine Maradeix, de Beaumont (1810-1888) », dans la Revue d’Auvergne, t. 62, 1948.

ICONOGRAPHIE : Plaque sur la maison des Postes à Beaumont.

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