Né en 1813 en Eure-et-Loir, mort en 1878 à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Prêtre du diocèse de Chartres. Curé républicain du Thieulin (Eure-et-Loir) en 1848-1850.
Réprimandé par l’évêque Clausel de Montals pour avoir fait ouvertement campagne en faveur des candidats républicains aux élections législatives de mai 1849, et particulièrement en faveur de son ami personnel Noël Parfait, l’abbé Marchand répondit de façon exceptionnellement vive dans une lettre qu’inséra le journal républicain de Chartres Le Glaneur, dans son numéro du 10 juin 1849.
« ... Vous me reprochez d’être républicain, Monseigneur, et moi je m’en fais gloire, car il me semble que la sublime devise : Liberté, égalité, fraternité n’est que la traduction pratique des trois vertus théologales : foi, espérance et charité. Ai-je tort d’aimer la République ? À moi, pauvre desservant qui n’avais qu’un salaire insuffisant comme tous les prolétaires de ce monde, elle a accordé un supplément annuel de 400 francs. Ce n’est rien pour vous, Monseigneur, qui avez un beau palais et un gros traitement, mais c’est beaucoup pour moi et pour les pauvres de ma commune. Vous nous tenez sous la férule épiscopale ; nuit et jour, l’interdiction, cette épée de Damoclès, est suspendue sur notre tête. La République bien entendue accorderait au bas clergé, aux véritables travailleurs dans la vigne du Seigneur, l’émancipation, ou, ce qui reviendrait au même, l’inamovibilité. Voilà pourquoi nous ne pouvons avoir les mêmes opinions politiques. Vous exploitez, et moi je souffre ; vous voulez conserver votre puissance, vos appointements, et moi j’aspire à un régime de liberté, sans laquelle il n’y a pas de dignité humaine. Aussi vous maudissez la République, tandis que moi je lève les deux mains vers le ciel pour la bénir. »
L’abbé Marchand, dans son zèle républicain, voire socialiste, confondu avec son richérisme d’homme du bas clergé conscient de sa valeur, allait jusqu’à considérer comme acquise l’augmentation des desservants que la République promit, mais n’accorda pas. L’évêque de Chartres sévit contre l’abbé Marchand. Pour des raisons diverses, il dut attendre un peu. Au début de 1850, l’abbé Marchand fut muté à la cure de Clévilliers et se soumit ; mais, en 1856, il démissionna et mourut conseiller municipal de Nogent-le-Rotrou, d’opinions probablement républicaines.
SOURCE : Abbé E. Sevrin, Un évêque militant et gallican au XIXe siècle. Mgr Clausel de Montals, évêque de Chartres (1769-1857), Paris, 1955, p. 555-557.