MARET Henri, Louis, Charles (abbé)

Né le 20 avril 1805 à Meyruels (Lozère), mort en 1884 à Paris. Prêtre puis évêque in partibus de Sura. Une des figures importantes du catholicisme social d’avant 1870.

Les idées démocratiques de l’abbé Maret remontaient sans doute à son séjour au petit séminaire de Saint-Nicolas (1821-1824). Il y subit en effet l’influence de l’abbé Colonna qui se ralliera à L’Avenir. (Voir Lamennais Félicité (de)*) Il subit aussi l’influence de Ballanche* et celle de Philippe Buchez*. Il devint professeur à la Faculté de théologie catholique. Il entra en contact avec des ouvriers, dont certains suivaient ses cours, en s’occupant de la « Conférence de Saint-Vincent-de-Paul » à Saint-Philippe-du-Roule, ainsi que d’une société d’ouvriers catholiques du XIIe arrdt (ancien) où se recruteront les typographes de L’Ère nouvelle.
En 1848, il se rallia à la République et préconisa l’alliance de l’Église et de la société moderne, des principes de 1789 et de 1830 avec ceux de l’Évangile. Mme Ozanam raconte que, le 24 février, lorsque l’abbé Maret apprit la possibilité d’une régence de la duchesse d’Orléans, il s’écria : « Une protestante sur le trône de France, plutôt la République ! » Le même jour, il déclara : « Nous regardons l’amélioration progressive du sort moral et matériel de la classe ouvrière comme la fin même de la société. »
De conversations entre Maret, Lacordaire et Ozanam devait sortir L’Ère nouvelle, qui parut du 15 avril 1848 au 1er avril 1849. Tous les rédacteurs étaient des amis de Lacordaire, et le journal s’opposa, tout de suite, à L’Univers. Après la journée du 15 mai 1848, Lacordaire, découragé, songea à mettre fin à la parution du journal. Il se contenta de lui imprimer une ligne nettement conservatrice, ce qui amena l’abbé Maret à donner sa démission, qu’il reprit à la demande de Mgr Affre et de Lacordaire lui-même qui l’assura qu’il pourrait continuer d’écrire à sa guise. Maret représenta alors la tendance « avancée » du journal qui, d’autre part, se montrait de plus en plus résolument hostile aux Ateliers nationaux et au droit au travail. Le 10 mai 1848, Maret écrivait : « Nous reconnaissons, dans ce caractère social de notre révolution, son éternel honneur et nous y voyons la base la plus solide de notre alliance avec le socialisme catholique. »
Le 1er septembre 1848, Lacordaire se retira définitivement du journal dont Maret devint le rédacteur en chef. Tout de suite, il prit nettement position pour le droit à l’existence par le travail. Le 1er septembre 1848, il publia un manifeste, non signé, dénonçant l’égoïsme de la bourgeoisie. C’est à cette époque qu’il rencontra Arnaud de l’Ariège. Tout en défendant l’Ère nouvelle contre les attaques de L’Univers et de L’Ami de la Religion, il envisagea de fonder une école sociale catholique : « À quoi sert de réfuter les pseudo-socialistes ? Faisons-nous socialistes nous-mêmes. »
Ces idées rencontrèrent l’hostilité de la hiérarchie. Seul Mgr Cœur, nouvel évêque de Troyes, le soutint ouvertement en le nommant, le 16 février 1849, vicaire général de son diocèse.
L’Ère nouvelle, victime de difficultés financières, allait disparaître. Le 1er avril 1849, à l’insu des rédacteurs, le propriétaire du journal le vendit au légitimiste La Rochejacquelein, ce qui entraîna le départ de l’abbé Maret et celui d’Ozanam.
Après toutes sortes de vicissitudes, l’abbé Maret fut nommé le 22 juillet 1861 évêque in partibus de Sura, évêché antique perdu dans les sables de Mésopotamie. Il avait alors perdu beaucoup de sa vigueur première. Le 2 août 1861, Huet écrira de lui, à Arnaud de l’Ariège : « Plein de bonnes intentions, il n’est pas fait pour les grandes luttes. » Toutefois, Mgr Maret demanda en 1870 au Concile du Vatican qu’il se montrât favorable « à l’amélioration même matérielle du sort des classes laborieuses. »
Nommé le 15 septembre 1882 archevêque de Naupacte, plus parlant pour nous sous son nom occidental de Lépante, il mourut à Paris le 16 juin 1884.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34496, notice MARET Henri, Louis, Charles (abbé), version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 27 août 2021.

ŒUVRES : L’essentiel de la pensée de l’abbé Maret se trouve dans ses articles de L’Ère nouvelle (15 avril 1848-1er avril 1849).

SOURCES : Bazin (abbé), Vie de Monseigneur Maret, 1891, 3 vol. in-8°. — J.-B. Duroselle, Les Débuts du catholicisme social en France (1822-1870). – Notes de Jean-Pierre Bonnet.

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