MARETHEUX Louis, Anne

Par Gauthier Langlois

Né le 24 juillet 1812 à Saint-Georges-du-Chesné (Ille-et-Vilaine) ; mort le 28 avril 1872 à Londres (Royaume-Uni) ; instituteur, greffier de justice de paix, négociant, typographe puis journaliste ; actif propagandiste socialiste et franc-maçon en Bretagne, il s’opposa au coup d’État du 2 décembre 1851 et se réfugia à Jersey puis Guernesey dans l’entourage de Victor Hugo. De retour en France il créa le journal L’Homme, participa à la Commune puis se réfugia à Londres où il mourut.

Fils de Julien Anne Marétheux (1777-1855), tisserand, et de Jeanne Visage. Il se maria le 13 novembre 1842 à Plouguenast (Côtes d’Armor), avec Jeanne Marie Catherine Latimier (1822-1895), fille d’un négociant de Plouguenast. Le couple eût six enfant.

Instituteur à Plouguenast, un gros bourg non loin de Saint-Brieuc, il publia des manuels d’Histoire, de Géographie et de mathématiques. Parallèlement il se livra à une active propagande socialiste, notamment avec le concours de son ancien élève Jean-Baptiste Cardinal, de retour dans la région en avril 1850.

Il fut initié franc-maçon dans une loge de Rennes, le 1er décembre 1851 et fut semble-t-il le seul frère de sa loge à s’opposer le lendemain au coup d’État du prince-président. Pour ce fait il fut condamné à la transportation en Algérie. La commission mixte des Côtes-du-Nord motiva sa décision par le commentaire suivant : « Maretheux était l’agent, le commis voyageur des démagogues des Côtes-du-Nord, du Morbihan, du Finistère. Il assistait à toutes les réunions et c’est lui qui allait porter le mot d’ordre dans les diverses localités. Homme d’une grande activité, d’une certaine capacité, Maretheux fait beaucoup de mal dans son canton où il a semé des idées de désordre et de socialisme ».

Bien que sa condamnation ait été commuée en surveillance le 16 février 1853, il se réfugia en famille à Jersey où il se reconvertit en devenant typographe. Il y prit son fils aîné Louis en apprentissage. Ce dernier deviendra par la suite imprimeur. À Jersey Louis se retrouva avec nombre de proscrits dont Victor Hugo. Il participa à leurs activités politiques et notamment, le 11 novembre 1853, à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III. Il semble qu’il ait quitté Jersey pour Guernesey avec Victor Hugo en 1855. En effet, sa cadette Mary naquit en cette île le 13 septembre 1856.

Il revint en France après la loi d’amnistie du 16 août 1859, ainsi qu’en témoigne l’accueil que lui fit sa loge le 9 octobre 1859 : « Le Vénérable adresse des paroles de bon accueil et de fraternité au T∴C∴F∴ Marétheux, enfant de la Loge, qui avait été exilé par suite de faits politiques, et qui profite aujourd’hui de l’amnistie pour revoir son pays et ses frères en Maçonnerie. ». Il participa, le 5 juin 1865, à l’assemblée générale du Grand-Orient de France pour laquelle il publia un opuscule. Installé à Paris, il s’affilia en 1866 à la loge Mars et les Arts.

Avec la libéralisation de la presse, à la fin du Second Empire, il créa un quotidien, L’Homme, par référence au journal crée par Charles Ribeyrolles et les proscrits de Jersey, devenu L’Homme libre pendant la Commune. Auguste Desmoulins fut l’un de ses collaborateurs. Il fut nommé huissier communal par la Commune de Paris le 25 avril 1871. Pour échapper à la répression versaillaise, il se réfugia en famille à Londres dans le quartier de Saint-Pancras où il mourut l’année suivante. Son fils cadet Anatole Louis se maria en juin 1879 à Birmingham avec une anglaise nommée Hadassah Asford. Puis il fit carrière comme imprimeur à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34497, notice MARETHEUX Louis, Anne par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 28 novembre 2020.

Par Gauthier Langlois

ŒUVRE : Éléments de géographie et d’histoire moderne, Saint-Brieuc, impr. de L. Prud’homme, 1847. — Géographie de la France ancienne et moderne, Saint-Brieuc, impr. de L. Prud’homme, 1847. — Nouvelle théorie des parallèles, indépendante de tout postulatum, Saint-Brieuc, impr. de L. Prud’homme, 1848. — Science et tradition, ou Dieu et les francs-maçons, à l’occasion de l’assemblée générale du Grand-Orient de France, le 5 juin 1865, Paris : E. Dentu, 1865. — L’Homme : organe scientifique, philosophique et littéraire du triple développement physique, intellectuel et moral de l’humanité, quotidien, Paris, 15 mai 1870-24 juillet 1870. Devient L’Homme libre, Paris, 9 mars 1871-7 avril 1871.

SOURCES : Geneanet. — BnF, Notice autorité Louis Marétheux. — A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Marétheux - Louis », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Daniel Erjan, Rennes : les francs-maçons du Grand Orient de France : 1748-1998 : 250 ans dans la ville, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005. — La Gazette des tribunaux, 13 avril 1871.

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