DUFOUR Georges

Par Michel Gorand

Né en 1872 et mort en 1963 ; syndiqué nº 1 des cheminots CFTC ; président du syndicat professionnel CFTC de 1918 à 1920 ; président (1921-1922) puis président d’honneur de la Fédération des cheminots CFTC à partir de 1922 ; vice-président de la confédération CFTC (juin 1922-mai 1923).

Employé puis employé principal, en 1920, sur le réseau de l’Est, Georges Dufour fut adhérent de la Mutuelle des Services centraux de l’Est et participa à sa réunion de février 1917 qui décida l’affiliation à la Fédération nationale CGT. Opposé à cette affiliation, il proposa la formation d’un syndicat indépendant.
Membre de l’Union catholique du personnel des chemins de fer, Georges Dufour rencontra le dirigeant de cette Union, le chanoine Reymann*, qui ne se laissa pas convaincre à créer un syndicat indépendant. Il en parla à d’autres membres de l’Union et l’idée fit son chemin.

En novembre 1917, des rencontres préparatoires eurent lieu, y compris avec Gaston Tessier, secrétaire du syndicat des employés catholiques, et le 20 février 1918 eut lieu la réunion constitutive du « syndicat professionnel » au 5, rue Cadet à Paris. Georges Dufour en devint le premier syndiqué et le premier président, Eugène Aubrée, du réseau d’État, en devenant le secrétaire général. Le bureau provisoire de février 1918 comprenait également Peter (PLM), vice-président, Bigot (PO), trésorier, et Émile Oudin (PO), délégué à la presse.

Georges Dufour fut confirmé président lors de la première réunion du « conseil général du syndicat » qui eut lieu le 16 juin 1918. Le syndicat professionnel des cheminots de France commença à fonctionner à partir du 1er mai 1918 et à encaisser des cotisations (un franc par mois). Georges Dufour participa à la rédaction du journal Le Cheminot de France dont le numéro 1, paru le 1er août 1918, précisait que « le syndicat [était] exclusivement professionnel et ne se rattache à aucune organisation politique ». Cette publication devint mensuelle en mai 1919 et bimensuelle en janvier 1921.

À la première assemblée générale du syndicat, le 22 juin 1919, le syndicat comptait déjà 1 500 adhérents et comportait des sections dans les différents réseaux de chemins de fer : les discussions furent vives sur l’article 6 des statuts, qui faisait obligation « d’être catholique » pour adhérer au syndicat. Cet article, finalement modifié, et prescrit de « s’inspirer des principes de la doctrine sociale catholique ».

Le conseil général du syndicat décida, lors de sa réunion du 2 décembre 1919, de procéder à un référendum de ses adhérents pour l’adhésion du syndicat à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) qui venait de se constituer le 1er novembre 1919. Quatre cinquièmes des adhérents y furent favorables mais les débats furent vifs lors de l’assemblée générale du syndicat en juin 1920 et ce fut finalement l’assemblée générale extraordinaire du 17 octobre 1920 qui décida la transformation du syndicat, à partir du 1er janvier 1921, en Fédération des syndicats professionnels des cheminots de France et des colonies (FSPCF) et l’adhésion, à plus de 80 % (109 voix contre 5 et 19 abstentions), à la CFTC. Le premier bureau fédéral était ainsi constitué : président, Georges Dufour (Est) ; vice-présidents, Denis (PLM), Émile Oudin (PO), Michel Schwab (Nord), Gaston Burté (Est), Laine (État) et Léon Montals (Contrôle commun) ; secrétaire général, Eugène Aubrée (État) ; secrétaires adjoints, Lallemand (PLM) et Vincent (Est).

Cette transformation entraîna des démissions dans une période où la répression qui suivait les grèves de 1920 était forte. Georges Dufour participa, pour la CFTC, avec Émile Oudin et Eugène Aubrée, au congrès constitutif de la Fédération internationale chrétienne des chemins de fer et tramways, congrès tenu à Lucerne (Suisse) les 6 et 7 avril 1921. Il fut par ailleurs le président de l’Union Est en 1921 et 1922 puis il passa le relais à Gaston Burté et devint vice-président de l’Union Est.

Lors du 1er congrès fédéral de juin 1921, Georges Dufour fut confirmé dans son mandat de premier président de la Fédération des cheminots CFTC qu’il anima avec E. Aubrée comme secrétaire général, et ils furent reconduits l’un et l’autre lors du 2e congrès fédéral de mai 1922. Ce congrès de 1922 se déclara opposé à toute modification des règlements concernant les huit heures.
Le décret d’octobre 1922, décret Le Trocquer, ministre des Travaux Publics, modifiait la réglementation du travail et entraîna des réunions communes, en octobre, des syndicats de cheminots des trois fédérations : unitaire, confédérée et CFTC. Cette action unitaire eut des conséquences internes à la CFTC lors du conseil fédéral du 19 novembre 1922 : Georges Dufour et E. Aubrée furent mis en cause, suite à leurs rapports difficiles avec la direction de l’Union catholique, et durent démissionner. Georges Dufour (du réseau Est) fut alors remplacé à la présidence par Émile Oudin (du réseau PO).

Lors du congrès fédéral de juin 1938, pour le débat sur le changement du titre fédéral, Georges Dufour fit un exposé historique qui était plutôt opposé à l’introduction du mot « Chrétiens » dans le titre, car il était favorable au maintien du mot « professionnels ». A l’issue du vote le titre devint : « Fédération des syndicats Chrétiens des cheminots de France, des Colonies et Pays de Protectorat ».

Sur le plan confédéral, Georges Dufour fut délégué des cheminots au 2e congrès CFTC en 1921 et élu membre du CN et du bureau fédéral au 3e (1922) et 4e (1923) congrès CFTC ; il fut aussi élu vice-président de la confédération CFTC au congrès de juin 1922.

Georges Dufour, syndiqué n° 1 des cheminots CFTC, devint président d’honneur du bureau fédéral, lors du conseil fédéral de novembre 1922 et le resta jusqu’au congrès de mai 1939 (à l’époque les congrès étaient annuels). Il prit sa retraite au moment du congrès confédéral de fin mai 1928 où il reçut le prix Brellaz destiné à « un militant confédéral remarquable ». Sa présence fut signalée régulièrement lors des congrès fédéraux jusqu’à 1956.

Georges Dufour fut fait chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 6 août 1955. Elle lui fut remise par Gaston Tessier, ancien président de la CFTC, le 1er octobre suivant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3460, notice DUFOUR Georges par Michel Gorand, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 18 juillet 2022.

Par Michel Gorand

SOURCES : Arch. CFDT. — Le Cheminot de France (dont celui du 1er septembre 1963). — Historique des Cheminots de France, Paris, 1930, 208 p. — 50 ans au service des cheminots. Du Syndicat professionnel à la Fédération des cheminots CFDT, 1970, 64 p. — DBMOF, tome 26, p. 128. — Etude 2006 d’Annie Kuhnmunch

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