MASSOL Alexandre

Par Notice revue et complétée par Philippe Régnier

Né le 18 mars 1805 à Béziers (Hérault), mort le 20 avril 1875 à Paris. Officier du génie. Saint-simonien. Ultérieurement ami de Pierre-Joseph Proudhon*. Journaliste et moraliste.

Fils d’un instituteur républicain, Massol fut d’abord instituteur lui-même. Sa foi républicaine datait de la révolution de 1830. Au début de la monarchie de Juillet, ayant eu l’occasion d’assister à une réunion de saint-simoniens, il s’initia à la doctrine et resta fidèle au père Prosper Enfantin*, même après sa rupture avec Saint-Amand Bazard*. Chargé de réorganiser le " degré préparatoire », puis, avec Ribes*, de remettre sur pied l’« église » de Lyon, il fut l’un des « novices » de Ménilmontant. Ayant gagné Lyon après la dispersion de la « retraite », il s’y embaucha chez un forgeron, qui lui donnait 2 F par jour pour tourner une roue pendant 14 heures. En 1833, membre, sous la direction de Barrault*, des Compagnons de la Femme, il effectua une « mission » en Allemagne avec Rousseau*, non sans avoir converti quelques anciens élèves de Polytechnique lors de son passage à Strasbourg.
Avec Tajan-Rogé*, de qui il fut l’ami durant toute sa vie, il fit un séjour à Alger d’août à septembre de la même année 1833, puis embarqua pour l’Égypte, en même temps que Suzanne Voilquin*, au mois de novembre suivant. Mais le projet de canal Suez-Alexandrie ayant échoué, Tajan-Rogé et Massol se séparèrent d’Enfantin. Massol profita de l’occasion pour visiter la Syrie et Constantinople. Un temps secrétaire particulier de Charles Lambert, il rentra en France en mars 1838.
À Londres dès 1840 au moins, grâce à l’hospitalité de Curie, il dirigea L’Observateur français, créé pour combattre Le Courrier d’Europe. Il aurait été vice-président de la Revue d’Orient. C’est en août 1848 qu’il fut reçu, sous le numéro 67, dans la loge de l’Union française de Londres, dans l’ordre indépendant des odd-fellows. Massol rentra à Paris à la faveur de la Seconde République. Il fut d’abord rédacteur à La Réforme de Lamennais*. Il entra bientôt en relations avec Proudhon, dont il devint le collaborateur à La Voix du Peuple. De cette collaboration avec l’auteur du Système des contradictions économiques, il emporta la conviction qu’il était nécessaire de débarrasser la politique de la théologie.
Sous l’Empire, cet ex-saint-simonien se tint à l’écart du régime. Contrairement à nombre de ses anciens amis, il demeura fidèle à ses conceptions socialistes. En 1868, il accepta de collaborer à l’Encyclopédie de la Révolution lancée par Anatole France* et Louis de Ricard*, projet sans lendemain.
Franc-maçon, il devint vénérable de la loge la Renaissance et, en 1863, il s’opposa au projet de loi qui voulait mettre la maçonnerie sous la tutelle de l’État. Il tenta de revivifier la maçonnerie en lui donnant une direction philosophique plus précise et en la débarrassant de ses formules et de ses pratiques mystiques et surannées.
Avec Henri Brisson, il lança La Morale indépendante qui groupait Renouvier*, Victor Considerant*, Morin, Coignet, etc... Le but commun était de séparer la morale de la religion, sans attache de principe ni avec le positivisme ni avec le matérialisme. François Raspail* donna son adhésion, en se prononçant nettement contre le matérialisme.
En janvier 1865, Massol prit la parole aux obsèques de Proudhon. Il retraça à grands traits la vie du penseur bisontin, mit en lumière son âpreté au travail, son activité de pensée, ses habitudes modestes. Il fit connaître un Proudhon fidèle à ses amitiés, réservé devant de nouvelles relations puis s’y donnant ensuite tout entier, avec un dévouement qu’il ne marchandait jamais.
En septembre 1867, il fut l’un des participants français au congrès de la Ligue de la Paix qui se tint à Lausanne. À partir de cette même année, il collabora aux Almanachs de la Coopération. Aux élections législatives de 1869, il fit campagne pour Bancel* contre Émile Ollivier. Massol fut conseiller municipal de Paris et maire adjoint du IXe arrondissement en 1870.

Ce doit être son frère, Louis-Amédée-Hippolyte Massol, né à Béziers le 13 août 1808, fils d’Alexandre-Louis Massol, négociant, et de Delphine Julie Marie Catherine Bellonet, qui fut X 1828 et sous-lieutenant de Juillet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34698, notice MASSOL Alexandre par Notice revue et complétée par Philippe Régnier , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 31 juillet 2022.

Par Notice revue et complétée par Philippe Régnier

ŒUVRES : Rapport sur la reconnaissance de la Maçonnerie comme établissement d’utilité publique, Paris, 1863. — Articles dans les journaux et revues : L’Observateur français (Londres), La Voix du Peuple (Paris, 1849-1850), La Morale indépendante (Paris, à partir de 1865). — Il collabora également aux Almanachs de la coopération (Paris, à partir de 1867).
Prospectus et circulaire d’Encyclopédie de la Révolution (1787-1804), Paris, impr. de Walder, in-4°, 5 ff. (Bibl. Nat., 4° La 32/458).

SOURCES : Bibl. Arsenal, Fonds Enfantin, en part. mss. 7 671/13, 7 739/44 et 7 790/109, ainsi que les papiers de Massol (archives privées de la famille d’Henri Brisson, déposées en 1995). — Enseignements d’Enfantin, dans œuvres de Saint-Simon et d’Enfantin, t. XVI, onzième séance (décembre 1831), p. 114 et suiv. — Le Monde maçonnique, 1864 ; G. Lefrançais, Souvenirs d’un Révolutionnaire. — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — J. Gaumont, Histoire générale de la Coopération en France, t. I, p. 123. — Note de Pierre Baudrier.

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