DUGUY Henri, Roger, Désiré

Par Marie-Louise Goergen

Né le 19 septembre 1916 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; calqueur puis contrôleur ; membre du conseil national des cadres de la Fédération CGT des cheminots à partir de 1955 ; responsable du secteur fédéral de Nantes des cheminots retraités (1972-1979) ; président de l’Association départementale des déportés-internés, résistants et patriotes de Loire-Atlantique (FNDIRP) depuis 1978.

Fils d’un forgeron-outilleur et d’une ménagère, Henri Duguy, né dans une famille qui ne connut pas de pratique religieuse, fréquenta l’école primaire supérieure de Nantes (Loire-Atlantique) de 1929 à 1932. Il obtint successivement le brevet d’enseignement primaire et le brevet d’enseignement primaire supérieur. L’état de santé de son père, qui était grand mutilé du travail, et l’absence de bourse l’empêchèrent de continuer ses études.
Militant aux Jeunesses communistes, aux côtés de Gilles Gravoille, futur député de Loire-Atlantique, dès cette époque, Henri Duguy vit le début de sa carrière professionnelle gravement perturbé en raison de son engagement politique. Engagé aux Brasseries de la Meuse à Chantenay (Loire-Inférieure) comme assistant de laboratoire en février 1932, il appela à la grève lors des événements de juin 1936. Son initiative fut largement suivie dans un établissement qui était jusqu’alors dépourvu de syndicat. Sa participation dirigeante à la grève — il était alors secrétaire général des JC de Nantes — lui valut d’être licencié le 31 décembre 1936. Il fut brièvement réintégré pendant la saison d’été 1937, suite à un débrayage massif de l’ensemble du personnel et obtint un emploi administratif. Parallèlement à son travail aux Brasseries de la Meuse, il avait suivi pendant trois années les cours de dessin industriel du soir à l’École des Beaux-Arts de Nantes et obtenu le diplôme de sortie du cours supérieur.
Quinze jours après son licenciement définitif des Brasseries de la Meuse, il fut embauché au bureau des méthodes à l’usine Batignolles-Châtillon de Nantes-Saint-Joseph. Il participa à une grève très dure en novembre 1938 et, deux ans plus tard, en juin 1940, s’opposa au directeur général de l’entreprise qui, sous un prétexte qui se révéla futile, tenta de ne pas distribuer les salaires. Il fut immédiatement licencié, tout comme sa jeune épouse qui était mécanographe au service comptable.
Pratiquement sans ressources, Henri Duguy exerça plusieurs emplois de courte durée avant de se faire embaucher comme dessinateur-projeteur à l’entreprise Cerabati à Nantes. Dans la nuit du 11 au 12 avril 1941, le jeune collègue dessinateur auquel il avait confié un paquet de tracts à distribuer, se fit arrêter rue Georges Clemenceau. Licencié sur le champ, Henri Duguy fut arrêté et transféré au Camp P1 à Châteaubriant (Loire-Inférieure). Libéré le 23 avril 1942, il fut à nouveau traqué deux jours après et obligé de quitter précipitamment son domicile. Il ne revint à Nantes qu’en août 1944, après avoir séjourné en Vendée, en Vienne et dans le Morbihan. Au cours du premier trimestre 1945, il fut désigné par le Comité départemental de Libération (au titre du Front national) pour requérir, devant le tribunal, contre les trois responsables collaborationnistes de la direction de l’usine Batignolles-Châtillon de Nantes.
Son état de santé dorénavant précaire l’amena à suivre l’exemple de son beau-père et de son beau-frère, tous deux cheminots en retraite, et à se faire embaucher à la SNCF. Il entra à l’arrondissement Voie et Bâtiments (VB) à Nantes, où il travailla successivement comme calqueur, puis comme contrôleur. Il y développa une intense activité politique et syndicale. Délégué auprès du chef de service VB, il fut chargé, en 1956, de constituer le syndicat des cadres cheminots CGT de Nantes. En avril 1955, il fut désigné au conseil national des cadres de la Fédération CGT des cheminots. Après la révocation de Maurice Garand, au moment de la grève de 1953, il remplaça celui-ci au comité central de grève.
Désigné comme responsable du secteur fédéral des cheminots retraités deux jours après son départ en retraite, le 1er mai 1972, il exerça cette fonction jusqu’en 1979. Il abandonna cette responsabilité à Claude Bernard, car il avait été élu, en 1978, président de l’Association départementale des déportés-internés, résistants et patriotes de Loire-Atlantique (FNDIRP). À partir de cette date, il fut de tous les combats pour la sauvegarde de la mémoire des fusillés, déportés et résistants. Ainsi, il donna une contribution importante au « Mémorial des Fusillés » en Loire-Inférieure 1939-1945, recueil déposé aux Archives départementales.
Marié le 8 avril 1940, Henri Duguy n’eut pas d’enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3472, notice DUGUY Henri, Roger, Désiré par Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 février 2012.

Par Marie-Louise Goergen

SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Notes de Pierre Vincent et de Jean-Pierre Bonnet. — Renseignements communiqués par Henri Duguy.

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