MATHIEU Antoine, Philippe, dit Mathieu de la Drôme

En 1830, Antoine Mathieu enseignait devant un auditoire populaire les rudiments de l’économie politique à l’Athénée des Belles-Lettres de Romans. Les autorités fermèrent son cours, parce qu’il avait du succès. Il publia alors Voix d’un solitaire, une sorte de catéchisme populaire républicain.
En 1847, il organisa le banquet réformiste de Romans. « Faites arriver, s’écria-t-il, les flots populaires dans les collèges électoraux... »
Le 23 avril 1848, il fut choisi par les électeurs de la Drôme en seconde position (sur huit députés), avec 37 868 voix sur 76 005 votants et 92 501 inscrits. Montagnard, il vota à la Constituante pour l’impôt progressif et pour le droit au travail.
Le 13 mai 1849, la Drôme le nomma à la Législative, quatrième sur sept, avec 42 762 voix sur 67 889 votants et 94 136 inscrits, tandis que le Rhône lui donnait le sixième rang sur onze, avec 70 659 voix sur 110 722 votants et 154 740 inscrits.
Mathieu de la Drôme continua de siéger à l’extrême gauche. Il se prononçait maintenant en faveur du socialisme qui, disait-il, « loin d’être un ennemi [...] devait purifier les sources de la propriété. »
Arrêté dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, Mathieu de la Drôme fut expulsé et vécut en Belgique, puis en Suisse.
Rentré en France, il acquit une nouvelle célébrité en publiant des almanachs : Le Double et le Triple Mathieu de la Drôme, comme il y avait Le Double et le Triple Mathieu Laendsberg de Liège. C’étaient de toute manière des almanachs sinon ouvertement républicains, du moins progressistes et ennemis des préjugés dans quelque domaine que ce fût.