MATHIS Nicolas

Démocrate socialiste de Rambervillers (Vosges).

Né dans cette petite ville le 6 novembre 1801, il y exerça comme horloger et comme marchand de vins.
Dès 1844, étant marchand d’étoffes et bijoutier-orfèvre, il était en relations avec Mathieu d’Épinal qu’il convia à souper, le soir du 30 juillet. Un espion de police les entendit chanter La Carmagnole, mais on découvrit sa présence, et des chansons à boire succédèrent pour donner le change.
Maire de Rambervillers du début de la révolution au mois de juin 1848, Mathis fut ensuite en butte au parti réactionnaire. Un procès lui fut fait, ainsi qu’à Marcot, au moment du coup d’État, et, des témoignages recueillis sur lui, on peut retenir qu’il avait été bon orateur de clubs. On lui reprochait, ainsi qu’à Marcot d’avoir détenu des armes à la mairie. Les explications fournies par les témoins étaient contradictoires : c’était pour aller combattre les insurgés de Juin, c’était pour faire du tir forain, c’était pour tirer des salves lors d’un anniversaire. Le tailleur d’habits Clair Demange déclara : « en 1849, un casino a été fondé au café Marchal [...] Mathis et Marcot en faisaient également partie, mais je ne sais si ce sont eux qui l’ont organisé. Ce casino était composé exclusivement d’ouvriers. » Le manœuvre J.-L. Lacour ajoutait : « au commencement de la République, j’ai eu la tête un peu montée parce que je fréquentais les clubs où parlait notamment Mathis, mais je déclare que personne ne m’a jamais excité directement ».
Plus affirmatif était le cordonnier, Joseph Pilot, indicateur de police : « Au commencement de la République, j’ai été introduit au casino par les nommés Joseph Becler et Hippolyte Bedel [...] Chaque fois Mathis nous a adressé la parole. Il nous disait : Nous réussirons, nous imposerons de forts impôts sur les riches, nous ne verserons pas leur sang comme ceux-ci le craignent, mais nous les prendrons par la bourse afin de donner du travail aux ouvriers. » Tous ces témoins racontèrent que de 1849 à 1851, Mathis fournit les vins et paya les viandes pour des réunions de démocrates tenues à sa loge (petite maison de campagne).
Proscrit du 2 décembre, gracié en 1853, Mathis resta lié avec les démocrates. Un document de 1855 le présente ainsi : « Socialiste depuis fort longtemps, le chef des sociétés secrètes de cette ville. » Une autre fiche politique contient sur lui les renseignements suivants :
« Ruiné, marié, une fille. Instruction médiocre, et a le langage des clubs. Influence : grande en 1848 et 1849. À peu près nulle maintenant. Républicain des plus exaltés. Opinions politiques apparentes : républicain modéré. Opinions politiques réelles : socialiste, pillard et prêt à tout, haineux, vindicatif, lâche, fourbe, prudent dans ce moment, mais acharné [mot peu lisible] contre tout ce qui possède et est honnête. »
Il faut tenir compte, pour apprécier ce tableau, des haines de classe qui ont été, à Rambervillers, extrêmement violentes, en sorte que même un simple républicain était rouge aux yeux de ses adversaires. Il semble bien d’ailleurs que Mathis ait été un républicain ardent à cette époque. En 1851, il avait été également poursuivi pour avoir fait signer des pétitions contre la réforme électorale. Acquitté en correctionnelle, il l’avait été aussi en appel. Cette même année 1851 on le vit encore colporter, avec Georgé*, des listes de souscription en faveur des condamnés en correctionnelle, à Épinal, le 28 février, pour outrages envers un ministre du culte catholique.
En 1858 il demeurait encore très suspect aux yeux de l’administration.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34746, notice MATHIS Nicolas , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Arch. Dép. Vosges, 8 bis M 6, 8 bis M 20.

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