MAUREL

Il fut, en qualité de lieutenant de la garde nationale, envoyé à Rancié (mines situées dans la commune de Sem, Ariège) pour maintenir l’ordre lors d’une grève de mineurs propriétaires de la mine, survenue le 23 décembre 1817, grève de protestation contre la baisse du prix du minerai de fer, ramené de 12 sous à 11 pour la charge de 60 kg. Fortement impressionné par la misère des mineurs, il fit imprimer une brochure, Observations générales..., qui était un véritable plaidoyer en faveur des grévistes. Mis aux arrêts pendant vingt-cinq jours, il ne dut sans doute qu’à l’indulgence du préfet de n’être pas suspendu de ses fonctions.
Maurel, dans sa brochure, dénonçait la sujétion où les maîtres de forges tenaient les mineurs. Si ceux-ci s’étaient finalement soumis, disait-il, c’était parce qu’ils étaient « trop pauvres pour s’abstenir longtemps de leurs travaux ». Il s’en prenait à l’administration, trop complaisante à l’égard des maîtres de forges.
Il disait : « Le sort du mineur a-t-il été amélioré en quelque chose ? A-t-on déployé pour lui un pouvoir tutélaire ? A-t-on fait taxer le prix du fer qui lui est nécessaire, comme on taxe le minerai ? A-t-on cherché à lui procurer un abonnement modéré pour la réparation de ses outils ? A-t-il un entrepôt au prix de la première main où il puisse aller chercher l’huile dont il consomme beaucoup et le grain qu’il ne récolte pas ? Enfin, existe-t-il un hôpital pour le recevoir lorsqu’il est indigent et mutilé ? Rien de tout cela n’a été fait ; mais, en revanche, l’administration a fait établir, il y a environ douze ans, une barrière où l’on prélève un sol par quintal, et vient de diminuer le minerai de 5 centimes par volte. »
Ajoutons que, si le prix du minerai fut maintenu à 11 sols, l’action concertée des ouvriers freina la baisse que les propriétaires de forges étaient décidés à imposer.