MILON Louis, Nicolas (parfois écrit MILLON Louis, Nicolas

Par Jean Risacher

Né vers 1803 à Beugnon (Yonne), mort au bagne. Cocher de cabriolet de remise à Paris. Animateur de luttes revendicatives. Membre de la Société des Droits de l’Homme, puis des Saisons. Quarante-huitard.

Demeurant 36 ou 75, rue Bourg-l’Abbé (VIe arr. ancien, emplacement actuel du boulevard Sébastopol, IIIe), lors des graves incidents sociaux de juin 1831, au cours desquels les cochers furent très actifs, Louis Milon fut arrêté et écroué pour provocation à la rébellion à La Force le 17 juin et condamné à un mois de prison le 19 août 1831 par la cour d’assises pour discours, violences, attaques, etc., incarcéré à Sainte-Pélagie, le 27 août 1831 et remis en liberté le 17 septembre. Il semble que ce soit davantage dans le cadre socio-professionnel que dans celui d’une action politique.
Louis Milon devint membre de la Société des Droits de l’Homme, sans doute dès le début de son existence (été 1832). Demeurant 5, rue du Petit-Hurleur (VIe arr., emplacement de l’actuelle rue Bourg-Labbé, IIIe), il fut l’auteur d’une brochure de propagande républicaine et démocratique, signalée par G. Perreux, dont nous ne connaissons pas le titre, publiée par la SDH, qui lui valut d’être condamné à 200 F d’amende au mois de novembre 1832. Écroué de nouveau à La Force le 10 décembre 1832, il semble avoir subi un jugement le 11 décembre et avoir été libéré le 8 mars 1833 sur ordre du procureur général. Apparemment pas pour longtemps : jugé par le tribunal de simple police, le 3 avril 1833 pour outrage public envers des magistrats (?) à l’audience, il fut incarcéré à Sainte-Pélagie le 13 mai, mis en liberté provisoire sous caution le lendemain.
Demeurant par la suite 47, rue Montmartre (IIIe arr., maintenant IIe), à la suite des journées insurrectionnelles d’avril 1834, il fut écroué à La Force le 1er mai 1834, extrait le 27 par décision du duc de Cazes de la Cour des Pairs, et fut libéré le 25 septembre pour non-lieu à suivre avant l’ouverture des débats.
Outre une éventuelle correspondance avec Marie-Victoire Longpré, veuve Clément, inculpée dans l’affaire Fieschi,* on retrouve Louis Milon plus tard, membre de la Société des Saisons, demeurant 58, rue des Vieux Augustins (IIIe arr., maintenant rue Hérold, IIe). Inculpé à la suite des journées insurrectionnelles de mai 1839, il fut arrêté tardivement, bien après Auguste Blanqui* et écroué à la Force le 7 novembre 1839 et libéré par ordonnance de non-lieu du conseil des mises en liberté de la Cour des Pairs, le 5 décembre 1839. On tenta de le compromettre, en 1840, dans l’affaire Darmès*, mais il assura qu’il s’était retiré de la Société des Droits de l’Homme dès son interdiction et qu’il n’avait, depuis, fréquenté ni les sociétés secrètes ni les communistes... Il n’y eut pas de suite.
Devenu loueur de voitures, mais 5 rue Culture-Sainte-Catherine (VII ou VIIIe arr., maintenant rue de Sévigné, IVe), il dirigea en Juin 1848 les insurgés de la barricade de la rue Saint-Antoine (on lit aussi « rue Sainte-Catherine »), à Paris, et rédigea, en collaboration avec le président des délégués du Luxembourg, Lagarde*, une proclamation insurrectionnelle qu’il lut à haute voix et placarda dans tout le quartier. Le 1er conseil de guerre le condamna, le 21 octobre, aux travaux forcés à perpétuité. Nous n’avons pas d’indications ultérieures si ce n’est qu’il mourut au bagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35090, notice MILON Louis, Nicolas (parfois écrit MILLON Louis, Nicolas par Jean Risacher , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 28 mai 2020.

Par Jean Risacher

SOURCE : Arch. Min. Guerre, A 4560. — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/4 7-1479, DY/8 6 n° 14808, DY/4 14-8586, DY/8 7-826, DY/4 22-5175, DY/4 48-6022. — Cour des Pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 596 D1 N4. — Cour des Pairs. Attentat du 15 octobre 1840, Bibl. Nat., Lb 51/3453. — Cour des Pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 681 D8 n86, CC 740 N195, CC 774 N11— Gabriel Perreux, Au temps des sociétés secrètes,... op. Cit. — Ph. Matthey, Les membres des sociétés secrètes républicaines parisiennes sous la monarchie de Juillet, mémoire de maîtrise sous la direction de Philippe Vigier, Paris X, 1986. — Journal des débats politiques et littéraires, 22 octobre 1848, p. 2, 3e col.

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