MORHÉRY Adolphe [ROBIN de MORHÉRY Louis, Adolphe, Napoléon]

Par Notice revue et complétée par J. Risacher

Né le 5 mai 1805 à Loudéac (Côtes-du-Nord), mort le 21 décembre 1864 à Paris. Médecin. Militant républicain dès ses années estudiantines. Commissaire du Gouvernement provisoire dans le Finistère en février 1848. Représentant démocrate-socialiste des Côtes-du-Nord à la Constituante.

Descendant de Louis, François, Aimé, négociant à Loudéac, député au Tiers-État, dans la majorité réformatrice, démissionnaire le 21 mai 1790 et président du tribunal civil sous le Consulat, destitué par la Restauration. Robin de Morhéry commença ses études médicales à Paris, mais s’occupa beaucoup de politique. Il entra à la Charbonnerie, sans doute en même temps que Auguste Blanqui* dont il était contemporain. Pendant trois années consécutives, entre 1828 et 1830, il fut élu par les Bretons de Paris commissaire du banquet breton annuel, dont le texte du toast du dernier banquet fut publié dans La Tribune du 28 avril 1830. En décembre 1829, il apposa sa signature au bas de l’acte de naissance de l’Association bretonne pour le refus de l’impôt, déposé chez le député Bernard. Il fut très engagé dans la lutte contre Polignac. Attachant de l’importance au rôle des étudiants et à la vie associative, il avait organisé une caisse commune des Écoles dans le but de venir en aide aux jeunes manquant de moyens et publié en décembre 1829 un projet d’association des étudiants au journal La Tribune pour le soutenir financièrement avec pour commanditaires Lafayette et Destutt de Tracy. Morhéry publia en janvier 1830 une brochure, Culbute ministérielle, qu’il fit imprimer à Saint-Denis, aucun imprimeur parisien n’ayant accepté ce pamphlet anti Polignac.
À cette période, Sempoil*, Jean-François Danton* et quelques autres parmi les créateurs de l’Association de janvier, sollicitèrent sa collaboration et il participa à la transformation du projet initial. Les bases politiques en sont mal connues, le texte de référence devait en être la Déclaration des Droits de Robespierre. Il fit partie du Comité supérieur de l’Association avec Danton et Sempoil, mis en place début juillet 1830, chargé du contact avec les étudiants. Morhéry publia dans La Tribune ses "Lettres sur la Bretagne", dès que le journal reparut (fin avril 1830), si violentes que Auguste Fabre* dut faire des coupures. Républicain, publiciste, il fut présenté, en avril 1830 par Marchais, secrétaire, à la Société Aide-toi, le ciel t’aidera. Pendant les Trois Glorieuses, il participa à divers combats, tout en s’efforçant de faciliter la concertation des étudiants entre eux et avec les associations républicaines. Le 30 juillet, il fut choisi par ses camarades républicains et démocrates pour aller en leur nom demander à Lafayette de proclamer la République à l’Hôtel de Ville et proposer leurs services. D’après certaines sources, il aurait participé à l’expédition de Rambouillet du 3 août, poussé par des personnes qui cherchaient à l’éloigner de Paris... Il s’inscrivit à la garde nationale et protesta contre la nomination du Lieutenant général du royaume. Il obtint de retourner à Loudéac pour prendre des dispositions contre la chouannerie. Décoré de Juillet, il quitta Paris le 20 août. Après son retour, il fut reçu à la Société des Amis du Peuple, le 15 décembre, sous le patronage de Félix Mathé*. Il publia avec Sambuc* le 29 décembre 1830, dans La Tribune un projet d’association qui sera accepté le 5 janvier 1831, mais sans lui, car il fut obligé de partir précipitemment à Strasbourg, un mandat d’arrêt étant lancé contre lui, comme lui confirmait une lettre de Sampoil, et sa femme étant malade. Il obtint, non sans peine de passer sa thèse à Strasbourg. Il faillit être arrêté à son retour à Paris et ne dut la liberté qu’à d’énergiques amitiés.
Il se fixa à Loudéac, fin 1831 au plus tôt. Au milieu de 1833, il y créa une Société des Droits de l’homme avec quelques amis et se mit en contact avec le Comité de la presse parisienne. Malade, il était fortement handicapé. Il se heurta à quelques difficultés avec les quatre cents sectionnaires de Saint-Brieuc en décembre 1833, en grande majorité bourgeois. Se disant le seul montagnard, il réussit à y créer un comité des associations républicaines des Côtes du Nord en mars 1834.
Ses fonctions officielles en 1848 lui valurent seulement d’être le seizième et dernier élu des Côtes-du-Nord à la Constituante. Il avait eu 63 370 voix sur 144 377 votants et 167 673 inscrits. Il vota avec l’extrême-gauche démocrate-socialiste, notamment contre les poursuites à l’égard de Louis Blanc* et de Marc Caussidière*, pour l’amendement Grévy supprimant la présidence de la République, pour la mise en accusation de Louis-Napoléon Bonaparte et de ses ministres, contre l’expédition de Rome. Il ne fut pas réélu à la Législative.
Le 13 octobre 1851, au cours d’un voyage à Rennes (Ille-et-Vilaine), il prit contact avec les socialistes les plus ardents. Il ranima la société dite des « Travailleurs », forte d’environ 40 membres et dont le bureau, au dire du procureur général de Rennes, était composé des « hommes les plus ardents et les plus dangereux ». Ce cercle des « Travailleurs » était fréquenté par quelques militaires du 55e régiment de ligne. Le colonel prit des mesures pour les en éloigner.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35268, notice MORHÉRY Adolphe [ROBIN de MORHÉRY Louis, Adolphe, Napoléon] par Notice revue et complétée par J. Risacher , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Notice revue et complétée par J. Risacher

œUVRE : Réponse aux outrages et aux calomnies dirigées contre moi par M. Biquel et consorts dans un pamphlet signé M. Biquel , [signé] MORHÉRY D. M., Paris, impr. de Auffray, s. d. in 8° 104 p., Loudéac, 20 novembre 1832. (Dans le catalogue de la Bibl. Nat., il est désigné sous le nom de Dr. A. R. (Adolphe ROBIN).

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/394, P. 414 bis. — I. Tchernoff, « Documents sur l’état politique de la France en 1851 », La Révolution de 1848, 1905, pp. 126 et suiv. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — J.-C. Caron, La Jeunesse des Écoles, Paris 1815-1848, thèse de doctorat, sous la direction de Maurice Agulhon, Paris I, 1989. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993.

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