MOUTON Pierre, Augustin

Par Pierre-Henri Zaidman

Né le 1er août 1820 à Coltainville (Eure-et-Loir) ; ouvrier cordonnier ; domicilié 24, boulevard Ornano (XVIIIe arr.) ; révolutionnaire, opposant au Second Empire ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Fils d’un cordonnier, Mouton hérita de terres d’une valeur de 1000 à 1200 francs. Il vint à Paris et s’installa comme cordonnier, rue de la Chiffonnerie.
En 1848, il entra dans les gardiens de Paris, mais manifestant du 15 mai, il fut condamné le 23 juin par la 6e chambre correctionnelle à un mois de prison pour outrage par des paroles à des agents de la force publique et détention illicite de cartouches. Le 20 juin, il perdit cet emploi, évitant ainsi de se compromettre dans l’insurrection de Juin.
En 1851, l’hostilité de son propriétaire — il était la terreur de ses colocataires depuis dix-huit mois qu’il demeurait, 27, rue du Marché-aux-Poirées — lui valut d’être poursuivi comme ayant pris part à l’insurrection de décembre. La saisie chez lui de portraits révolutionnaires lui coûta d’être interné à Nantes pendant huit ans. Il revint à Paris et se maria et eut quatre enfants.

En 1862, Il fut inculpé dans l’affaire Vassel, Miot, Greppo avec 54 autres prévenus pour appartenance à une société secrète, détention d’armes et rébellion et condamné, le 19 juin, à six mois de prison, 100 francs d’amende et deux ans d’interdiction des droits civiques.
Le 18 juin 1870, il fut arrêté et détenu à Mazas, prévenu de détention de bombes Orsini. Libéré le 4 septembre, il s’engagea dans la 2e compagnie sédentaire du 238e bataillon de la Garde nationale.

Après la proclamation de la Commune, sans ressources d’après lui, il entra comme simple garde à la 4e compagnie du 61e bataillon fédéré, il servit au Moulin de la Galette dans le XVIIIe puis, le 2 avril 1871, il suivit sa compagnie à Meudon où il fut blessé par un éclat d’obus au pied droit. Il reçut 20 francs de la municipalité du XVIIIe le 12 avril. Il serait resté à son domicile ne sortant que pour « se rétablir » et n’aurait pas servi jusqu’à l’entrée des Versaillais. Le 25 mai, il alla à Belleville avec un groupe de gardes nationaux qu’il accompagna derrière les barricades jusqu’au 28 où il fut arrêté rue de la Fontaine-au-Roi dans le XIe arrondissement, sans arme.
Il fut détenu sur le ponton le Tourville et condamné, le 12 février 1872, par le 7e conseil de guerre, à la déportation simple ; il fut transporté depuis Brest par la Garonne le 31 juillet 1872 (n° 963) qui arriva en Nouvelle-Calédonie le 5 novembre suivant.
Son dossier mentionne qu’il « s’occupe de politique » qu’il a « des idées subversives », qu’il « attend une nouvelle Commune », qu’il « excite ses camarades à la haine du gouvernement, des prêtres et des riches ». Il est qualifié de « grand bavard communeux mais sans influence ». Amnistié, le 15 janvier 1879, il rentra par la Picardie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35383, notice MOUTON Pierre, Augustin par Pierre-Henri Zaidman, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 12 octobre 2019.

Par Pierre-Henri Zaidman

SOURCES : Arch. Min. Guerre, B 815 et GR 8 J 246 (258). — Gazette des Tribunaux, 22 juin 1848. — Le Temps, 8 juillet 1862. — La Presse, 8 juillet 1862. — Arch. Nat., BB 24/827, n° 10 405. ANOM H colonies 93. — Arch. PPo., listes d’amnistiés.

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