MUNICH Charles

Né à Malzéville (Meurthe) le 8 novembre 1811. Socialiste vosgien.

Charles Munich était le fils de Jean Munich, originaire d’Obendorff, région de Mayence, qui s’était établi comme brasseur (ou ouvrier brasseur) à Malzéville.
Charles Munich vivait à Vittel, qui n’était pas encore une ville d’eaux (la station thermale ayant été fondée par le proscrit politique Bouloumié après le 2 décembre). Il était capitaine de la compagnie des sapeurs-pompiers, et notaire sous la Seconde République. Il était alors retiré des affaires, avec 2.000 f. de revenu immobilier et 700 f. de capital. Il s’était marié à Vittel, le 22 mai 1837.
Munich fut condamné par le tribunal correctionnel pour voies de faits sur le notaire qui lui avait succédé. Il s’était rallié à la République et propagea, à en croire l’administration, des doctrines socialistes très avancées. Les rapports sont unanimes à le considérer comme un « meneur ». Ses relations socialistes, sa collaboration au Peuple vosgien lui valurent les tracas de l’administration réactionnaire ; son père étant étranger, on voulut le considérer comme tel. Ces soupçons d’extranéité venaient, du reste, de certains notables de Vittel, comme l’avouait le sous-préfet de Mirecourt, le 7 janvier 1851.
Munich se défendit. Il écrivait au préfet, le 14 janvier 1851 : « Déjà bien des fois j’ai eu le désir d’aller m’entretenir avec vous, Monsieur, car si vous avez été républicain, et si vous l’êtes encore, comme vous me l’avez dit vous-même... » Aucune expression ne pouvait davantage froisser le préfet Eugène Regnault d’Épercy, ancien sectionnaire des Droits de l’Homme, ancien contumace d’avril 1835, qui s’efforçait de faire oublier un passé révolutionnaire très orageux. Aussi se montra-t-il menaçant, tout en cherchant à faire influencer Munich par son beau-frère le conseiller général Mongenez.
Le 6 décembre 1851, quatre jours après le coup d’État, d’Épercy faisait arrêter et conduire Munich à la maison d’arrêt de Mirecourt. Les notices individuelles et autres rapports qui le concernent, en 1852 et ultérieurement, sont rédigés en termes hostiles : « Démagogue avancé qu’on peut considérer comme chef du parti socialiste du canton, ne rêvant que le bouleversement du gouvernement de SMI et regardant ce légitime souverain comme un usurpateur du pouvoir [...] Était un des chefs les plus fougueux du parti démagogique dans le canton de Vittel. Il exerçait la plus dangereuse influence. Bravant les actes de l’autorité, il semait l’inquiétude et l’agitation dans les communes et il était devenu la terreur des honnêtes gens [...] Homme d’un caractère ardent, violent, inquiet et tracassier [...] s’il y reparaissait déjà, il y aurait certainement dislocation de l’administration municipale... » etc.
Bref, la Commission mixte des Vosges avait condamné l’ex-notaire à l’internement à Argentan (Orne) et son recours en grâce avait été rejeté (23 avril 1852). Cependant, il n’usa jamais du passeport qui lui avait été délivré pour Argentan et se trouva finalement interné à Nancy.
En janvier 1853, il rentrait à Vittel sans autorisation, en excipant d’une lettre du prince de Beauvau qui lui annonçait sa grâce. Il n’en resta pas moins suspect et était noté dans un rapport du sous-préfet de Mirecourt de 1853 (4 juillet) comme « socialiste exalté, entreprenant, influent, ambitieux. » Ce même sous-préfet note incidemment, dans une lettre du 18 octobre 1855, qu’il est « décédé ». Cf. Richard Napoléon*
Ajoutons que le père de Charles Munich appartenait à la loge de Nancy où il avait été initié le 17 novembre 1828, ce qui indique, compte tenu du recrutement de cette loge à l’époque, une situation sociale aisée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35420, notice MUNICH Charles, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Vosges, 8 bis M 5, 12 M 12.

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