ODE Albert [ODE Pierre, Albert]

Par Raymond Huard

Né le 26 novembre 1811 à Pont-Saint-Esprit (Gard), mort le 7 février 1868 à Valparaiso (Chili) ; avocat ; démocrate socialiste.

Fils d’un employé de l’octroi qui devint plus tard négociant, Albert Ode fit des études de droit à Aix (Bouches-du-Rhône) où, d’après ses propres dires, il aurait fait partie d’une société républicaine en correspondance avec celle des droits de l’Homme en 1834-1835. Il s’installa ensuite avocat à Nîmes où il épousa Philippine Régnier dont il avait auparavant eu quatre enfants. Il était déjà à cette époque républicain, mais sans doute avec des sympathies bonapartistes puisqu’il prénomma ses enfants Pierre Napoléon Albert, Rose Élisa et Joséphine. Albert Ode se remaria le 5 avril 1845 à Donzère avec Caroline Peillard, dont il eut un enfant en 1849, Léonce Auguste, et s’établit avocat à Uzès, ville alors dominée par les légitimistes. Il y fut maire provisoire en février 1848, puis procureur de la République, poste dont il fut révoqué le 9 février 1849. Presque au même moment, il fut compromis dans une bagarre qui avait éclaté à Uzès entre républicains et légitimistes à l’occasion du Carnaval et eut affaire aux tribunaux.
Leader du parti républicain dans la localité pendant que son frère Camille Ode, passementier à Lyon,, participait aussi au mouvement démocratique, Albert ode resta sur des positions légalistes jusqu’en 1850. Mais le vote de la loi du 31 mai 1850 restreignant le suffrage universel, loi contre laquelle il fit signer des pétitions dans sa localité, le poussa à s’engager avec Alphonse Gent*, son condisciple autrefois à Aix, dans la construction d’une organisation clandestine du parti républicain, la Nouvelle Montagne.
Pour cette activité, il fut arrêté le 28 octobre 1850, puis jugé à Lyon par un conseil de guerre qui le condamna, ainsi que Gent et Langomazino* à la déportation, peine qu’il subit à Nouka-Hiva (îles Marquises), Ayant manifesté tant pendant son voyage qu’après son arrivée dans l’île (où sa femme et son fils l’avaient accompagné), un esprit de résistance à l’administration pénitentiaire et des idées très hostiles au gouvernement en place, Albert Ode ne fut pas gracié comme Langomazino, mais comme l’établissement pénitentiaire coûtait trop cher pour deux détenus seulement, sa peine fut commuée ainsi que celle de Gent en vingt ans de bannissement. Les bannis furent alors conduits au Chili.
Il vécut de la vente de vêtements féminins et refusa toute amnistie. Il mourut le 7 février 1868 à Valparaiso sans avoir eu le plaisir de voir s’effondrer l’Empire. Sa femme décéda le 11 juillet 1886 au Chili.
Il y a toujours au Chili des descendants d’Albert Ode.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35612, notice ODE Albert [ODE Pierre, Albert] par Raymond Huard, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 11 mars 2019.

Par Raymond Huard

Clothilde Peillard
Léonce, Auguste Ode, fils d’Albert Ode et de Clothilde Peillard

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/407 (situation des déportés à Nouka Hiva). — Arch. Dép. Rhône, complot de Lyon (contient la correspondance d’A. Ode avec ses frères entre février 1849 et septembre 1850). — Arch. Mun. État civil NMD Pont-Saint-Esprit 1810-1812, mariages Nîmes, Uzès naissances, 1843-1852. — Courrier du Gard, 15 février 1849. — R. Huard, « Correspondance de militants, Albert Ode et ses frères », Annales historiques de la Révolution française, octobre 1975, p. 584-602. — Dominique Lecœur, Louis Langomazino ou le triomphe de la volonté, 1820-1885. Mémoire de maîtrise, Montpellier, 1993. — Notes de Philippe Annedouche.

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