Né à Marseille le 2 juillet 1825, mort à Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie) en 1913. Il épousa en premières noces une fille du musicien Liszt et de Mme d’Agoult, morte en 1862. Commissaire du Gouvernement provisoire dans les Bouches-du-Rhône en 1848. Premier ministre de Napoléon III en janvier 1870.
Émile Ollivier était le fils de Démosthène Ollivier*, admirateur de Rousseau, marchand de parapluies et ancien carbonaro à Marseille. Nommé commissaire dans le Var en même temps que dans les Bouches-du-Rhône, Émile Ollivier trouva une situation difficile à la fin du mois de février 1848. Le travail étant rare, les ouvriers s’agitaient pour obtenir le départ des étrangers. Il réussit à empêcher toute émeute. Pour cela, de sa seule autorité, le 6 avril, il fixa la journée de travail à dix heures dans les Bouches-du-Rhône. Mais, en juin, quelques jours avant l’insurrection parisienne, le bruit courant que la journée allait partout être ramenée à onze heures, les ouvriers marseillais construisirent leurs barricades. Émile Ollivier fit face, sans déchaîner une répression impitoyable comme celle de Cavaignac à Paris. Ses rapports avec les masses populaires marseillaises ne furent même pas altérés, et, durant les premiers mois de la République conservatrice, Émile Ollivier apparut comme un conciliateur favorable, selon les conservateurs, uniquement aux ouvriers. Il fut alors envoyé en disgrâce dans une autre préfecture, avant sa révocation qui ne tarda pas.
En 1849, Émile Ollivier adhéra au Comité central de Résistance ou Société de Résistance de Louis Greppo*, de Miot*, de Martin Nadaud*, groupe de démocrates socialistes décapité à la veille du coup d’État. (Voir Jean Pensée*.) Avocat à Paris, Émile Ollivier avait eu, antérieurement au coup d’État, à répondre de paroles que lui prêtait le préfet de l’Aube : « Nous traquerons le président comme une bête fauve », et qu’il aurait tenues dans une réunion électorale.
Comme député de l’opposition, déjà rallié de cœur à l’Empire, Émile Ollivier fut chargé en 1864 de rapporter le projet de loi accordant le droit de coalition aux ouvriers, tout en en restreignant strictement l’exercice. Il conseilla alors aux ouvriers de constituer leurs propres chambres syndicales.
Après 1870, Émile Ollivier passa le reste de sa vie à justifier sa conversion à l’Empire libéral et son ministère sous l’Empire parlementaire. Il y a beaucoup à glaner, même pour l’histoire du mouvement ouvrier, dans cette production littéraire abondante aux titres divers. (Cf. L’Empire libéral, paru de 1895 à 1901.)
SOURCES : Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — G. Duveau, La Vie ouvrière en France sous le Second Empire.