ORDINAIRE Désiré

Par Jean-Claude Dubos

Né en 1773 à Besançon, mort en 1847 ; docteur en médecine ; directeur de l’Institut des Sourds-Muets ; fouriériste intéressé par les questions d’agronomie.

Fils d’un avocat, maire de Besançon en 1789, Désiré Ordinaire était le frère cadet de Jean-Jacques Ordinaire (1770-1843), camarade de collège de Fourier, mais qui ne fut jamais fouriériste. Docteur en médecine, Désiré Ordinaire fut doyen de l’éphémère faculté des Sciences de Besançon (1809-1815) puis inspecteur de l’Académie de Besançon, dont son frère Jean-Jacques était le recteur. Ce sont les frères Ordinaire qui introduisirent à Besançon les écoles mutuelles (système Lancaster) dont l’un des élèves fut Pierre-Joseph Proudhon*.

En 1821, lors du départ de Jean-Jacques pour Paris, Désiré le remplaça comme recteur, puis devint en 1824 recteur de l’Académie de Strasbourg et termina sa carrière universitaire comme directeur de l’Institut royal des Sourds-Muets à Paris. Passionné d’agronomie et membre du groupe fouriériste constitué vers 1820 autour de Just Muiron, il proposa en mars 1823 à la Société d’Agriculture du Doubs de mettre au concours un projet de Comptoir communal assurant le placement des produits agricoles et offrant la possibilité de faire des avances aux cultivateurs. Le programme du concours, certainement rédigé par Désiré Ordinaire, mais signé par le président de la Société, Girod de Chantrans peint un tableau éloquent de la misère paysanne à cette époque : « Sur une population de 60 000 individus dans l’arrondissement de Besançon, on en compte environ 10 000 ayant à peu près le strict nécessaire aux moyens de culture et pouvant garder leurs récoltes jusqu’aux époques avantageuses pour la vente ou la consommation. 50 000 habitants sont donc réduits à s’exténuer de fatigue en cherchant à suppléer par leurs bras au défaut d’attelages ou de machines. Le peu de bétail qu’ils tiennent est chétif, abâtardi par défaut d’argent pour se procurer de belles races, infirme par excès de travail et par défaut de nourriture. Leurs terres, sans fumiers, restent sans produits, mais non pas sans impôts. Toujours harcelés par le besoin, ces 50 000 individus moissonnent avant la maturité pour se nourrir. Et c’est en même temps et en foule qu’ils portent leurs denrées au marché. Dès lors la concurrence des vendeurs réduit au minimum le prix de la vente au seul bénéfice du marchand et de l’agioteur. Tel est donc l’état des agriculteurs que, lorsque les produits de leur travail ont échappé à l’action destructive des causes qui le rendent stérile, ils ne servent, le plus souvent qu’à enrichir les parasites de l’état social. » Pour pallier cette situation, Désiré Ordinaire citait en exemple les « positos », entrepôts de grains établis en Espagne et qu’un M. Amade, ancien commissaire des guerres proposait d’introduire dans le département du Gers.

La Société d’Agriculture ne reçut qu’un seul projet rédigé par Just Muiron, mais se refusa à le mettre en pratique. Quant à Désiré Ordinaire, il semble avoir ensuite abandonné toute activité au sein du groupe fouriériste, passant le relais à son fils Édouard Ordinaire*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35647, notice ORDINAIRE Désiré par Jean-Claude Dubos, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 27 mars 2012.

Par Jean-Claude Dubos

SOURCES : Mémoires de la Société d’Agriculture du Doubs 1823 et 1824. — Mémorial d’Agriculture pour le département du Gers, tome n° 12. — Jean-Claude Dubos, « Les parentés académiques des premiers socialistes comtois », Procès-verbaux et Mémoires de l’Académie de Besançon, vol. 190, 1992-1993.

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