ORDINAIRE Édouard

Né à Besançon (Doubs) en 1812, mort à Maizières-Notre-Dame (Doubs) le 12 mars 1887. Médecin. Fouriériste.

Fils de Désiré Ordinaire*, directeur de l’Institut des Sourds-Muets, Édouard Ordinaire n’avait que 24 ans le 7 avril 1836 lorsqu’il écrivit ce curieux testament, conservé dans le fonds Victor Considerant* à la Bibliothèque de l’École Normale Supérieure : « Je donne et lègue toute ma fortune à Madame Clarisse Vigoureux* parce que je sais qu’elle la fera servir jusqu’au dernier centime à l’établissement de l’harmonie sur la terre. Je l’aime et je la vénère à cause de son dévouement sans bornes à la cause phalanstérienne. »
Cependant, dès 1837, Édouard Ordinaire fondait avec Hugh Doherty*, Eugène Tandonnet* et Henri Fugère*, l’Institut sociétaire, hostile à Considerant et qui n’eut qu’une existence éphémère. Il publiait alors, au nom de la Commission préparatoire de l’Institut sociétaire, une brochure in-8° de 32 pages : Aux Phalanstériens (Bibl. Nat., Rp 1125). Il habitait alors Paris, 11, rue Mazarine. Par la suite, revenu à Besançon comme docteur en médecine (il paraît que la Faculté de médecine de Strasbourg avait d’abord rejeté sa thèse parce qu’il était fouriériste — Arch. Nat., 10 AS 37), il prenait avec Hippolyte Renaud* la succession de Just Muiron* à la tête du groupe fouriériste bisontin et participait activement à la fondation de l’Union agricole du Sig lancée par un groupe de fouriéristes lyonnais sous l’impulsion du capitaine Gauthier et d’Aimée Beuque*. Le 7 janvier 1847, Ordinaire écrivait à Considerant : « C’est maintenant que la colonisation de l’Algérie peut devenir la grande affaire de la France. Nous seuls pouvons peut-être l’empêcher de devenir la proie des vautours financiers. Que l’École sociétaire le veuille et, en expérimentant le meilleur système de colonisation pour l’Algérie, elle arrivera bientôt à la démonstration pratique du régime sériaire. »
En fait, soutenue par Lamoricière malgré l’hostilité de Bugeaud, l’Union Agricole du Sig obtint le 18 novembre 1846 la concession de 3 059 hectares où se déroula de 1847 à 1850 un essai d’association capital-travail sous la direction de Jules Duval* qui se louait « du ralliement de l’élément arabe dans un intime rapprochement avec l’élément européen ». Mais, dès 1851, l’Union Agricole revint à la pratique du salariat.
En 1848, Édouard Ordinaire se trouvait à Besançon où il fonda Le Républicain de Franche-Comté, journal socialiste, et anima le Cercle phalanstérien, qui organisait les rencontres entre les nombreux disciples de Charles Fourier* dans le Doubs et dans toute la Franche-Comté. En outre, le Cercle phalanstérien soutenait dans les campagnes l’action démocratique entreprise par le commissaire-adjoint du Gouvernement provisoire à Besançon, Faivre. (E. Préclin, « La Révolution de 1848 en Franche-Comté », Études d’Histoire moderne et contemporaine, t. II, 1948, pp. 276-308.) Voir Beley Frédéric*, Muiron Just*
Sous le Second Empire, Édouard Ordinaire devint maire de la petite commune de Maizières-Notre-Dame (canton d’Ornans) où il avait une propriété. En 1867, une querelle électorale pour un siège au conseil général lui donna l’occasion d’écrire un pamphlet humoristique : Une élection dans le grand-duché de Gérolstein, qui lui valut une condamnation.
Le 24 mai 1869, il fut élu député par la première circonscription de Besançon avec 18 398 voix (votants : 36 638 ; inscrits : 45 409), sous l’étiquette de républicain radical. Au cours de sa campagne électorale, il afficha un antibonapartisme systématique. Il fut appuyé par le journal Le Doubs, lu des citoyens d’opinion socialiste.
Édouard Ordinaire s’éleva contre les lois militaires de la fin de l’Empire et vota contre la déclaration de guerre à la Prusse. Après le 4 septembre 1870, il fut nommé préfet du Doubs et s’y montra, dit-on, d’une telle incapacité que Gambetta dut le destituer. « Aussi peu que possible homme d’action, il fut débordé par l’autoritarisme de sa femme qui lui inspirait une sorte de terreur. » (Fourquet, Hommes célèbres de Franche-Comté.)
Le discrédit attaché à sa personne explique, avec ses opinions radicales, son échec électoral du 8 février 1871 (7 961 voix pour tout le département). En 1870, il avait publié une brochure : Du perfectionnement de la race préfectorale, pamphlet qui maintenant se retournait contre lui. Il collabora à des journaux républicains de Besançon : La Démocratie franc-comtoise et Le Bon Sens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35648, notice ORDINAIRE Édouard , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Clarisse Vigoureux, Parole deProvidence, préface de Jean-Claude Dubos, Seyssel, Champ Vallon, 1993, p. 54-55. — Charles-André Julien, Histoire de l’Algérie contemporaine, Paris, PUF, Tome I, p. 248-249 (sur l’Union Agricole du Sig). — Roger Marlin, La Presse du Doubs pendant la guerre de 1870-1871, Dôle, 1956. — Roger Marlin, Les élections législatives dans le Doubs en 1869. — Note de J.-C. Dubos.

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