DUVIVIER Armand (LOUIS dans la Résistance)

Par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet

Né le 19 mai 1909 au Perchay (Seine-et-Oise), mort le 19 mars 1993 à Fréjus (Var) ; ajusteur, mécanicien ; résistant ; secrétaire général de l’Union départementale CGT de la Somme (1955-1965) ; militant communiste.

Fils d’un journalier dans une sucrerie, Armand Duvivier, marié à une tapissière, fut mécanicien-ajusteur à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Il fréquenta d’abord un groupe de jeunes chrétiens puis adhéra au Parti communiste en 1934, année où il arriva à Amiens (Somme). « Le sectarisme m’avait obligé à rester à l’écart » jusqu’à cette date écrivit-il en 1937. Il fut membre du comité régional de Picardie constitué des départements de l’Oise et de la Somme à partir de 1938. Mobilisé en septembre 1939, Armand Duvivier fut affecté au 15e Génie des chemins de fer comme mécanicien-conducteur de locomotive sur la ligne Maginot. Armand Duvivier fut fait prisonnier en juin 1940 puis libéré en août de la même année.
Sous le pseudonyme « Louis », Armand Duvivier fut le premier responsable militaire des groupes armés de Résistance communiste dans l’Oise et la Somme à partir de juillet 1941. À partir de juillet 1941 il dirigea la formation et l’organisation militaire d’environ deux-cents résistants dans l’Oise et dans la Somme. Le 13 mai 1941, des agents se présentèrent à son domicile afin de l’arrêter. Il quitta alors sa famille et son activité professionnelle pour entrer dans la clandestinité totale. En novembre 1941, il fut nommé commandant militaire FTPF pour la Normandie. Il constitua progressivement, avec Jean Petit, Maurice Lemaire et Marcel Deneux ce qui allait devenir l’interrégion Normandie-Picardie comprenant à l’origine sept départements (Seine-inférieure, Calvados, Manche, Orne, Somme, Oise et Eure). Il rencontre Elie Ventura à Evreux, pour "poser les tâches d’organisation de l’OS" et en évoquant une tentative de faire évader Pierre Semard. Il côtoya alors les acteurs, témoins et victimes de l’affaire Georges Déziré et son rôle fut étudié lors de la commission d’enquête des cadres en 1948.
Il organisa des sabotages, notamment celui de Mézidon (Oise), au printemps 1942, qui provoqua le déraillement de l’express Cherbourg-Paris au cours duquel le général SS commandant la place de Cherbourg fut tué. En mai 1942 Armand Duvivier devint comme responsable interrégional en Touraine.
Nommé en juillet, commandant de la région Bordelaise et responsable du PC, il fut très activement recherché par la Gestapo dans les sept départements où il exerça son commandement. Le 7 juillet 1942 il se rendait à un rendez-vous avec un chef local des forces résistantes lorsque sept policiers, trois de la Brigade spéciale de Bordeaux et quatre SS l’arrêtent. Torturé pendant douze heures, il subit soixante jours de cachot, maintenu par des fers, à la caserne Beaudot. Condamné à mort par le conseil de guerre de Bordeaux, son exécution fut différée. Il fut alors interné à Romainville et interrogé par un inspecteur de la Brigade spéciale de Saint-Quentin. L’interrogatoire portait sur les effectifs et les noms des Résistants. Il ne parla pas. Classé "Nuit et Brouillard", déporté, le 28 mars 1943, à Mauthausen il devint l’un des membres de la direction de la Résistance dans le camp. Affecté aux Kommandos Gussen I puis Gussen II, dans l’usine souterraine Saint-Georges, il fut découvert à deux reprises au moment où il sabotait des pièces et des machines sur lesquelles il travaillait. Il fut alors roué de coup par les SS.

Armand Duvivier revint en France en mai 1945, reçut le grade de commandant FTPF et reprit ses activités militantes après avoir été soigné quelques mois en Suisse.
Membre du comité fédéral du PCF jusqu’en 1949, Armand Duvivier revint dans cette instance en mai 1954 et accéda au bureau fédéral en juin 1956. Armand Duvivier fut par ailleurs conseiller municipal d’Amiens de juillet 1950 à 1959, date où il échoua avec toute la liste de son parti. Armand Duvivier représenta aussi le Parti communiste aux élections cantonales d’avril 1955 dans le canton d’Amiens-Sud-Ouest et fut battu au second tour par le socialiste Maurice Vast.
Secrétaire-adjoint de l’Union départementale CGT à la Libération, Armand Duvivier fut appelé au secrétariat général en juillet 1955 à la suite de l’élimination d’Henri Lenglet. Armand Duvivier conserva cette fonction jusqu’en 1965, année où il quitta aussi le bureau et le comité fédéral du PCF pour se retirer dans le Midi de la France.
Marié en mai 1930 à Us (Seine-et-Oise) avec Denise Finet, divorcé, Armand Duvivier se remaria en décembre 1949 à Amiens (Somme) avec Mireille Bourguignon. Divorcé, il se maria une troisième fois en avril 1968 au Canet (Alpes-Maritimes) avec Simonne Chazalon, union qui fut dissoute en janvier 1970. Armand Duvivier se remaria en septembre 1973 à Saint-Raphaël (Var) avec Teresa Ghignatti.

En 1950, un rapport de la commission des cadres établit l’innocence de Georges Déziré et affirma que Duvivier avait été le principal accusateur de Déziré. Il avait notamment accusé Déziré d’avoir fait échouer l’évasion de Pierre Semard du château du Gaillon.

Décédé en mars 1993, Armand Duvivier était titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3571, notice DUVIVIER Armand (LOUIS dans la Résistance) par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 18 août 2021.

Par Jean-Pierre Besse, complété par Philippe Pauchet

SOURCES : Arch. Dép. Somme, 79W 105/1121. — SHD, Vincennes, 16P 206858. — RGASPI, Moscou, autobiographie du 13 décembre 1937. — Le Travailleur de la Somme, 1945-1970. — Albert Ouzoulias, Les fils de la nuit, Grasset, 1975. — Cécile Ouzoulias, J’étais agent de liaison, Messidor, 1988. — Note de Dominique Duverlie. — Renseignements fournis par A. Dujardin. — Daniel Pillon et Catherine Roussel, La Résistance dans la Somme, DVD Rom. Fondation de la Résistance 2018. — État civil.

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