PANDELLÉ Édouard, Joseph (parfois écrit PANDELÉ Édouard, ou PANDELLET Joseph, ou PANDELET Édouard-Joseph, ou PENDELET)

Par Notices rassemblées, revues et complétées par Michael Sibalis

Né le 20 nivôse an VII (10 mars 1799) à Agen (Lot-et-Garonne), mort après 1881 ; typographe et imprimeur en caractères ; animateur de coalitions ouvrières ; républicain, membre actif de sociétés diverses, puis communiste.

Malgré les orthographes multiples, il s’agit bien d’un même personnage. Fils d’un tailleur d’habits, Pandellé participa aux « Trois glorieuses » de juillet 1830 et fut médaillé de Juillet pour la défense héroïque de la liberté (l’un des trente-sept d’Agen ?).
Marié et habitant 1 rue de la Vieille Boucherie, à Paris (XIe arr. ancien, maintenant emplacement place Saint-Michel, Ve), il était membre de la Société des doits de l’homme et sans doute de sa commission de propagande, puisqu’il fut arrêté, lors d’une réunion de cet organisme, le 8 décembre 1833, chez Napoléon Lebon* et Jean-Jacques Vignerte*, au 27 rue Saint-Jean-de Beauvais (XIIe arr. ancien, actuel Ve). Les participants arrêtés, une douzaine environ dont Berrier-Fontaine*, Lebon, Félix Mathé*, Vignerte furent accusés d’avoir encouragé et préparé les grèves de l’automne 1833 dans un but politique. Le procès eut lieu du 26 au 28 avril 1834. Pandellé fut acquitté. Il est signalé pour avoir été détenu en 1834 avec Adrien Recurt* pour affaire politique. S’agit-il de la même ? Il ne semble pas avoir été inquiété lors du procès des journées insurrectionnelles d’avril.
Demeurant cette fois 40 rue Saint-Jean de Beauvais, il fut l’un des orateurs lors du Premier Banquet communiste tenu le 1er juillet 1840 à Belleville, où il porta un toast au courage des Polonais. (Voir Jean-Jacques Pillot.*). En 1842 et 1843, on pouvait se procurer le Code de la communauté de Théodore Dezamy* à son domicile, toujours 40, rue Saint-Jean de Beauvais.
En 1848, il était compositeur et prote d’imprimerie. Après Février, il était employé à la mairie du XIIe arrondissement ancien, entré lors du renvoi par Armand Barbès* de tout le personnel et désigné pour être chef du bureau de la Garde nationale, il assistait la femme du maire Gornet dans les travaux qu’elle dirigeait pour les femmes. Il distribuait tous les secours et c’est par lui que passaient tous ceux qui avaient recours à l’assistance.
.Quoique devenu infirme (on ne sait à quelle occasion), cet ancien combattant reprit les armes en Juin 1848, et se trouva avec un fusil au coin de la rue Saint-Jean-de-Beauvais où il habitait (toujours la même rue, mais, semble-t-il, au 31). Bien qu’il attribuât son arrestation à « la malveillance d’une dénonciation dénuée de tout fondement », il fut condamné, le 7 août 1848, à la transportation et subit trois mois de prison sur un ponton, avant d’être gracié le 19 décembre suivant, sur l’intervention de Bérard, représentant du Lot-et-Garonne,
Pandellé, père de trois enfants, s’installa dans sa ville natale, Agen où il était connu pour ses idées républicaines. En 1851, il fut soupçonné d’avoir participé à l’insurrection locale contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Interrogé, le 23 décembre 1851, Pandellé déclara qu’il avait quitté Paris pour Agen, « pour y vivre en dehors de tout mouvement politique ». Il reconnaissait avoir été sur la place du Palais à Agen lors des troubles du 4 décembre 1851, mais prétendit qu’il n’avait jamais pris les armes et déclara : « Je n’ai pour mon compte proféré aucun cri, je me suis simplement promené sur la place, le commissaire de police et le sergent de ville avaient l’œil sur moi ». Voir Jean Davezac*
Par décision de la Commission militaire de Bordeaux en 1852, il fut transporté, destiné à « Algérie plus », mais il bénéficia d’une remise. Il finit ses jours à Agen, où l’on disait de lui en octobre 1870 : « C’est notre doyen en démocratie. » Quand on demanda au vieillard (72 ans, « estropié, incapable de travailler »), interné dans l’hôpital Saint-Joseph, ce qu’il voulait de la nouvelle République, il répondit : " Si la République croit me devoir quelque chose ; aujourd’hui, je lui demande : un verre de vin pur et une nourriture plus variée et surtout plus confortable. Vive la République ! » En 1881, à 82 ans, il était toujours à l’hospice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35738, notice PANDELLÉ Édouard, Joseph (parfois écrit PANDELÉ Édouard, ou PANDELLET Joseph, ou PANDELET Édouard-Joseph, ou PENDELET) par Notices rassemblées, revues et complétées par Michael Sibalis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 13 août 2016.

Par Notices rassemblées, revues et complétées par Michael Sibalis

SOURCES : Arch. Nat., F1d III 39, « Commission des récompenses nationales : noms des citoyens qui ont mérité la décoration spéciale », XIIe arrondissement, 2424 ; CC 616, registre de la « Loterie patriotique » (en fait, une liste des membres de la Société des droits de l’Homme) ; CC 675, dossier Bescher, lettres de Pandellé écrites pendant son incarcération à la prison de Sainte-Pélagie (janvier-mars 1834) ; BB/30 398, Département de Lot-et-Garonne : Insurrection de décembre 1851, 667 (Pandellé) ; F7 2585 (inculpés de juin 1848), 8 888 (Pandellé). — Arch. Armée de terre (Vincennes), justice militaire (1848), dossier 7500 ; justice militaire (1851), dossier 667 (vide) — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, IV E 1/8, déclaration de naissance, 21 ventôse an VII (11 mars 1799) ; 4 M 33, dossier Pandellé ; 4 M 39, État nominatif des personnes du département qui ont été frappées par des mesures gouvernementales en Xbre 1851 ; 4 M 42, Commission militaire, Insurrection Xbre 1851, dossier Pandellé. — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/4 19-3231, DY/8 7-1046. — « Arrestation de la Rue Saint-Jean-de-Beauvais », La Tribune, 12 décembre 1833. — Gazette des tribunaux, 26-30 avril 1834. — J.-J. Pillot, Premier Banquet Communiste, le 1er juillet 1840, Paris, 1840. — Victor Bouton, Profils révolutionnaires par un crayon rouge, Paris, 1848-1849, p. 152. — Histoire des conseils de guerre de 1852, ou Précis des événements survenus dans les départements à la suite du coup d’État de décembre 1851, Paris, 1869, p. 218. — Jacques Grandjonc, Communisme/Kommunismus/Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 447, 448. — Note de J. Grandjonc.

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