ELOY Justin, Aimé

Par Didier Bigorgne

Né le 21 février 1910 à Harcy (Ardennes), mort le 27 juin 1992 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes) ; chauffeur de route ; résistant et déporté ; syndicaliste CGT et militant communiste ; conseiller municipal (1959-1971) puis maire adjoint (1971-1977) de Nouvion-sur-Meuse.

Remise de la Légion d’honneur à Justin Eloy en 1990.
Remise de la Légion d’honneur à Justin Eloy en 1990.

Justin Éloy était le fils de Louis Éloy, ouvrier ardoisier, et de Maria Sommé, cultivatrice. Après l’obtention du certificat d’études primaires en 1923, il devint aussi ardoisier à Rimogne (Ardennes). Le 23 mai 1931, il y épousa Claire Debieuvre, ouvrière ardoisière. De cette union naquirent deux filles. En 1937, Justin Éloy entra à la SNCF en qualité de chauffeur de route au dépôt de Lumes-triage. La famille s’installa dans la ville voisine de Nouvion-sur-Meuse (Ardennes).

Justin Éloy était membre du syndicat CGT des cheminots de Lumes et militait au Parti communiste à Nouvion-sur-Meuse. Pendant l’Occupation, avec les cheminots communistes de la localité, Albert Villemaux, maire révoqué, Arthur Meert et Jules Ruchot, membres du comité fédéral des Ardennes, il participa à la Résistance dans le mouvement du Front national en liaison avec les communistes du Nord. Il était surtout chargé de récupérer les armes abandonnées sur les champs de bataille en mai-juin 1940. En juin 1942, il réussit à échapper à la police spéciale de Reims venue pour l’arrêter. Celle-ci se vengea sur son épouse qui fut emprisonnée à Charleville (Ardennes). Éloy fut pris sept mois plus tard à Vic-sur-Aisne (Aisne) après sa participation à toute une série de sabotages dans la région de Saint-Quentin. Il fut d’abord interné au camp de Royallieu près de Compiègne (Oise), puis déporté au camp de concentration d’Oranienburg (Allemagne). Il fut libéré en juin 1945.

Après la Seconde Guerre mondiale, Justin Éloy fut délégué du personnel au dépôt de Lumes-triage. En octobre 1948, il participa aux grèves qui paralysèrent les centres ferroviaires ardennais de Charleville, Mohon, Lumes et Amagne. Il fit partie des quarante-huit cheminots inculpés d’entrave à la liberté du travail qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville le 1er juin 1949. Le jugement rendu le 29 juin condamna vingt-et-un grévistes et en acquitta vingt-sept au bénéfice du doute : Justin Éloy fut relaxé.

Aux élections municipales de 1959, Justin Éloy fut élu conseiller municipal de Nouvion-sur-Meuse sur la liste du Parti communiste qui remporta tous les sièges. Il fut réélu en 1965 et 1971. Il devint alors troisième adjoint au maire Roger Villemaux et le demeura jusqu’en 1977.

Justin Éloy était à la retraite depuis 1962 quand il mourut en 1992. Il était titulaire de la médaille de la Résistance. Il était toujours membre du Parti communiste et de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC). Il reçut la Légion d’honneur en 1990. Sa famille précise : Légion d’Honneur : "une première demande a été faite sous la présidence de monsieur Giscard d’Estaing et il lui fut donné cette réponse : "vous aurez la légion d’honneur à titre posthume", une seconde demande à été faite sous le gouvernement de Monsieur Mitterrand et là,elle a été acceptée sans problème".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3600, notice ELOY Justin, Aimé par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 3 octobre 2022.

Par Didier Bigorgne

Remise de la Légion d'honneur à Justin Eloy en 1990.
Remise de la Légion d’honneur à Justin Eloy en 1990.

SOURCES : L’Humanité-Dimanche, n° 832, 2 août 1964, et n° 833, 9 août 1964. — Presse locale. — Renseignements communiqués par la famille de l’intéressé.

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