PETIT-CRÉTAL, dit Poitevin-la-Vertu

Compagnon blancher chamoiseur à Niort (Deux-Sèvres), administrateur de la société de Secours mutuels de cette ville de Niort, il devint, après la Révolution de 1848, secrétaire de l’Association des travailleurs amis de l’ordre à Niort.

Il publia à cette époque un petit livre sur l’organisation du travail. D’après une analyse parue dans L’Echo républicain du 10 septembre 1848, sous la signature de Charles Moreau, les idées essentielles de cet ouvrage pouvaient se résumer ainsi :
Le fondement de l’organisation du travail doit être trouvé dans le principe de l’association. Les travailleurs doivent s’associer, se soutenir, s’entraider ; le travail étant essentiellement varié dans ses applications, toute organisation du travail au moyen de règlements fixes, généraux ou particuliers est une chimère, une absurdité : le travail a besoin de liberté, comme tout le reste ; si l’ouvrier a besoin du maître pour vivre, le maître n’a pas moins besoin de l’ouvrier pour faire fructifier ses capitaux : lorsque deux intérêts sont si étroitement liés, il est impossible qu’ils ne s’accordent pas à la satisfaction de tous ; le maître et les ouvriers s’entendront d’autant plus facilement qu’aucun intervenant ne se mêlera de leurs affaires : le travail s’organisera « sans le secours d’aucune commission » (allusion à la Commission du Luxembourg) ; le travail ne peut naître que de l’ordre ; celui-ci entraîne la confiance, la confiance la circulation des capitaux, qui pousse à la consommation : toute la question est donc dans la conquête de l’ordre et de la sécurité ; pour que l’ouvrier ait un travail lucratif et continu, il faut que la consommation soit en rapport parfait avec la production, mieux encore, il faudrait que la consommation dépassât la production ; il est donc nécessaire d’exciter la consommation et de modérer la production : le chômage n’est pas à craindre, l’agriculture pouvant résorber l’excédent de la main-d’œuvre ouvrière ; il faut encourager la consommation, et surtout la consommation des objets de luxe, qui est la plus rémunératrice : il ne faut pas combattre le luxe, cette source de richesse étant d’autant plus précieuse que les ouvriers qui confectionnent les objets de luxe sont plus largement rétribués ; la consommation sera d’autant plus importante que les produits seront vendus à bon marché : pour diminuer le prix des objets fabriqués, il faut que les matières premières soient aussi peu imposées que possible, l’idéal serait même qu’elles ne le fussent pas du tout ; l’État ne doit pas chercher ses ressources dans l’impôt, surtout dans l’impôt sur le revenu mobilier qui est désastreux pour l’industrie, mais dans le crédit ; pour lutter contre la concurrence étrangère, il faut éviter tout ce qui élève le prix de revient, et notamment l’augmentation des salaires ou la diminution du temps de travail ; par contre, il faut que le gouvernement emploie tous les moyens pour procurer des débouchés à l’industrie et attribue des primes à l’exportation.
En un mot, la consommation doit être développée par tous les moyens possibles, la production sera toujours capable d’y pourvoir.
On ajoutera à cette analyse que tout en critiquant Louis Blanc* et les communistes dans sa brochure, Petit-Cretal se prononçait lui-même en faveur d’une société égalitaire et surtout, il soumettait à l’Assemblée nationale un projet détaillé visant à mettre en place un véritable système de sécurité sociale à l’échelle nationale, lequel garantirait à tous les travailleurs des secours en cas de maladie ou d’accident et instaurerait le versement généralisé de pensions de retraite.
Pareille confiance dans l’organisation industrielle et dans la productivité du travail, pour n’être qu’un écho de Claude-Henri Saint-Simon* et de Charles Fourier*, vaut cependant d’être soulignée, d’autant plus que Petit-Crétal était membre d’un compagnonnage, ce qui, a priori, ferait penser qu’il était attaché à des formules artisanales de la production et à un niveau de production artisanal. Voir Martin aîné*, Vessie*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36114, notice PETIT-CRÉTAL, dit Poitevin-la-Vertu, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

œUVRE  : De l’organisation du travail et de l’amélioration du sort des travailleurs, Niort, 1848, Impr. de Robin, in-16, 35 p.

SOURCES : L’Écho républicain, journal modéré paraissant à Melle (n° du 10 septembre 1848). — Émile Monnet, Archives politiques du département des Deux-Sèvres, t. I. — Notes de M. Cordillot.

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