PISTOR Daniel, Frédéric, Louis

Né à Bergzabern (alors département du Bas-Rhin), le 29 juin 1806, mort à Bergzabern (Palatinat rhénan) le 7 août 1886. Avocat à Deux-Ponts ; un des héros de la Fête d’Hambach (27 mai 1832) ; réfugié politique à Paris (début de 1835) ; fondateur du journal Le Monde (1836) ; avocat à Metz (1842-1870).

Pistor appartenait à une famille protestante. Son père était maître de poste à Bergzabern. Il commença ses études au gymnase de Deux-Ponts, puis alla faire son droit à Munich et à Heidelberg. Il lutta contre les tendances nationalistes, xénophobes et antisémites qui se développaient au sein des associations d’étudiants allemands. Il se lia à de futures personnalités du libéralisme allemand telles que Körner, Schüler, et plus tard Henri Heine. En avril 1832, il publia un Bürgerkatechismus für Deutschland. Il y préconisait la République comme étant le meilleur régime qui convînt à l’unité allemande. Il réclamait, en outre, un impôt frappant les grosses fortunes, une administration moderne de la justice avec publicité des débats, la liberté de conscience et l’égalité des cultes pour tous. Il y faisait également un vif éloge de la Révolution française.
Il fut un des principaux participants de la manifestation libérale de Hambach (27 mai 1832). Il y prononça un important discours invitant la France, l’Allemagne et la Pologne à n’avoir qu’un seul but commun qui les libérerait.
À la fin de 1834, ou au début de 1835, Pistor fut obligé de se réfugier à Paris. Il y fonda le journal Le Monde qu’il dirigea personnellement du 16 novembre 1836 au 10 février 1837. Il eut pour collaborateurs George Sand* et Félicité Lamennais*, et ce fut à Lamennais qu’il en transmit la direction.
Pistor avait prophétisé dans Le Monde : « Pour l’Allemagne, ce sera l’avènement de la République, ou bien la domination de la Prusse ». Au moment où s’amorçait seulement le Zollverein, et trente ans avant Sadowa, c’était un jugement méritoire.
Pour pouvoir exercer une profession en France, Pistor suivit alors les cours de la Faculté de Droit de Strasbourg jusqu’au doctorat (1841). En 1842, il s’inscrivit au barreau de Metz. Avocat républicain et ennemi de la monarchie bavaroise, il se lia avec les républicains messins, comme Bouchotte et Woirhaye.
Lorsqu’éclata la révolution de Février 1848, il proposa que deux ouvriers fussent admis à siéger à la Commission départementale provisoire de la Moselle. En vain. Les républicains modérés décidèrent de l’y admettre personnellement, ainsi que Louis Bodin*, ouvrier mécanicien à l’École d’artillerie. En avril, il donna quelques cours de droit public, qui ne semblent pas avoir passionné ses auditeurs. En septembre il fut, avec Émile Bouchotte*, un des fondateurs du « Cercle républicain » du 8 de la rue du Heaume, à Metz. On le trouvait aussi au « Comité démocratique », d’inspiration nettement socialiste, constitué pour appuyer la candidature de l’ouvrier typographe Ronfort*, à l’élection législative partielle du 16 novembre 1848.
Élu au conseil de l’ordre en 1849, il devint secrétaire du Comité protestant pour l’enseignement élémentaire dans les écoles municipales de Metz. En 1861, il donna plusieurs conférences sur les colonies agricoles et pénitentiaires. Son but était de travailler à l’éducation des jeunes détenus. Il s’occupait aussi d’agriculture et de protection contre la grêle.
Son fils, le général Alfred Pistor, sera attaché militaire à l’Élysée sous la présidence de Carnot, puis sous-chef de cabinet du ministre de la Guerre de Galliffet, de 1899 à 1902.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36326, notice PISTOR Daniel, Frédéric, Louis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 1er mai 2019.

ŒUVRES : Outre quelques écrits de circonstance : sa thèse de doctorat de Strasbourg, un discours au Comice agricole de Metz de 1856 sur l’assurance contre la grêle, Pistor a publié un Extrait du cours de droit public du citoyen Pistor, Metz, Warion, 1848, in-8°, 8 pp., sans originalité visible.

SOURCES : Arch. Mun. Metz, 2 I 137, 1 K 104. — G. Volz, Zur Geschichte der Familie Pistor aus Bergzabern, D 67346 Speyer/Rhein, Robert Weber Offsetdruck OHG, 2002, 96 p.- ( Jahrbuch der Hambach-Gesellschaft. Sonderband ). — R. Decker, « Contribution à l’histoire locale du libéralisme au XIXe siècle. La Fête de Hambach. Trois « Hambachois » aux attaches lorraines, Savoye, Schüler, Pistor », Les Cahiers lorrains, Nouvelle série, 10e année, n° 2, avril 1958. — K. Baumann, Das Hambacher Fest, 27 mai 1832, Männer und Ideen, Spire, 1957. — H. Contamine, Metz et la Moselle de 1814 à 1870, t. I. — Ortwin Lamke, "Heine, Lutèce et le communisme. Une nouvelle conception de l’histoire après 1848 ?", pp. 89-101 In Henri Heine. Poésie et histoire, Revue germanique internationale, 9/1998, Paris, PUF, 1997, 207 p.

ICONOGRAPHIE : Portrait dans les ouvrages de K. Baumann et de G. Volz cités ci-dessus

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