PORNIN Bernard, dit la-Jambe-de-Bois

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

Né le 20 août 1797 à Limoges (Haute-Vienne)., mort le 15 janvier 1856 en Guyane ; ouvrier gantier à Paris. Unijambiste. Membre de sociétés républicaines et secrètes. Révolutionnaire à tendance communautaire ou communiste.

Perdit-il une jambe au cours de ses exploits révolutionnaires ou en d’autres circonstances ? Les récits des contemporains, parmi lesquels le récit très suspect du policier Chenu, ne permettent pas de l’établir sûrement. Cependant il aurait déclaré lors de l’un de ses procès, vraisemblablement celui des accusés d’avril, avoir perdu sa jambe droite en 1815.
Bernard Pornin fut membre de la Société des Amis du Peuple où il participa à la création de la section des droits de l’Homme (Voir Auguste Caunes (fils)*) et vraisemblablement aux journées des 5 et 6 juin 1832 après lesquelles il fut détenu pendant sept semaines, apparemment sans condamnation. Demeurant 1, rue Neuve-Saint-Laurent (VIe arr., maintenant rue du Vert-Bois ou rue Turbigo, IIIe) ou 21, rue Beaubourg (VIIe arr., maintenant IIIe), il passa de la section à la Société des droits de l’Homme, dans laquelle il fut commissaire pour le Ve arrondissement. Il fut arrêté lors des troubles de février 1834, écroué pour complot et refus d’obéir aux sommations le 27 à La Force, à Sainte-Pélagie le 26 mai, comparut aux premières audiences du procès des journées d’avril devant la Cour des pairs (5 au 9 mai 1835) et, après s’être vu refuser la défense de Dolley, chez lequel la police trouva sa correspondance, partagea l’évasion collective du 12 juillet suivant. Il, fut condamné par défaut à un an pour bris de prison, puis, par contumace, le 23 janvier 1836, par la Cour des pairs, à cinq ans de détention et à la surveillance à vie pour le principal.
Nous manquons de renseignements sur ce qu’il est advenu de lui après son évasion. Bien que n’ayant pu bénéficier de l’amnistie de 1837 qui excluait les contumaces (il y en eut des partielles en 1838), il aurait quand même créé avec, entre autres, Mathieu d’Épinal* et Vilcocq*, eux aussi unijambistes, les Phalanges démocratiques, organisation secrète, républicaine et communiste, rejoint ensuite la Société des Saisons, été présent lors de l’insurrection du 12 mai 1839. Demeurant 10, rue Salle-au-Comte (VIe arr., maintenant boul. Sébatopol, IVe), il fut arrêté après les journées de mai et écroué à La Force de 10 juin. D’après le registre d’écrou il fut libéré le 18 décembre, d’après d’autres sources, il serait resté en prison pour purger sa contumace. Pourtant, en août 1840, il fut poursuivi pour complot et association illicite, mais libéré quatorze jours plus tard. De nouveau écroué à Sainte-Pélagie, inculpé de complot et association illicite, le 11 septembre 1840, à la suite de manifestations et au pillage d’un poste armé, il fut libéré le 25 décembre par non-lieu. Bien que les renseignements viennent de Chenu, à l’occasion qualifié de « mémorialiste », on peut signaler qu’en 1843, à la suite d’une réunion populaire chez un marchand de vin proche de la barrière de la Chopinette (Ve arr., maintenant boul. de laVilette, Xe), Il avait réussi à créer le club communautaire de la Chopinette, réunissant une dizaine de ménages dans un immeuble populaire, essai de vie communautaire où étaient mis en commun la bibliothèque, la cuisine, la garde des enfants. Pornin donnait des leçons de doctrine.
En 1848, sa participation au combat et ses antécédents lui valurent d’être nommé commandant des Montagnards. Licencié le 16 mai, il assista le 22 juin à la réunion, rue du Harlay, des anciens officiers de la garde républicaine, et fut ainsi compromis dans l’insurrection. Il fut arrêté, mais le conseil de guerre prononça en octobre sa mise en liberté.
Poursuivi à l’occasion du complot du 13 juin 1849, il fut renvoyé des fins de la poursuite.
En décembre 1851, il fraternisa avec les insurgés armés groupés rue Saint-Martin, près de la rue du Ponceau, et distribua au moment de la fusillade sur le boulevard des munitions aux insurgés qui l’entouraient et qui gardaient les barricades. Il aurait même écrit sur un calicot une proclamation et aurait formé une espèce d’état-major dans une boutique au coin de la rue Neuve-Saint-Martin.
Arrêté une première fois, il se fit libérer en produisant une lettre prouvant qu’il n’était pas sorti de chez lui. Réincarcéré et condamné à la transportation, il fut embarqué pour la Guyane le 5 septembre 1852. Il y mourut le 15 janvier 1856.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36464, notice PORNIN Bernard, dit la-Jambe-de-Bois par Notice revue et complétée par Jean Risacher , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 décembre 2020.

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 11692 et B 688 et 1494. — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/4 20-4129, DY/8 8-1240, DY/4 47-4585, DY/8 21-2904. — Cour des pairs, Affaire du mois d’avril 1834. Rapport fait à la Cour des pairs par M. Girod (de l’Ain), Imprimerie royale, Paris, 1834-1836, vol.Vol. 6 p 593. — Tableau synoptique des accusés d’avril jugés par la cour des pairs établi par Marc Caussidière, Lyon, imprimerie de Boursy fils, 1837, Arch. Nat. BB 30/294, Bibl. Nat. in-4° Lb 51/24984. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 593 D 1 N° 33, CC 615 D 2, CC 616 D 1. — Cour des pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 725, CC 747 N° 492. — J.-Cl. Caron, La société des Amis du Peuple (1830-1833), mémoire de maîtrise, sous la direction de Louis Girard, Paris IV, 1978. — Jacques Valette, « Utopie sociale et utopistes sociaux en France vers 1848 », 1848, les utopismes sociaux, Paris CDU SEDES 1981, Société d’Histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle. — Ph. Matthey, Les membres des sociétés secrètes républicaines parisiennes sous la monarchie de Juillet, mémoire de maîtrise sous la direction de Philippe Vigier, Paris X, 1986. — Note de R. Shapira.

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