POTIEN Joseph ou POTION Joseph

Fondateur, à Rouen, d’une association générale ouvrière.

Né dans le Nord où il avait, étant enfant, commencé à travailler comme rattacheur de fil, venu à Rouen en 1826. Successivement ouvrier fileur, contremaître de tissage à main, contremaître de tissage mécanique, pareur. Retiré de l’industrie en 1848 et sans doute occupé dans le commerce, chaque jour, après deux heures de l’après-midi, Potien ne se contentait pas de cette relative réussite sociale.
Il proposait, en mars 1848, sans se référer à aucun système ou à aucune tentative antérieure connue de lui, « une association générale de tous les ouvriers travaillant ou non en fabrique de n’importe quel genre d’ouvrage, car, en définitive, les intérêts sont les mêmes, afin d’obtenir de ne travailler qu’un temps raisonnable et être payés convenablement ».
Il offrait sa maison, en des termes qui laissent penser qu’elle lui appartenait, 2, rue de la Chaîne, à Rouen, comme siège social au moins provisoire. Il y accueillerait, avant deux heures de l’après-midi, tous les jours, les premiers adhérents. Il semble qu’il ait eu aussi l’intention de repousser ceux qui lui paraîtraient ne pas offrir toutes garanties de sérieux. À cette élite reviendrait ensuite de recruter uniquement « des ouvriers honnêtes et laborieux ».
Il suggérait de constituer définitivement l’association un dimanche matin, toujours chez lui, et en sa présence, en une sorte d’assemblée générale des prosélytes et de leurs recrues.
La nécessité de l’association générale ouvrière — on pense à Flora Tristan* — était urgente pour Potien. « La loi, disait-il, que doit rendre la Chambre prochaine sur le salaire des travailleurs leur sera d’autant plus favorable, à eux travailleurs, qu’ils seront en force pour obtenir justice. »
Potien concevait donc la force de l’association générale ouvrière comme susceptible d’exercer son poids non seulement dans le domaine privé des salaires professionnels, mais encore et surtout en politique et sur le plan général de la société, où la distinction des professions s’efface devant la notion commune de salariés. C’était sûrement un précurseur. À cause de cela sans doute, il ne fut pas suivi à Rouen. Voir Deschamps Frédéric*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36480, notice POTIEN Joseph ou POTION Joseph , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Arch. Dép. Seine-Maritime, série M non classée, liasse de 121 pièces intitulée Fabriques, Ouvriers.

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