Par Christiane Demeulenaere-Douyère
Né le 22 août 1793 à Cempuis (Oise), mort le 29 avril 1875 à Cempuis (Oise). Marchand de nouveautés. Saint-simonien et philanthrope.
Né dans une famille de cultivateurs picards assez aisée, Gabriel Prévost monta à Paris à la fin de l’Empire pour y mener une belle carrière dans le commerce des nouveautés, fondant et dirigeant, dans divers quartiers de la capitale, des magasins à succursales multiples.
Marié, père de quatre enfants morts en bas âge, il fut très affecté par la disparition de tous ses enfants et par celle de son épouse, morte en couches. Gabriel Prévost devint adepte du saint-simonisme, en 1828, en rencontrant le Père Prosper Enfantin*. Sans jamais occuper une place prééminente dans la hiérarchie, il joua cependant un rôle dans la propagation des idées saint-simoniennes dans le IIIe arrondissement de Paris, dont il partageait la « direction » avec Véturie d’Espagne. En août 1831, il loua 70, rue Popincourt (VIIIe arr., maintenant XIe), une maison assez vaste pour recevoir une quinzaine de ménages ouvriers. Cette expérience de maison d’association ouvrière se solda par un fiasco — « les ouvriers n’étant pas assez moraux pour vivre en grande famille », selon Prévost —, et prit fin dès février 1832.
Au terme d’une carrière professionnelle assez prospère, Gabriel Prévost décida, en 1858, de consacrer sa fortune à fonder un asile dans son village natal de Cempuis. Cet asile, qui recueillait dans un premier temps des vieillards sans ressources et quelques orphelins, devint peu à peu un orphelinat agricole. Prévost tomba bientôt sous l’influence d’Allan Kardec et des spirites, qui envisagèrent un temps de transformer l’établissement en orphelinat spirite.
En 1870, Gabriel Prévost rencontra Ferdinand Buisson* qui l’aida à mieux organiser son institution et à y améliorer l’enseignement donné. Il l’incita aussi, pour en assurer la pérennité, à la léguer au département de la Seine.
Après sa mort en 1875, à l’issue d’une bataille de procédure avec les héritiers naturels de Gabriel Prévost, le conseil général de la Seine accepta ce legs. En 1880, il confia la direction de l’Orphelinat Prévost à Paul Robin*.
Par Christiane Demeulenaere-Douyère
SOURCES : Arch. Dép. Paris (Seine), D. 2X4 4. — Bibl. Arsenal, fonds Enfantin, ms 7815. — Christiane Demeulenaere-Douyère, « Un "patriarche de la bienfaisance » : Joseph Gabriel Prévost (1793-1875) », Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile de France, 112e année, 1986, Paris (1987), p. 229-274.