QUESTON Pierre (aussi QUÊTON)

Par Gérard Boëldieu

Né le 25 floréal an VI (14 mai 1797) à Sainte-Sabine (Sarthe), mort noyé en octobre 1858 à Fillé-Guécelard (Sarthe) ; instituteur dans la Sarthe ; révoqué par le préfet le 9 février 1850.

Pierre Queston naquit dans une famille de petits cultivateurs. Son père signa l’acte de naissance.

En 1819, année de la naissance de sa fille Marie Anne, le 22 mars, Pierre Queston résidait à Saint-Saturnin, commune de 600 à 700 habitants, au nord du Mans. Sa femme était vraisemblablement une cousine car leurs mères portaient le même nom. En 1821, fraîchement muni d’un brevet de capacité du troisième degré (lire, écrire, compter), Queston, auparavant instituteur clandestin, reçut l’autorisation de faire l’école dans sa commune de résidence. L’année suivante il y était signalé « assez bon instituteur ». Dès 1823, plus aucune trace de cette école dans les documents administratifs.

De 1828 à 1840, Queston vécut à Saint-Georges-du-Plain (Commune annexée par la ville du Mans en 1855), à la fois jardinier et marchand. À la fin de 1840, après avoir liquidé ses biens vendus 2 700, 50 F, il se fit recevoir instituteur à Spay (965 habitants en 1841), au sud du Mans (canton de La Suze), localité pourvue d’une école mixte.

Au début de 1848, les autorités locales de Spay, tant civiles que religieuses, se plaignirent de la tenue de Queston auprès de l’inspecteur des écoles Dalimier. Après enquête sur place, le 31 avril 1848 ce dernier décrivit dans son rapport au recteur de l’académie d’Angers un homme violent de caractère, qui s’enivrait fréquemment, qui maltraitait sa femme, donc loin de donner l’exemple. Menacé par l’inspecteur d’être déféré au comité d’arrondissement pour l’Instruction primaire, ce que ne souhaitaient alors ni le maire ni le desservant, Queston promit de tenir compte des conseils de son supérieur. L’année suivante, nouvelles plaintes, nouvelle inspection, nouveau rapport de même teneur, en date du 28 octobre 1849, insistant en outre sur des « résultats presque nuls » au point de vue scolaire.

Le 27 janvier 1850, dans le cadre de l’application de la loi Parieu, votée le 11 janvier précédent, qui plaçait pour six mois les instituteurs sous l’autorité du préfet, l’inspecteur Dalimier recommanda l’éloignement de l’enseignement de Queston, pour « ivrognerie » et parce qu’il avait été « inutilement averti ». Lors de sa séance du 7 février, le comité d’arrondissement prononça la révocation de Queston, sans que celui-ci ait été entendu. Sanction entérinée par un arrêté préfectoral du 9 février qui concerna aussi René François Cornu* et Joseph Surget*. Aux motivations morales, résumées par l’expression « habitudes grossières », furent ajoutés des arguments politiques (« raison égarée en matière politique », « opinion contraire au bon ordre »). Jamais, à notre connaissance, évoqués dans les rapports de l’inspecteur, ces derniers résultèrent-ils de dénonciations de propos tenus par Queston ?

Queston resta à Spay où il reprit son état de jardinier, dans un écart de la commune. Sa femme y mourut le 17 mars 1857, à l’âge de soixante-quatre ans. Le 12 octobre 1858, dans la commune voisine de Fillé-Guécelard, un employé des Ponts-et-Chaussées et un commissionnaire découvrirent Queston noyé dans le canal de Fillé à Roëzé, en aval d’un pont. D’après leur déclaration en mairie, Queston était connu dans les environs de Spay comme marchand ambulant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36676, notice QUESTON Pierre (aussi QUÊTON) par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 17 mai 2018.

Par Gérard Boëldieu

SOURCES : État civil de Sainte-Sabine (aujourd’hui Sainte-Sabine-sur-Longève), de Saint-Saturnin, de Spay, de Fillé-Guécelard (consulté sur le site internet des Archives départementales de la Sarthe). – Arch. dép. de la Sarthe : 1 T 438 (écoles avant 1833) ; 1 T 587 (rapports hebdomadaires des inspecteurs) ; 1 T 176 (application de la loi Parieu, instituteurs sanctionnés). - Service des hypothèques du Mans : registre 148-249. – Le Bonhomme manceau 27 février 1850. — L’Ordre, 24 février 1850.

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