RAGINEL Alfred (Perre, Alfred)

Par Michel Cordillot

Né en 1813, mort en 1860, républicain sous la monarchie de Juillet, puis quarante-huitard actif, Alfred Raginel fut successivement fournisseur de matériel médical, photographe et publiciste.

Fournisseur de matériel médical et d’ostéologie française, préparateur en ostéologie, Raginel déposa, en février 1843, un brevet pour un procédé de peinture des épreuves photographiques.
En 1841, Raginel, et Millot, bijoutiers, furent respectivement condamnés à 2 mois et 15 jours de prison pour détention d’armes, de munitions et d’écrits républicains. Il y a bien identité puisque la Bibliographie catholique le qualifia, dans une présentation du But social, de « … combattant de 1830, de 1832 ; prisonnier de 1834 ; condamné en 1841 ; combattant en 1848 … »
Ancien membre des Saisons, Raginel fut en 1845 à l’origine d’une tentative de fonder une société agricole et industrielle d’inspiration fouriériste. Il donna une brochure, Le Communisme réalisé dans la société agricole et industrielle de la Famille, que publia le Bureau provisoire de la Société. Resté sans suite, ce projet fut remis à l’ordre du jour par les événements de 1848.
Se proclamant « combattant socialiste depuis 1834 », Raginel participa pleinement à la Révolution de 1848. Le 7 mars, Il fut nommé commissaire de la République dans le département de l’Aveyron et arriva à Rodez le 11. Il opta pour le drapeau tricolore mais n’en fut pas moins rapidement destitué de son poste, jugé trop excessif par les conservateurs pour avoir fait graver sur la façade ouest de la cathédrale de Rodez la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité. Il fut remplacé le 21 mars par Galtier-Boissière. Il se présenta aux élections législatives mais fut largement battu.
Au lendemain du 15 mai 1848, Raginel fonda le Club de la Grande famille, qui s’occupait de propagande démocratique et sociale et tenait ses séances à Paris, 16 bis, rue du Vert-Bois (IIIe arr.). Il créa la Société agricole et industrielle de la Grande Famille qui prônait la fondation d’un phalanstère en Île-de-France et fit paraître le 18 juin 1848 un numéro resté sans suite, du But Social. Journal de philosophie positive et des moyens transitoires, dont il était à la fois le gérant et le rédacteur en chef.
Il publia ensuite avec Victor Chipron, Napoléon Lebon et Félix Pyat L’Égalité, moniteur des électeurs qui parut du 1er avril au 31 mai 1849 puis, du 1er octobre 1849 au 31 juillet 1850, sous le titre Égalité, Journal des campagnes. Il rédigea le Vote universel, qui défendait les intérêts des travailleurs des campagnes, et publia un Almanach de l’égalité, pour 1850. Il développa en quatre pages un projet sous le titre Association agricole et industrielle de la Grande Famille, qu’il fit imprimer par la veuve Dondey-Dupré. Il avait déjà tracé des plans de ce type avant 1848 puisqu’il avait fait paraître au moins deux éditions de son ouvrage Le Communisme réalisé dans la société agricole et industrielle de la Famille, la seconde étant datée de 1845.
Raginel fut aussi un propagandiste proudhonien actif puisqu’il cosigna, toujours avec le mécanicien et ancien fouriériste Victor Chipron, une Explication détaillée de la Banque du peuple, brochure de 24 pages, publiée sous la bannière du Bureau de la propagande démocratique et sociale et soutenant la tentative de Proudhon de lancer sa Banque du peuple. Ce texte connut au moins trois éditions, toutes datées de 1849. En avril, il cosigna Mutualité des travailleurs, continuation de la banque du peuple qui rassemblait des « propositions soumises aux associations ouvrières ainsi qu’aux adhérents et aux actionnaires de la Société P.-J. Proudhon et Cie en liquidation ».
En 1850, il signa Vive la République démocratique ; à la santé du peuple souverain et du vote universel, qui fut diffusé par le journal L’Égalité. Il dut alors s’exiler. Fin mai 1850, signalant son arrivée en Belgique, le préfet de police le considérait comme « un des agents les plus actifs de la propagande socialiste ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36744, notice RAGINEL Alfred (Perre, Alfred) par Michel Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 octobre 2021.

Par Michel Cordillot

ŒUVRES : Principes et statuts de la future société agricole de la Grande Famille, avec le plan de son établissement. Paris, au bureau provisoire de la société, Rue du Vert-Bois, 16bis, à Paris et chez les principaux libraires, 1845. 24 p. et un plan replié.Pourquoi avons-nous la République et la misère ? Paris, bureau de la Propagande démocratique et sociale, mars 1849, in-folio, 2 p. — (avec V. Chipron), Explication détaillée de la Banque du Peuple, Paris, au bureau de la Propagande démocratique et sociale, 1849, 23 p. in-12.

SOURCE : Lucas, Les Clubs et les clubistes, op. cit. — Rémy Gossez, « La presse parisienne à destination des ouvriers (1848-1851) », Jacques Godechot éd., La Presse ouvrière, 1819-1850, Paris, bibl. de la Révolution de 1848, 1966, p. — 180. — Gazette des tribunaux, 25 mars 1841, page de titre. – Bibliographie catholique. Revue des ouvrages de religion …, 9e année, 1849, p. 495. – Notes de François Gaudin.

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