Par Gilles Morin, Claude Pennetier, Nadia Ténine-Michel
Né le 19 octobre 1910 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), mort le 18 janvier 1996 à Villeneuve-Saint-Georges ; chef de bureau à la SNCF ; militant socialiste SFIO puis socialiste indépendant ; maire de Villeneuve-Saint-Georges (1957-1977, 1983-1989), conseiller général de Seine-et-Oise (1964-1967, 1985-1993).
Issu d’une famille militante (son père, François Faïsse, cheminot socialiste, fut élu administrateur de la Maison du peuple, puis élu conseiller municipal de Villeneuve-Saint-Georges en 1919 ; sa mère Blanche Louise Veyriol, était sans profession), Marius Faïsse adhéra aux Jeunesses socialistes en 1928 et à la SFIO en 1933.
Après sa scolarité primaire, il fit ses études à l’école spéciale des travaux publics et entra aux Chemins de fer PLM (Paris – Lyon – Marseille) comme dessinateur. En 1964, il était devenu sous-chef de bureau principal, puis chef de bureau en 1967 à la direction régionale de la SNCF (réseau sud-est). Il prit sa retraite en 1970. Il s’était marié en 1933 à Villeneuve-Saint-Georges, et était père de deux enfants.
Marius Faïsse devint secrétaire de la section de Villeneuve-Saint-Georges en 1936. Mobilisé en 1939 au quinzième Génie et fait prisonnier, il s’évada en décembre 1943 et rejoignit le réseau Libération nord. Il reçut la médaille des évadés.
En 1945, Marius Faïsse restait secrétaire de la section et appartenait à la commission exécutive fédérale de la SFIO de Seine-et-Oise. Il occupa longtemps ce poste, soit comme suppléant en 1955, soit comme titulaire en 1956 et 1961 par exemple. Il s’imposa comme le leader le plus efficace pour combattre l’influence du Parti communiste dans la région de Villeneuve-Saint-Georges. Après avoir été socialiste sous la direction de Henri Leduc* de 1919 à 1935, la mairie avait été conquise par le communiste Henri Janin* en 1945. Sa mort en juin 1946 créa un vide.
Candidat aux élections municipales en 1945 et 1947, Marius Faïsse fut élu conseiller municipal en 1953 avec René Bidault* et devint maire de Villeneuve-Saint-Georges en mai 1957 après annulation par le Conseil d’État des élections municipales de 1953, les communistes ayant été accusés d’un excès de propagande. Lors de l’élection du maire, il obtint 14 voix contre 13 à son prédécesseur communiste Vermot-Desroches*. Marius Faïsse fut réélu maire en 1959 et 1965 à la tête d’une liste comprenant dès le premier tour des MRP, UNR et modérés. Il favorisa les jumelages de la ville avec des municipalités allemandes et anglaises. Sur le plan national, il fut attaché au cabinet de Pierre Métayer, secrétaire d’État aux Forces armées dans le gouvernement Bourgès-Maunoury, en 1957 et 1958.
Candidat aux élections cantonales de 1955 et 1961 dans le canton de Villeneuve-Saint-Georges, Marius Faïsse se maintint au second tour contre le communiste et les gaullistes qui furent élus. Dans sa profession de foi de 1961, il se targuait d’avoir éliminé les communistes de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, « bastion bolchevik qui rayonnait sur toutes les communes du canton ». Il avait déposé sa candidature comme socialiste indépendant aux élections législatives de 1962, alors que la SFIO s’effaçait derrière le cartel des non, ne présentant que quatre candidats en Seine-et-Oise. Mais il ne versa pas le cautionnement et sa candidature ne fut pas enregistrée.
Marius Faïsse fut élu conseiller général de Seine-et-Oise en 1964. Il était directeur fondateur du journal socialiste Banlieue sud-est (après L’Égalité disparue) et présidait le syndicat intercommunal pour l’équipement hospitalier du sud-est de la Seine-et-Oise. La tonalité anticommuniste de sa campagne frappe d’autant plus qu’il était le seul candidat socialiste de Seine-et-Oise à ne pas condamner le pouvoir en place et à refuser l’alliance de deuxième tour avec le PCF. Il perdit son mandat de conseiller général en septembre 1967, après l’éclatement du département de la Seine-et-Oise et ne fut pas réélu dans le nouveau canton du Val-de-Marne. Devancé par la Parti communiste au premier tour (45,3 %), il refusa d’appliquer les accords réciproques entre la FGDS et le PCF, au profit de Julien Duranton. Il fut exclu de la FGDS.
Marius Faïsse, qui appartenait à l’exécutif départemental de la FGDS, avait peu auparavant présenté par ce parti aux législatives de mars 1967 dans la huitième circonscription du Val-de-Marne. Son influence locale reposait sur les activités culturelles de sa municipalité et sur sa qualité d’ancien cheminot dans une ville où les travailleurs du rail étaient très nombreux. À l’intérieur de son parti, il aurait été, selon les Renseignements généraux, considéré comme un homme de droite à cause de son anticommunisme. Il était cepdendant membre du bureau fédéral du Val-de-Marne.
Exclu du Parti socialiste en 1971, Marius Faïsse fut réélu maire comme socialiste dissident avec le concours de l’UDR et du PDS. Battu en 1977 par la liste d’Union de la gauche conduite par le communiste Roger Gaudon, il regagna la mairie en novembre 1983 après l’annulation pour fraude des élections de mars 1983. Marius Faïsse fut définitivement battu aux élections municipales de 1989. Il avait été encore élu conseiller général du Val-de-Marne en 1985, contre un communiste. Il conserva ce mandat jusqu’en 1993.
En 1988, Marius Faïsse fut nommé administrateur de la SNCF en tant qu’ancien cheminot et maire d’une ville profondément marqué par l’activité ferroviaire.
Le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges lui décerna, le 7 novembre 1995, la médaille d’or de la ville pour services rendus au cours de ses vingt-six ans de mandat de maire. Le conservatoire municipal porte son nom. Il était chevalier de l’ordre national du mérite.
Son fils Michel, médecin, fut conseiller municipal de Villeneuve-Saint-Georges.
Par Gilles Morin, Claude Pennetier, Nadia Ténine-Michel
SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Oise et Yvelines : 1 W 371, 978, 1007, 1013, 1016, 1019, 1025 ; 1 W 1048, 1094, 1128 ; 1104 W 36, 70, 72, 88, 89 ; 1201 W 39. — Arch. Dép. Val-de-Marne, 1711 W 1 ; 1006 W 39 ; 130 J, archives de la Fédération communiste du Val-de-Marne. — Arch. Com. de Villeneuve-Saint-Georges et renseignements fournis par la mairie. — Arch. OURS, dossier Val de Marne. — Arch. Nat., F/1cII/316. — Bulletin fédéral SFIO de Seine-et-Oise, mai 1955 et octobre 1956. — Villeneuve Infos, janvier 1996. — Notes d’Emmanuel Hagen et de Pierre Vincent. — G. Blanc-Césan, Les maires du Val-de-Marne, 1988. —État civil.