RETOURET Moïse

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

Né le 28 octobre 1810 à Limoges (Haute-Vienne). Mort en mai 1834 à Alger. Propagandiste saint-simonien.

Apparenté aux familles les plus connues de la bourgeoisie limougeaude, les Guibert, les Depéret, il était le fils d’un épicier de la rue des Combes, homme sévère qui suivit de près ses études au collège royal de Limoges. Moïse Retouret, d’origine juive, était baptisé. Dès qu’il put s’évader du milieu familial, il partit pour Paris et rejoignit les saint-simoniens, parmi lesquels se trouvait son compatriote Michel Chevalier. Malgré son jeune âge, il fut un des prédicateurs parisiens de la religion saint-simonienne. Trois de ses prédications et deux allocutions furent insérées dans le recueil de Prédications établi par Émile Barrault sur l’ordre d’Prosper Enfantin. C’est lui qui, d’après les notes et sous le contrôle du « Père », mit par écrit le texte des deux très importantes « réunions de la Famille » tenues par ce dernier pour expliquer la scission de novembre 1831.
Dans la retraite de Ménilmontant, Moïse Retouret avait pour tâche domestique de laver la vaisselle. Lors du procès du 27 août 1832, devant la cour d’assises de la Seine, à la demande d’Enfantin, et imité par trente-cinq autres témoins saint-simoniens, il refusa de prêter serment.
Après le procès, il fut de ceux qui parcoururent la France pour propager la doctrine. Il vint à Limoges en 1833 continuer l’œuvre de ses amis Bouffard et Charles Lemonnier, qui y avaient créé une école au mois d’avril 1831. Il défendit devant le tribunal un autre de ses amis, Théodore Bac, poursuivi pour avoir manifesté contre le préfet Scipion Mourgues, en juillet 1833. Il fit encore une tournée de propagande dans le Midi, passa trois mois à Marseille, se rendit à Toulon, Narbonne, Perpignan, et de nouveau à Narbonne, où il déclara au sous-préfet : « Non seulement je veux renverser le gouvernement actuel, mais bouleverser la société pour avoir la gloire de la régénérer. » Conduit devant le préfet de l’Aude, à Carcassonne, il lui aurait dit : « Je suis un des apôtres de la foi nouvelle qui délivre la femme du commandement de l’homme et le prolétaire de l’oisiveté du bourgeois. »
Puis il gagna Castelnaudary et Toulouse. Parti à Alger fin 1833, avec Charles Goulet*, pour prêcher et convertir les Arabes, Retouret y mourut en mai 1834 d’une médication excessive prescrite contre une maladie de peau contractée sur place. Le futur général Lamoricière, alors lié avec les premiers saint-simoniens installés en Algérie, bien avant la mission d’Enfantin, fit graver sur sa tombe une inscription conforme à la doctrine.
À Thomas Urbain, qui deviendra Ismaïl Urbain et que la disparition de Retouret plongeait dans l’affliction, Enfantin, qui, avec d’autres, ira plus tard se recueillir sur sa tombe, écrira du Caire le 14 septembre 1834 ces phrases à peine surprenantes, quand on connaît son style : « ... Moïse, à la chair blanche et rosée, est mort. Puisque tu l’aimais, reporte un peu de ton amour chaud sur la chair blanche et rosée qui doit affranchir le Noir ; car c’est elle qui est maîtresse aujourd’hui ; c’est elle qu’il faut implorer et convaincre... » Voir pour le saint-simonisme en Haute-Vienne : Bac Th., Chevalier Auguste, Chevalier Michel, Stéphane Flachat, Garnichou, Dr Laforgue-Desmangles, Mathivet François, Rives, Talabot Edmond, Talabot Paulin, Talabot Pierre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36951, notice RETOURET Moïse par Notice revue et complétée par Ph. Régnier , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 juin 2022.

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

SOURCES : Bibl. Arsenal, Fonds Enfantin, en part. mss. 7 678/7 et 7 788/50. — Commandant Cousot, " Le Saint Simonisme à l’Académie du Var en 1831-1834 », p. 66. — Jules-L. Puech, Les Saint-Simoniens dans l’Aude, Carcassonne, s. d. — Sébastien Charléty, Histoire du saint-simonisme, 2e éd., Paris, 1931, p. 243, n. 2. — Marcel Emerit, Les Saint-Simoniens en Algérie, Paris, 1941.

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