REY-DUSSEUIL Marius

Par Notice revue et complétée par T. Bouchet

Né le 12 août 1800 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 3 mai 1850. Homme de lettres de sensibilité républicaine.

Rey-Dusseuil fonda à Marseille, avec Méry, un journal d’opposition en 1821. Esprit curieux, il publia en outre à partir de 1826 de nombreux ouvrages romanesques dont l’arrière-plan était historique.
Il s’installa à Paris et collabora pendant les premières années de la monarchie de Juillet à plusieurs journaux d’opposition (le Corsaire, la Révolution, la Tribune) ; il est probable qu’il faisait alors partie de la Société des Amis du Peuple. Sans avoir apparemment combattu aux barricades Saint-Merry les 5 et 6 juin 1832, il publia dans les derniers mois de l’année un roman bien informé, très attachant, d’esprit robespierriste, intitulé Le Cloître Saint-Merry. « Un jour viendra, concluait-il, où ce champ de bataille sera visité comme un saint monument, où vos noms se transmettront de bouche en bouche à la mémoire la plus reculée ; car aux jeunes hommes appartient l’avenir, et votre dévouement en a hâté la venue ! » Il joignit à son texte des « documents historiques » d’un grand intérêt : un texte distribué dans les rues par la police au lendemain de l’insurrection ; la relation d’un témoin oculaire ; une lettre du 5 août 1832, anonyme mais où l’on reconnaît l’aventure de Jeanne. La fiction romanesque avait donc été pour lui l’occasion double d’un manifeste politique et d’une description de l’insurrection.
Les autorités ne s’y trompèrent pas. Rey-Dusseuil fut poursuivi, puis acquitté le 20 février 1833, mais ce jugement ne sauva pas son livre : Le Cloître Saint-Merry fut condamné à la lacération, par un arrêt de la cour d’assises de la Seine (28 février 1833), pour « provocation non suivie d’effet aux crimes de rebellion et de meurtre ». Dupont, l’éditeur, fut quant à lui mis hors de cause.
Le volume ne subsiste plus que comme rareté bibliographique et bibliophilique. Rey-Dusseuil avait eu heureusement un lecteur très attentif, son cadet Victor-Marie comte Hugo, qui s’en est beaucoup inspiré dans ses Misérables pour raconter les funérailles du général Lamarque et leurs conséquences révolutionnaires. Hugo a surtout puisé dans le livre de Rey-Dusseuil le personnage mythique de Gavroche, gamin de Paris mourant sur les barricades.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36988, notice REY-DUSSEUIL Marius par Notice revue et complétée par T. Bouchet , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Notice revue et complétée par T. Bouchet

ŒUVRES : Résumé de l’histoire d’Égypte, depuis les temps fabuleux jusqu’à nos jours, Paris, Lecointe, 1826. — La Confrérie du Saint-Esprit, chronique marseillaise, Paris, Gosselin, 1829, 5 vol. — Les Trois amis, histoire du temps présent, Paris, Denain, 1831. — Le Cloître Saint-Merry, Paris, Dupont, 1832, (6), 404, (2) p.

SOURCES : Moniteur universel, 7 avril 1833. — J.-M. Quérard, La France littéraire, Paris, Didot, 1835 (t. VII). — Quérard, Louandre, Bouquelot, La littérature française contemporaine, 1857 (t. VI). — F. Drujon, Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprimés ou condamnés depuis le 21 octobre 1814, jusqu’au 31 juillet 1877, Paris, Rouveyre, 1879, XXXVII-430 p. —Léonce Grasilier, « Le Cloître Saint-Merry », La Cité, revue historique du IVe arrondissement, d’avril 1916. — Catalogue Le Bret-Espagnon, n° 40 (1995), p. 27-28. — Notes de M. Cordillot.

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