RICHARDET Victor

Né à Salins (Jura), le 5 novembre 1810, il y était agent voyer sous la monarchie de Juillet. Journaliste à Salins. Démocrate radical en 1848. Bon orateur. Représentant du Jura en 1849.

Le 28 février 1848, accompagné de « Délégués du peuple », terme qui rappelle le 24 Février parisien, Richardet entra, dans le courant de l’après-midi, à l’Hôtel de Ville où était réuni le conseil municipal orléaniste, pour lui adresser des sommations verbales, ce qui n’eut pas lieu sans beaucoup de tumulte, puis une sommation écrite ainsi conçue : « Le peuple demande que par une proclamation, il soit réuni à cinq ou six heures du soir pour délibérer sur son autorité municipale. » Demande repoussée et le refus s’accompagna d’une mobilisation par le maire des gardes nationaux. Voir les « Délégués du Peuple » : Broye Jules*, Ferroux Étienne*, Gabet Albert*, Guignet Aimé*, Maubert Henry*
Initiateur, à la fin de mars et au début d’avril, d’un mouvement populaire contre la hausse des prix et les spéculateurs, qui entraîna des poursuites devant le tribunal d’Arbois, il envisagea une marche des démocrates de Salins sur cette ville, afin de délivrer les prévenus ou les condamnés.
Élu conseiller municipal de Salins, le 2 mai, Richardet devint second adjoint au maire le 27.
Animateur du club du Théâtre, il était accusé par les conservateurs de prêcher « la haine contre les riches, contre les bourgeois, contre les capitalistes », d’annoncer « aux ouvriers et aux prolétaires un siècle de bonheur et de prospérité » (Volume du Centenaire..., p. 201).
Il fut gérant de La Démocratie salinoise, dont le premier numéro parut le 11 juin, et dont le numéro 2 (18 juin) publiait une résolution votée par les huit cents membres du club du Théâtre présents à la séance du 4 juin et qui fixait un programme en quatre points : « 1° alliance de tous les peuples pour sauver l’Italie du despotisme autrichien ; 2° loi spéciale pour la formation d’un club par chef-lieu de canton ; 3° adresse républicaine pour A. Ledru-Rollin et L. Blanc ; 4° amnistie pour les détenus politiques ».
Richardet prit la direction effective de La Démocratie salinoise en octobre, quand il dut se résoudre à verser un cautionnement de 1 800 F La feuille lui était indispensable pour la lutte acharnée qu’il menait contre la réaction politique, et qui faisait de Salins une oasis de résistance républicaine dans le Jura même. Privé de son journal, Le Républicain du Jura, Antoine Sommier, de Dole, y collabora. Le 3 novembre 1848, tous les conseillers municipaux de Salins, sauf deux, signaient leur adhésion à la Solidarité républicaine de Charles Delescluze* et Martin-Bernard*.
Pour faire cesser ce scandale, à ses yeux, et décapiter du même coup l’opposition démocratique de Salins, l’administration préfectorale révoqua Richardet des fonctions d’agent voyer qu’il exerçait de nouveau depuis quelques mois. Le conseil municipal, à l’exception du maire, pourtant adhérent de la Solidarité républicaine et des deux conseillers qui avaient refusé leur adhésion, protesta contre cette révocation (7 décembre 1848).
Richardet fut élu, le 13 mai 1849, septième sur sept des représentants du Jura à la Législative, par 39 905 voix, sur 71 295 votants et 90 110 inscrits. Montagnard, il vota contre l’expédition de Rome, contre la loi Falloux, contre la loi restrictive du suffrage universel. Arrêté après le coup d’État de 1851, il fut envoyé sur les pontons. Il était désigné pour être transporté en Afrique, quand il fut expulsé de France.
Sa trace se perd dans l’émigration. Voir Babey Jean*, Broye Adrien*, Broye Jules*, Buchon Joseph.*, Ferroux Étienne*, Gabet Albert*, Guignet Aimé*, Maubert Henry*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37040, notice RICHARDET Victor , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : A. Desaunais, « La Révolution de 1848 dans le département du Jura (24 février-10 décembre 1848) », dans le Volume du Centenaire de la Révolution de 1848 dans le Jura, publié par la Société d’émulation du Jura, Lons-le-Saunier, 1948, pp. 49-359. — E. Préclin, « La révolution de 1848 en Franche-Comté », Études d’Histoire moderne et contemporaine, t. II, 1948. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.

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