ROCHE Achille

Par Notice revue et complétée par J.-J. Goblot et J. Risacher

Né en mars 1801 à Paris, mort à Moulins le 14 janvier 1834. Homme de lettres, publiciste et journaliste. Républicain avec des tendances saint-simoniennes et néobabouvistes.

Achille Roche fut d’abord secrétaire de Benjamin Constant, puis membre de la Charbonnerie et il publia des romans à caractère politique dont, en 1823, Une Destinée avec J. L. Jainier (Louis Beaufils), en 4 vol. En 1825, il publia deux ouvrages sur la révolution française, Albert Renaud, histoire du XVIIIe siècle , « Mémoires inédits sur la Révolution française », en 4 volumes et Histoire de la Révolution française, plutôt libérale, très anti-terreur, quelque peu en retrait par rapport aux positions de Thiers et Mignet, partageant celles de Mme de Staël et, en 1826, un Résumé de l’Histoire romaine. Se liant d’amitié avec Laurent de l’Ardèche* et Charles Teste*, il annonça la publication par ce dernier d’une nouvelle édition de son Histoire dès 1826, avec des positions totalement différentes, mais elle ne parut jamais.
Sous l’influence de ses amis, puisqu’il semble que ce soit Charles Teste qui conseilla à Francis Levasseur, le fils du conventionnel, de demander à Roche de publier les mémoires de son père, il alla voir celui-ci à Bruxelles en 1928 et il est probable qu’il y rencontra Philippe Buonarroti*. il publia en 1829 les deux premiers volumes des Mémoires du montagnard René Levasseur de la Sarthe, récrivant le texte et rédigeant une introduction dans laquelle il cherche à réhabiliter 93 et la Terreur. On y décèle à la fois l’influence saint-simonienne à travers Laurent et buonarrotienne à travers Teste. Cette publication lui valut un procès : demeurant 34, rue Coquillère (IIIe arr. ancien, maintenant Ier), il fut condamné le 3 mars 1830 à 4 mois de prison pour « outrage à la morale publique et attaque contre la dignité royale et les droits que le roi tient de sa naissance, dans un ouvrage intitulé Mémoires de René Levasseur », peine confirmée en appel le 13 mai 1830, écroué à Sainte-Pélagie, le 24 mai 1830 et transféré le 26 juin 1830 dans la maison de santé du sieur Cartier, faubourg Poissonnière (IIIe arr. ancien, maintenant Xe).
L’historien de la Révolution fut libéré par ses amis révolutionnaires en armes le 28 juillet et participa aux combats. Il était rentré entre temps au Globe où il partageait avec Auguste Blanqui* les fonctions de sténographe aux débats des Chambres. Décoré de Juillet, Achille Roche devint un membre actif de la Société des Amis du Peuple, témoignant au procès des Quinze pour la responsabilité collective de la SAP quant à ses publications, signant la lettre de protestation contre l’arrestation des sociétaires dans leur local le 1er juin, il aurait aussi participé aux émeutes des 5 et 6 juin, etc.... Il créa et dirigea une feuille républicaine Le Mouvement, journal des besoins nouveaux (29 novembre 1831-15 mars 1832), qui donna la parole aux ouvriers des fabriques sur les événements de Lyon. Saisi le 2 février 1832 Le Mouvement fusionnera avec La Tribune où il devint rédacteur. Il collabora à la Revue encyclopédique en juillet-septembre 1832 dans un article « Sur les prétendues doctrines de 1793 » où il louait l’œuvre de la Convention.
En contact étroit avec Buonarroti, Roche animait, entre autres, une association républicaine à Surgères, en Charente-Inférieure, en 1832, qui adhéra à l’Association centrale de la presse, mais pas à la Société des droits de l’Homme. Puis il accepta la décision des républicains de se répartir en province et partit à Moulins dans l’Allier fin 1832 diriger Le Patriote de l’Allier. Il y était lorsqu’inculpé au procès du droit d’association, de la SAP, qui s’ouvrit le 15 décembre, il refusa d’y comparaître, étant à Moulins, mais l’acquittement fut général. Il publia à Moulins chez le libraire Place-Bujon, la même année, le Manuel du Prolétaire (Bibl. Nat., Lb 51/4762), soutenu par l’association pour la liberté de la presse, où il défendait l’idée que le prolétariat avait été, depuis quarante ans, le véritable protagoniste de l’histoire révolutionnaire. En 1834, la Revue Républicaine publiait encore un article d’Achille Roche alors que la plume de l’ardent polémiste lui avait valu, en décembre 1833 ou janvier 1834 un duel dont, même s’il s’en sortit à son honneur, il devait mourir peu après, comme l’annonça en bonne page La Glaneuse de Lyon du 2 février. Il fut pleuré par les ouvriers de Moulins qui ouvrirent une souscription pour sa veuve et ses enfants, laissés sans ressources.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37174, notice ROCHE Achille par Notice revue et complétée par J.-J. Goblot et J. Risacher , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 29 août 2017.

Par Notice revue et complétée par J.-J. Goblot et J. Risacher

ŒUVRES : Mémoires de R. Levasseur (de la Sarthe), ex-conventionnel, réédition, Paris, Messidor, 1989. — Manuel du Prolétaire Moulins, chez Place-Bujon, libraire, 1833, Bibl. Nat., Lb 51/4762.

SOURCES : Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/8 4 n ° 13 285. — A. Galante Garrone, Philippe Buonarroti et les révolutionnaires du XIXe siècle, Paris, Éditions Champ libre, 1975. — J.-Cl. Caron, La société des Amis du Peuple (1830-1833), mémoire de maîtrise, sous la direction de Louis Girard, Paris IV, 1978 — Christine Peyrard, « Achille Roche », Mémoires de R. Levasseur (de la Sarthe), ex-conventionnel, Paris, Messidor, 1989, p. 735-754.

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