ROLAND [textile]

Ouvrier tisserand à Elbeuf (Seine-Inférieure). Instigateur d’une coalition ayant pour objet d’obtenir qu’une prime, sans doute de caractère exceptionnel, fût désormais incorporée au salaire journalier, ce qui équivalait à une demande d’augmentation. Il dirigea par la suite la grève du 19 octobre 1846 dans l’entreprise Victor Gombert, où il travaillait, après le refus du patron de consentir à cette augmentation. Les ouvriers d’autres manufactures de drap imitèrent ceux de la manufacture Victor Gombert. Déjà, à Elbeuf, une grève des tisserands avait eu lieu en mai. Les journées des 22 et 23 mai 1846 avaient été des journées d’émeute, au cours desquelles des sous-officiers de la gendarmerie et des officiers de la garde nationale avaient été blessés. Trente arrestations, pour la plupart suivies de relaxe, avaient été opérées (Gazette des Tribunaux, 25-28 mai et 7 juin). Les grèves d’octobre parurent d’autant plus inquiétantes au Mémorial de Rouen qui écrivit : « Depuis les désordres du mois de mai, la population d’Elbeuf paraît travaillée par un esprit de fermentation qui tient sans cesse en haleine les maîtres et les autorités. Ces semences de troubles ne viennent pas, il faut le reconnaître d’abord, de la population indigène ; mais elles lui sont soufflées par des ouvriers étrangers à la ville, sorte de classe nomade à laquelle on a quelquefois recours, parce qu’il se trouve dans son sein des gens habiles, mais qui malheureusement joignent à leurs talents une profonde démoralisation et un sentiment de désordre qui se fait jour partout où ils sont admis. » Rien ne dit que Roland ne fût pas d’Elbeuf cependant. Il fut condamné, ainsi que Hougère, à un mois de prison. Deux ouvriers furent condamnés à huit jours et un dernier à vingt-quatre heures de prison. Voir Hougère*.