RONFORT Jean

Ouvrier typographe à Metz (Moselle). En 1848, il fut le premier candidat à se présenter sous la double étiquette d’ouvrier et de socialiste. Fondateur et président de l’Union des Travailleurs de Metz.

Il travaillait chez l’imprimeur Toussaint, 28, place d’Austerlitz, à Metz. Il fut candidat à une élection partielle à la Constituante qui eut lieu, en Moselle, le 16 novembre 1848. Il s’agissait de pourvoir au remplacement de Louis-Napoléon Bonaparte qui avait opté pour la Seine et qui, en Moselle, avait été élu en remplacement de Dornès mort victime des Journées de Juin dans les rangs des troupes de l’ordre. Trois candidats se trouvaient en présence : Ronfort « porté par les rouges », Ney de la Moskowa, candidat des bonapartistes et des conservateurs, Rolland, candidat de la préfecture et des républicains modérés. Rolland fut élu par 17 951 voix contre 11 394 à Ney de la Moskowa et 1 039 à Ronfort.
Pour soutenir la candidature « ouvrière » de Ronfort, un « Comité démocratique » s’était constitué dans tout le département. Les ouvriers y dominaient, mais y figuraient aussi quelques bourgeois démocrates avancés comme Dieu, Humbert, Pistor. Un tract lancé par le Comité disait : « Nous défendons la Révolution de Février avec toutes ses conséquences », et ajoutait que Ronfort réclamerait « des associations d’ouvriers... ». Dans sa profession de foi, du 10 novembre 1848, Ronfort affirmait : « Ouvrier et père de famille [...] je soutiendrai toujours la République démocratique [...] toutes les réformes sociales compatibles avec le respect dû à la famille et à la propriété [...] rendues accessibles à tous [...] en favorisant des associations agricoles et industrielles... » Il s’élevait contre « la concurrence inique et immorale » et ajoutait : « Notre propriété, à nous ouvriers, c’est le travail, c’est le droit de vivre en travaillant et non en recevant l’aumône, deux choses bien différentes car l’une ennoblit [...] l’autre, au contraire, humilie [l’homme], le démoralise et finit par lui faire oublier sa dignité et par le rendre insouciant de ses droits de citoyens. » Il réclamait l’instruction gratuite à tous les degrés, et concluait : « Nous croyons que quand l’Assemblée nationale sera composée d’un grand nombre d’ouvriers qui sont la majorité du peuple [...] la représentation du pays sera plus vraie. »
En décembre 1848, Ronfort devint président-fondateur de l’Union des Travailleurs, association ayant pour but de « créer, entre les ouvriers de tous états, une sorte d’assurance mutuelle contre les suites désastreuses du chômage, de la concurrence et des maladies ». Cette association, qui compta jusqu’à 400 membres, se réunit d’abord chez Mirandel, 41, place Saint-Louis, puis chez Metzler, 15, rue du Pontiffroy, et accessoirement à l’Hôtel de Ville. Elle fut interdite le 2 mars 1850 par un arrêté du maire pris à l’instigation du préfet. La société était accusée de se livrer à des activités politiques et d’avoir tenté de distribuer des écrits socialistes ce qui, d’ailleurs, était la stricte vérité. Ronfort fut un des 27 signataires d’une lettre adressée au maire, le 19 avril 1850, pour lui demander de revenir sur sa décision. Cette lettre affirmait que le but de l’association, « tout aussi fraternel que celui d’autres réunions philanthropiques et religieuses de notre ville, était de veiller au soulagement de la misère, au chômage, à la maladie, plaies du prolétariat que l’association égalitaire peut seule détruire. » Voir aussi Nicolas Jaclard *.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37269, notice RONFORT Jean , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 1 T 16, 55 M 7. — Arch. Mun. Metz, 1 K 104 ; 2 I 137. — H. Contamine, Metz et la Moselle de 1814 à 1870, t. I.

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