ROUDIL Louis

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

Né en 1820 à Ruines (Cantal), ouvrier en parapluies à Paris, Membre de la Société des Saisons. Connu pour ses révoltes en milieu carcéral.

Enfant naturel de Françoise Roudil, , il demeurait 28, rue Michel-le-Comte (VIIe arr. ancien, maintenant IIIe), au moment de l’insurrection républicaine du 12 mai 1839. Il y fut arrêté sur place et écroué dès le 14 mai à Sainte-Pélagie, Il comparut devant la Cour des pairs au procès de la première catégorie et fut condamné, le 12 juillet 1839, à cinq ans de détention. Voir Armand Barbès *, Martin Bernard*, Auguste Blanqui* Incarcéré à Doullens dès le 16 juillet 1839, il refusa de participer tout de suite aux manifestations de révolte des détenus, comme la destruction des cloisons qui séparaient les chambres des détenus. Mais au voisinage de Louis Nouguès*, il signa la lettre de protestation des condamnés de mai du 1er octobre 1839 et écrivit au ministre le 18. Mais son exaspération se développa par la suite : le 23, il se barricadait dans sa chambre, répondant qu’il « n’ouvrait pas à la canaille » et menaçant tout le monde avec un tranchet, criant « Voilà pour toi scélérat, avance ou je te l’enfonce dans le cœur ». Tout cela accompagné d’injures. Toujours enfermé à la casemate et fers aux pieds et aux mains, le 16 novembre, le 20, il parvint à « débarricader » la porte le 23 et se déferrer lui-même, avec Alphonse Bézenac* et Noël Martin*. Bien que son départ n’ait été annoncé que le 4 avril 1840, il fut rapidement transféré au Mont-Saint-Michel où il rentrait le 5 décembre 1839. On avait pu lire dans la Gazette des Tribunaux du 1er décembre 1839 que « ce matin » une voiture cellulaire à sept places était partie de Saint-Lazare avec sept femmes pour Clermont, que de là elle irait à Doullens prendre Roudil, Bézenac et Martin pour les conduire au Mont Saint-Michel où se trouvaient déjà Barbès et Martin-Bernard. Au Mont Saint-Michel Roudil fit beaucoup parler de lui, notamment pendant le procès de la deuxième catégorie où, avec Martin, il avait rejoint Guillemin* en perçant le plancher, ou par exemple au cours de nouveaux troubles au début de 1841, toujours avec Bézenac et Martin, ou encore le 18 mars 1842 en se barricadant avec Hubert et mettant le feu à ses meubles, etc. Au Mont, il figurait parmi les partisans de Barbès. Malgré cela, Blanqui ne lui en voulut point. Dans un texte sans doute autobiographique, ce dernier, faisant état des calomnies dont il avait été l’objet après les journées de mai, parle ainsi de lui : « Au Mont Saint-Michel, après la levée du système cellulaire, quand il fut permis aux prisonniers de se promener deux par deux, l’un des détenus, Roudil, jeune homme franc et naïf, en apercevant Blanqui, poussa un cri de surprise. » Qu’est-ce ? lui dit celui-ci, qu’avez-vous ? — Ah mon dieu ! On m’avait fait un tel portrait de vous à la Conciergerie que je vous croyais un monstre, de visage et de cœur ! » Rappelons que Roudil était au Mont depuis le 5 décembre 1839, Blanqui depuis le 5 février 1840 et que les promenades dont il parle se déroulèrent après le 14 janvier 1842. Cela illustre bien la vie particulière des détenus et, malgré les percements de cloisons et autres révoltes, les difficultés de contact entre eux, quand ils ne bénéficiaient pas de conditions particulières. Roudil resta au Mont jusqu’au 11 juillet 1844, sa peine expirée, et fut transféré à Gaillon (Seine-et-Oise).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37321, notice ROUDIL Louis par Notice revue et complétée par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 mars 2018.

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/8 17-9103. — Arch. Dép. Somme Yb15. — Gazette des Tribunaux, juin-juillet 1839. — Cour des pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 726 D 1 N° 8. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993.

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