Par notice complétée par Gauthier Langlois
Né le 15 septembre 1818 à Berneuil (Haute-Vienne), mort le 25 janvier 1862 à Chamboret (Haute-Vienne) ; avoué ; socialiste, opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 réfugié à Jersey puis à Londres.
Il est issu d’une famille de petite aristocratie et de propriétaires. Son grand-père paternel était officier général et portait le titre d’écuyer. Ses parents Jacques Augustin de Roumilhac (1786-1828) et Marie Forgemol (1786-1842) étaient propriétaires à Berneuil. Après des études de droit Mathieu s’était installé comme avocat et avoué à Bellac (Haute-Vienne) où il résidait déjà en 1841.
Opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 il fut arrêté. La commission mixte de la Haute-Vienne le condamna à l’expulsion temporaire sur le motif suivant : « Agent à Bellac du comité central de Limoges. Ancien secrétaire des clubs. Complètement ruiné. S’est occupé exclusivement dans les journées des 3, 4 et 5 à organiser le mouvement. A pris part à toutes les réunions socialistes. S’y est prononcé pour la prise d’armes. A indiqué aux communes que des agents subalternes allaient soulever, Chamboret comme lieu de rendez-vous, d’où l’on devait se diriger sur Limoges ».
Proscrit, il se rendit en Angleterre puis de là à Jersey. Le 21 octobre 1853 il participait à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant dans l’île, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III. Il fit partie des 36 proscrits qui signèrent, le 17 octobre 1855, la protestation rédigé par Victor Hugo contre l’expulsion de Jersey de Charles Ribeyrolles, du colonel Louis Pianciani et de Philippe Thomas. Cette signature lui valu, comme tous les autres, l’expulsion de l’île. Il quitta Jersey le 1er novembre pour se rendre à Londres.
À Londres en décembre 1855, il signait un « avis » des proscrits limousins au sujet des calomnies formulées par le journal La Sentinelle de Glasgow contre Alfred Talandier, avis paru dans L’Homme. Toujours à Londres en janvier 1857, il signait avec Félix Pyat et Charles Ribeyrolles, au nom de la Réunion des Proscrits de Décembre, une lettre en réponse au Siècle, qui, dans un placet à Napoléon III, avait demandé une amnistie en faveur des proscrits de décembre. La Réunion des Proscrits ne veut pas, disait la lettre, « qu’une grâce vienne souiller nos têtes [...] elle ne remettra jamais les crimes [...] La justice n’est pas en Bonaparte, elle est sur lui. »
Roumilhac profita néanmoins de l’amnistie de 1859 pour rentrer en France et s’installa dans le village de Châtain, commune de Chamboret, où il mourut à l’âge de 43 ans, sans profession et sans doute sans ressources.
Par notice complétée par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives de la Haute-Vienne, Acte de naissance, Acte de décès. — Maison de Victor Hugo - Hauteville House à Guernesey, Album Philippe Asplet, fol. 39. — À la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Victor Hugo, « 1853-L’espion Hubert », Oeuvres inédites de Victor Hugo. Choses vues, 1888, p. 291-330. — Victor Hugo, Oeuvres complètes de Victor Hugo. Actes et paroles. 2 publiées par Paul Meurice, puis par Gustave Simon, 1937-1940, p. 123-125. — Rémi Gossez, « La Proscription et les origines de l’Internationale », dans 1848, n° 189, décembre 1951, pp. 103 et sq. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Roumilhac - Joseph Mathieu », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.