ROUX-LAVERGNE Pierre, Célestin

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

Enseignant parisien, puis prêtre ; co-auteur avec Philippe Buchez* d’une histoire parlementaire de la Révolution française ; représentant d’Ille-et-Vilaine en 1848.

Né à Figeac (Lot) le 19 mars 1802, mort dans la même ville le 16 février 1874. Buchézien. Le nom de Lavergne, qui est celui de la mère de P. -C. Roux, a été rajouté tardivement pour éviter de fréquentes confusions avec Pierre Leroux.
Monté à Paris en 1827 et employé comme maître d’études à l’école polymathique de la rue de Clichy, P.-C. Roux-Lavergne, qui avait été initialement destiné à la prêtrise, suivit les cours de Cousin, Guizot et Villemain, mais se reconnaissait surtout pour maîtres Bayle, Condillac et Laromiguière, ainsi que Joseph de Maistre. C’est chez Bayle qu’il aurait puisé sa conviction de l’immatérialité de l’âme, son rejet du matérialisme et du spinozisme, et sa foi en la révélation divine. De Félicité de Lamennais* qui le tenta, il aurait été repoussé par l’exagération du principe d’autorité. Sa rencontre avec Philippe Buchez* est probablement à mettre en rapport avec leur commun passage par la Charbonnerie, où il connut et fréquenta Philippe Buonnaroti*. Intéressé par la version spiritualiste du saint-simonisme et par la philosophie de l’histoire développées par Buchez, Roux, dans les années 1829-1831, participa à sa polémique contre la majorité des saint-simoniens, qui comprenait encore les républicains.
Abandonnant l’enseignement, il collabora à L’Européen de Buchez et entreprit de rédiger avec lui l’Histoire parlementaire de la Révolution française — un ouvrage dont Jean Jaurès* s’inspira pour sa propre histoire de la Révolution et qui, au-delà même des rangs socialistes, contribua à orienter l’histoire sociale française non seulement par la connaissance qu’elle procura de l’éloquence révolutionnaire, mais également par la révélation qu’elle fit du mouvement populaire de la Grande Révolution.
La re-conversion pleine et entière de Roux au catholicisme, en 1837, l’éloigna cependant peu à peu de Buchez, lequel, quoique néo-catholique déclaré, refusait de se soumettre à l’Église et ne partageait pas le thomisme de son collaborateur. Rentré dans la carrière de l’enseignement, Roux fut successivement inspecteur des écoles primaires, puis, après soutenance de sa thèse à Montpellier en 1847, professeur d’histoire et de philosophie à la faculté des lettres de Rennes. Roux fut l’élu en 1848 du département d’Ille-et-Vilaine à l’Assemblée nationale, où il eut d’amicales, mais sévères discussions avec Pierre Leroux* et E. Quinet. L’un des rédacteurs de L’Univers en 1851, Roux édita saint Thomas d’Aquin en 1853-1854. Devenu veuf, il entra dans les ordres, fit ses études ecclésiastiques en 1855, et enseigna quelque temps au séminaire de Nîmes avant de regagner Rennes, où il était chanoine honoraire de la cathédrale. Son fils fut avocat, maire et conseiller général de Lorient.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37437, notice ROUX-LAVERGNE Pierre, Célestin par Notice revue et complétée par Ph. Régnier , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

ŒUVRES : P. C. R... [Pierre-Célestin Roux], Lettre d’un disciple de la science nouvelle aux religionnaires prétendus saint-simoniens de l’Organisateur et du Globe, Paris, 1831, in-8°, 124 p. — Abbé Roux-Lavergne, Un sentier à travers le siècle : les idées et les hommes, lettres à M. et à Mme R. D. C., Rennes, 1869, in-8°, 275 p. — P. C. Roux-Lavergne fut identifié par erreur par le Catalogue des Imprimés de la Bibliothèque nationale, à la suite de Barbier, comme un certain « Prosper-Charles Roux », qui semble n’avoir jamais existé.

SOURCES : François-André Isambert, Politique, religion et science de l’homme chez Philippe Buchez (1796-1865), thèse, Paris, 1967, p. 39, 59 et Annexe II ; Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1893.

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