ROYER Joseph [ROYER Jean, Charles, Anatole, dit Joseph]

Par Notice revue et complétée par M. Sibalis

Né le 31 mars 1808 à Vitrey-sur-Mance (Haute-Saône). Ouvrier ébéniste à Paris. Animateur de mouvements revendicatifs ouvriers et de coalitions. Membre de diverses sociétés, républicaine ou secrètes. Militant réputé à tendance communiste.

Fils de menuisier, marié et demeurant 4, place du Marché-au-Vieux-Linge (VIe arr. ancien, maintenant environs du Carreau du Temple IIIe), au début des années 1830, Royer fut membre de l’Association Libre pour l’Éducation du Peuple puis de la Société des droits de l’Homme, dont il était commissaire d’arrondissement. Arrêté en août 1833, il fut écroué à la prison de Sainte-Pélagie le 24 août pour « provocation à des crimes et délits », mais libéré par non-lieu le 19 octobre 1833.
Royer présida l’assemblée générale des ouvriers ébénistes, à la barrière des Amandiers, le 25 novembre 1833, à l’époque d’une vague de grèves à Paris. Il y prononça un discours dont Le Populaire fit l’éloge.
Royer fut arrêté de nouveau, le 8 décembre 1833, lors d’une réunion de la Commission de Propagande de la SDH chez Napoléon Lebon* et Jean-Jacques Vignerte*, au 27, rue Saint-Jean-de Beauvais (XIIe arr. ancien, maintenant Ve). Les présents sont accusés d’avoir encouragé et préparé les grèves de l’automne 1833 dans un but politique. Il fut écroué à La Force, le 10 décembre, puis à Sainte-Pélagie, le 20 janvier 1834. Le procès n’eut lieu que du 26 au 28 avril. Royer fut condamné à deux mois de prison. Le 24 mars, pendant qu’il était en prison, la police chercha des armes et munitions chez lui, sans rien trouver. Il ne fut libéré que le 26 juin 1834.
Inculpé également au cours de l’instruction sur les journées insurrectionnelles d’avril, il bénéficia d’un non-lieu de la Cour des pairs. Après la dispersion de la SDH, Royer fut actif dans les sociétés secrètes mises en place par Auguste Blanqui* et quelques autres. En décembre 1841, un autre conspirateur le décrit comme étant « un chef très communiste, très fanatique ». Dans les années 1840, il s’établit comme marchand de meubles, mais son commerce ne prospérant pas, il sera harcelé par ses créanciers en 1848. Il s’occupait aussi de vernissage d’estampes
En 1848, veuf, avec un enfant, Royer habitait au 11, rue Basse des Ursins (IXe arr. ancien, maintenant IVe). Lors des événements de février 1848, il était grenadier de la Garde Nationale de Paris depuis sept ou huit ans. Royer demanda une récompense nationale du nouveau gouvernement républicain pour sa détention en 1833-1834. Il assura pendant six semaines la garde de l’Hôtel de Ville avec les délégués du peuple.
Membre du club de la Révolution, il participait, le 23 juin, à une délégation de détenus politiques désignés pour connaître les intentions du gouvernement sur l’utilisation des crédits votés par l’Assemblée pour les anciens détenus, puis, au lieu de prendre les armes avec la garde nationale, il chercha à rejoindre son ami Adrien Recurt* et, tout au début de l’après-midi, tenta d’intervenir en conciliateur sur une barricade en construction au débouché de la rue Planche-Mibray sur les quais, puis franchit deux barricades, rue Saint-Éloi et rue de la Calandre, au moment où le combat s’engageait rue Saint-Jacques. Les 24, 25 et 26 juin, il circula plus ou moins dans les quartiers insurgés, toujours, semble-t-il, dans une intention conciliatrice. Il fut cependant prévenu d’avoir participé à l’insurrection de juin 1848 et la police l’arrêta chez lui, le 26 juin. Une perquisition fit découvrir chez lui une livre de poudre. Ses amis républicains intervinrent. Selon le député montagnard Félix Mathé* : « Le citoyen Royer est connu de tous les républicains de Paris depuis 15 ans, comme l’un des caractères les plus sages, les plus honnêtes qui se soient produits parmi eux [...] Je ne puis croire [...] qu’il ait pu prendre aucune part aux événements [de juin]. "
Apparemment relâché, il est de nouveau arrêté en juillet. Il continuait à nier sa participation à l’insurrection, mais on croyait que « Ses opinions connues ont seulement donné à penser dans le quartier qu’il n’avait pas dû y demeurer étranger. » En novembre 1849 il est détenu à Belle-Isle-en-Mer, mais est gracié le 15 décembre 1849 sur la recommandation de ses anciens codétenus Félix Mathé*, Jean-Jacques Vignerte* et Recurt, ainsi que de Philippe Buchez*, Joseph Guinard* et Carlier (alors préfet de police)..

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37455, notice ROYER Joseph [ROYER Jean, Charles, Anatole, dit Joseph] par Notice revue et complétée par M. Sibalis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Notice revue et complétée par M. Sibalis

SOURCES : Arch. Nat., CC 585, liasse 1, pièce 53 « Liste des commissaires d’arrondissement de la Société des droits de l’Homme saisie le 21 Xbre chez Marc Dufraisse » ; CC 598, liasse 1, dossier 35 (Royer) ; CC 616, registre de la « Loterie patriotique » (en fait, une liste des membres de la Société des droits de l’Homme) ; CC 617, 3eliasse, P. 36, lettre manuscrite de Royer à La Tribune, 30 novembre 1833 ; CC 728, « Listes de noms et adresses par ordre alphabétique faisant partie des papiers saisis chez le Sieur Garnier comme appartenant au Sieur Blanqui » ; CC 783, N° 27, interrogatoire de Colombier, 24 décembre 1841 ; F/15 3884, Commission des récompenses nationales, Comité d’enquête, Détenus politiques de 1830 à 1848 ; F/7 2585 (inculpés de juin 1848), P. 10 276 (Royer). — Arch. Min. Guerre, A 792. — Arch. Dép. Haute-Saône, 3 E 572/10, déclaration de naissance, 31 mars 1808. — Gazette des Tribunaux, 30 avril 1834. — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/8 7 n° 937, DY/4 19-3234, DY/8 7-543, DY/8 7-1048. — « Arrestation de la Rue Saint-Jean-de-Beauvais », La Tribune, 12 décembre 1833. — Gazette des tribunaux, 26-30 avril 1834. — Le Populaire, 8 décembre 1833. — Note de J. Risacher.

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