SAGE Jean

Par Notice revue et complétée par Gilbert Beaubatie

Né le 23 mai 1807 à Tulle (Corrèze), mort le 14 avril 1876 à Tulle ; avocat et journaliste, puis magistrat ; représentant de la Corrèze en 1849, proche de la Montagne, rallié à Thiers, puis à l’Ordre moral à la fin de sa vie.

Son père, Antoine, était huissier public. Sage fit partie du comité de l’« Association corrézienne pour la Presse libérale », fondée le 16 décembre 1832. Il apparaissait, sous la monarchie de Juillet, comme un républicain assez démocrate, peut-être même socialisant, mais surtout très hostile aux congrégations, très anticlérical. Il joua un rôle utile comme adjoint au maire de Tulle pendant la disette de 1847, se montrant soucieux du ravitaillement populaire et préoccupé d’enrayer la hausse des prix.
Le 27 février 1848, il haranguait la foule sur une place de Tulle pour une des premières plantations en France d’arbre de la Liberté. Il ne fut toutefois pas élu le 23 avril à la Constituante ; il obtint 14 742 voix et se trouva à la 11e place.
Candidat à la législative, après son discours pour l’anniversaire de la révolution, en février 1849, le 18 avril 1849, il s’est adressé ainsi aux électeurs de la Corrèze : « Le communisme n’est ni moins insensé ni moins stupide. Ou trappiste ou frère Morave, pour les petites agrégations de travailleurs, on conçoit la propriété collective. Appliquée sur une échelle plus vaste, elle ne viserait à l’harmonie universelle que pour aboutir à l’immoralité. Le communisme est antipathique à une société qui tient, depuis 89, le morcellement de la propriété comme l’un des éléments de son indépendance.
Abolir la propriété ! Mais ce serait abolir le mobile du travail humain : que substituer à ce mobile ? — mais ce serait abolir la récompense du travail : que substituer à cette récompense ? — mais ce serait abolir l’idéal de la transmission héréditaire : que substituer à cet idéal ?
Et pourtant ! il est des citoyens, en grand nombre, qui longtemps méconnus des institutions et des lois, vivent en parias au sein d’une société que leur détresse accuse, courbés sous le fardeau des inégalités et des misères, des citoyens dont l’existence flétrie se ranimerait au premier rayon, qui payeraient leur rachat en amour, en sacrifices, en dévouement ! Consolidons, immobilisons la propriété sur ses bases immuables ; en même temps occupons-nous de ces classes malheureuses, non pour les flatter et les corrompre en les flattant ; mais pour leur rendre la propriété possible, et les moraliser en les éclairant... »
Le 13 mai, il fut élu ; arrivé en tête avec 37 716 voix...
Il aida, comme Pierre Madesclaire* et Auguste Penières*, la Montagne dans la crise du 13 juin, fit acquitter, le 11 septembre, devant les assises de la Corrèze, François Ballet* et Wassonval* poursuivis comme démocrates pour « cris séditieux », vota contre la loi Falloux et contre la loi du 31 mai 1850 restrictive du suffrage universel.
Il soutint son collègue de la Corrèze Pierre Bourzat*, plus franchement agrégé à la Montagne, quand celui-ci affirma que la proposition de révision constitutionnelle faite par les conseils généraux était illégale, parce que les conseils généraux étaient incompétents en matière politique.
Sage assista aux réunions de la gauche le 2 décembre 1851, et ne tenta plus qu’en 1857, sans aucun succès, de se faire réélire comme candidat « indépendant ».
Son nom apparaît sur la liste des suspects, établie le 17 février 1858, avec les renseignements suivants : « Homme timide mis en avant par le parti rouge à cause d’une certaine influence sur les masses, s’est laissé porté candidat aux dernières élections bien qu’il ne le désirait. A toujours peur et est effrayé des moindres mesures de police qui sont prises »
Marié à Catherine Julie Orliaguet, domicilié à Tulle, quai du Collège, il était juge au tribunal civil de Tulle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37505, notice SAGE Jean par Notice revue et complétée par Gilbert Beaubatie , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Notice revue et complétée par Gilbert Beaubatie

SOURCES : Arch. Dép. Corrèze, série E ; série M ; série T. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — Capitaine J. Breillout, La Révolution de 1848 en Corrèze, 1924.

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